Publié le 18 Mar 2017 - 20:21
FINANCEMENT DE L’ÉDUCATION

À la recherche des pistes de l’argent

 

L’éducation en Afrique est sous-financée et n’arrive pas à trouver les ressources financières nécessaires à son développement. Des pistes de réflexion ont été dégagées hier, lors de la dernière journée de la Triennale 2017 qui s’est tenue à Dakar du 14 au 17 mars.

 

Les rideaux sont tombés hier sur la Triennale 2017 ouverte mercredi dernier. Pour cette dernière journée de la 11ème édition, il a été abordé, entre autres questions, le financement de l’éducation. Le constat est unanime que l’Afrique ne met pas suffisamment de ressources dans ce secteur. Le fond du problème est que les Etats n’ont pas assez de moyens pour faire face à tous les besoins. Il faut donc des alternatives. Parmi celles-ci, il y a bien sûr l’aide extérieure. Mais les participants ont longuement insisté sur la nécessité pour le continent de compter avant tout sur lui-même. Il faut que les Africains financent la formation des leurs. ‘’Que les gouvernements  s’engagent à être les plus grands bailleurs de l’éducation’’, s’exclame le ministre angolais de l’Education.

À cet effet, les Etats se sont engagés à créer un fonds africain pour l’éducation. Mais ni les modalités de financement ni celles de gestion n’ont été arrêtées pour l’instant. En attendant, il va falloir donc, outre ce point, trouver les niches capables de générer les ressources nécessaires. Il est également important de s’appuyer sur certaines bonnes pratiques partagées par des pays membres. Parmi les propositions, on peut noter l’importance de l’apport  de la diaspora.  Le ministre gambien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche invite les Etats à utiliser une partie des fonds envoyés par cette catégorie pour les besoins en éducation. Cette manne financière étant plus importante que les sommes issues des partenariats bilatéraux et multilatéraux, il est évident qu’il y a là des possibilités d’absorber une bonne partie du gap existant.  Badara Joof souhaite aussi que les Africains établis à l’extérieur nouent des partenariats entre les écoles et les universités de leurs pays d’accueil et celles de leurs pays d’origine. Également, que les chercheurs et scientifiques hors de leurs pays viennent apporter leur appui aux structures locales.

Taxer davantage les télécoms

Le Gambien pense qu’il est aussi possible d’avoir plus de ressources en taxant les télécommunications. Par exemple, 1 ou 2% du chiffre d’affaires des compagnies, ne serait-ce que pour financer le développement technologique dans ce même secteur. Il est rejoint en cela par le ministre de l’Education du Burkina Faso. Ce dernier révèle que les études faites ont montré que dans les dépenses des ménages, l’éducation occupe la troisième ou quatrième place. Pendant ce temps, la communication vient parfois à la deuxième place. D’où la décision de l’Etat burkinabé de taxer davantage ce secteur pour mieux financer l’éducation. Cependant, M. Joof, le ministre gambien, ne veut pas que cela se limite aux compagnies téléphoniques. Il estime que celles pétrolières, ainsi que les banques et même les hôtels et certaines ONG liquides peuvent participer à l’effort, par le biais d’un fonds dédié.

Le Burkina a également trouvé un autre moyen de faire face à ses besoins en financement dans l’Education. En fait, le pays dispose de plusieurs structures publiques qui ont des fonds qui jusque-là étaient laissés à l’appréciation des conseils d’administration. Il s’agit, entre autres, de la Caisse de sécurité sociale, de l’institut en charge de la retraite, de la loterie nationale… Il a été décidé de consolider toutes ces ressources à travers une Caisse de dépôt et de consignation. L’Etat a maintenant la possibilité de contrôler les ressources et de pouvoir emprunter de l’argent destiné à l’éducation, au lieu de se tourner vers le marché financier ou d’autres bailleurs.

Une salle de classe à 4 millions

Outre ces pistes, le ministre rwandais recommande un engagement réel de la communauté. Dans son pays par exemple, explique Papias Malimba Musafiri, il y a une approche communautaire à la construction. La population a une obligation de participation à l’édification des salles de classe. ‘’Cette méthode s’est avérée efficace et économique. Nous dépensons 4 millions par salle de classe au lieu de 9 millions. Nous avons construit 8 000 salles pour un coût total de 49 millions de dollars. Si nous devions respectés les normes actuelles de construction, il nous faudrait 15 ans de plus pour atteindre le niveau actuel’’, fait-il remarquer.

Autre initiative au Rwanda, un fonds souverain intitulé ‘’dignité’’. Il s’agit d’un fonds créé sur la base de la contribution volontaire des résidents au pays et de la diaspora. Sans compter un fonds de pension qui réalise des économies destinées au développement de l’éducation. En somme, les pistes pouvant accroître considérablement le financement de l’éducation en Afrique sont aussi nombreuses que variées. Il suffit juste d’aller vers la mise en application. 

BABACAR WILLANE 

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