Publié le 3 Dec 2020 - 13:51
EVALUATION DE L’ACTE 3 DE LA DECENTRALISATION

La leçon de Talla Sylla  

 

Le Haut conseil des collectivités a tenu, hier, un panel portant sur la coopération décentralisée des collectivités territoriales, avec des représentants de l’Agence de développement communal de la mairie de Saint-Louis, de la direction de la Coopération de la mairie de Dakar et de celle de Thiès.  L’édile Talla Sylla y a fait une communication remarquée.

 

Le maire de Thiès n’est pas encore satisfait des politiques mises en œuvre pour l’évaluation de l’Acte3 de la décentralisation. Pour Talla Sylla, il faut encore aller plus loin. Il reste ainsi convaincu que le Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT) peut jouer sa partition. Le maire de Thiès a, en effet, profité d’un panel organisé hier par le HCCT sur la coopération décentralisée des collectivités territoriale pour étaler les difficultés que traversent sa ville et celles liées à l’Acte3 de la décentralisation. Talla Sylla rappelle qu’il n’y a plus de communes d’arrondissement avec cette réforme. Or, dit-il, d’après l’article 167 du code général des collectivités territoriales, une ville peut être instituée par décret pour mutualiser les compétences de plusieurs communes qui présentent une homogénéité territoriale, ce qui suppose ainsi l’existence préalable de ces communes.

‘’Vous ne pouvez pas trouver une ville comme celle de Thiès, qui est subdivisée en trois communes et puis qu’on nous parle de mutualisation, cela n’a pas de sens’’, laisse-t-il entendre. Pour Talla Sylla, la solution est la suppression des villes. Il pense à cet effet que la réflexion doit aller au -delà des personnes et des égaux. ‘’Ce débat dérange toute la classe politique qui n’a pour ambitions que de gérer le quotidien, laissant aux générations montantes, ce chaos de l’irresponsabilité. Nous devons réfléchir sans penser à des partis, à des personnes ou à des élections. Nous devons penser au développement, aux populations’’, poursuit l’édile de Thiès.

D’après le constat de M. Sylla, sa ville englobe quatre entités à savoir la mairie de la ville et les 3 communes. ‘’Ce qui fait 4 indemnités de maires, 4 véhicules, 4 cabinets… dans un espace comme Thiès, Louga, Saint-Louis ou Kaolack. Il faut qu’on mette en avant les intérêts des populations, qu’on simplifie les choses. Avec l’Acte 3, il n’y a que deux grandes entités, ce sont le département et la commune, la ville n’a pas sa place’’. 

L’importance de la coopération décentralisée 

Le panel d’hier a porté sur le thème : ‘’Collectivités locales et coopération décentralisée’’.  A ce propos, les Hauts conseillers se sont interrogés sur les différentes difficultés rencontrées par les maires par rapport à la coopération décentralisée, de même que l’impact de cet outil sur les collectivités territoriales.  Sur ces différents points, le maire de Thies a donné l’exemple de sa ville qui, dit-il, a fait le choix de maintenir les jumelages laissés par ces prédécesseurs. Ce qui fait que l’édile de la capitale du Rail a opté pour une coopération de proximité. Le but, dit-il, est de s’adresser à des ambassadeurs, à travers le concept ‘’kay Thiès’’ pour développer l'attractivité de la ville. 

‘’L'objectif est d'amener les ambassadeurs à visiter des infrastructures vétustes de la ville. Ils s'engagent par la suite à les réfectionner sur fonds propres, une coopération qui nous a beaucoup aidés. J'invite mes collègues à explorer cette piste. Elle est moins coûteuse, car il faut juste se déplacer sur Dakar pour rencontrer les ambassadeurs, sans pour autant prendre l’avion’’, renseigne Talla Sylla. 

Qui a également initié la coopération sud-sud, ce qui va d’ailleurs favoriser la relance des rails en collaboration avec la capitale malienne, Bamako. ‘’Depuis 1 an, le conseil de ville de Thiès a signé des délibérations portant sur des jumelages avec les villes de Saint-Louis, Kaolack, Mbacké… Nous tendons la main aux autres communes du Sénégal, puisque notre conviction profonde est que la coopération ne doit pas être une coopération où on tend la main à une ville ou un pays du nord. La coopération, c’est entre les peuples. Elle ne doit pas être institutionnelle entre les mairies, mais doit permettre d’ouvrir les possibilités de dialogue, d’échange d’expériences’’, explique Talla Sylla.   

HABIBATOU TRAORE 

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