Publié le 3 Jun 2016 - 19:32
EXACTIONS ET VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME EN GAMBIE

Amnesty demande à la Cedeao d’être ferme avec Jammeh

 

Le sommet de la Communauté économique d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), prévu ce samedi 04 juin à Dakar, sera un moment déterminant pour le peuple Gambien qui attend de l’organisation sous régionale qu’elle prenne des mesures contre la répression dans ce pays. Amnesty veut des sanctions.

 

La société civile gambienne, des acteurs politiques et des organisations de défense des Droits Humains du même pays et du Sénégal ont achevé hier un forum de deux jours sur la situation qui prévaut dans le pays de Yahya Jammeh. Cette rencontre s’est tenue en prélude du sommet de la Communauté économique d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Un rapport d’Amnesty international sur la situation en Gambie y a été passé au peigne fin, alors que l’élection présidentielle approche à grands pas (elle est prévue au mois de décembre 2016). Celui-ci retrace ‘’les actes de répression, des violations graves des Droits Humains, des traités bafoués en Gambie, cinq ans après les élections de 2011.’’

Présent au forum, le secrétaire général adjoint d’Amnesty Stephen Cockburn, a souligné que l’élément nouveau, dans ce rapport, est de faire comprendre aux autorités Gambiennes que, si elles ne suivent pas les résolutions en tant que pays membre de cette communauté, elles peuvent s’attendre à des conséquences lourdes. Que des sanctions peuvent tomber sur elles. ‘’La Gambie est membre de la Cedeao. Elle a signé des traités, le protocole de la bonne gouvernance et de la démocratie qui exige le respect total du droit à la liberté d’expression. Dans ces traités, il y a des sanctions prévues que la (Cedeao) peut prendre’’, a-t-il dit. En effet, le rapport démontre que depuis le mois d’avril qui a vu des séries de manifestations en Gambie,  87 personnes sont en détention, 51 inculpées et 36 en garde à vue.

‘’Tout ce que nous demandons, c’est que les Etats membres doivent prendre cette question au sérieux ; demander à la Gambie d’induire des changements’’. Selon Stephen Cockburn, si le gouvernement Gambien refuse d’abroger les lois répressives, la Cedeao doit envisager une suspension jusqu’à ce qu’elle respecte ses obligations. Ainsi, il fait appel à la responsabilité des différents chefs d’Etats qui vont participer à la rencontre de Dakar, ce samedi. Dans ce sens, une entrevue a eu lieu entre le secrétaire général d’Amnesty Alioune Tine et le président Macky Sall. Cette initiative, renseigne Cockburn, a été prise pour veiller à ce que la CEDEAO prenne des mesures. ‘’Les responsabilités sont partagées. Ce n’est pas seulement au patron de cette communauté, Macky Sall, d’agir. Tous les pays sont concernés. Les mesures doivent être d’ordre général’’, a-t-il insisté.

‘’Nous préférons que les sanctions soient ciblées’’  

La représentante de la société civile Gambienne, Fatoumata Tambadian, demande à tous les pays, notamment le Nigeria, de jouer leur rôle. La dame veut des sanctions ciblées. ‘’La Gambie est déjà dans une situation désastreuse. Si la CEDEAO décide de la suspendre ou de l’isoler, nous allons plus souffrir. Nous préférons que l’on interdise, par exemple, à Yahya Jammeh de voyager. C’est-à-dire l’empêcher de sortir du territoire’’, a-t-elle plaidé devant les différentes organisations.

En attendant, Amadou Diané de la Coalition pour le changement en Gambie a souligné que ce forum va leur permettre d’élaborer et de dérouler une feuille de route afin de régler la situation tragique que traverse leur pays. ‘’Nous devons travailler ensemble. Nous ne devons plus accepter cette forme de dictature dans notre pays‘’, a-t-il martelé.

AIDA DIENE

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