Publié le 14 Jul 2023 - 22:23
FOOT - ESPAGNE

Le Real Madrid et les trous dans la caisse

 

Ce mercredi, le Real Madrid a été épinglé dans une affaire de dissimulation financière estimée à 122 millions d'euros. Un scandale venu éclabousser une Maison-Blanche flirtant souvent avec les limites de la légalité.

 

Le temps passe, le sport évolue, et le football espagnol continue de s’enfoncer dans des scandales financiers. En effet, si le FC Barcelone se montre maître en la matière depuis deux ans, c’est aujourd’hui son cousin du Real Madrid qui est pris la main dans le portefeuille, accusé d’un délit simple : avoir dissimulé des dépenses. Une enquête du Telegraph révèle ainsi que le club de la capitale a sciemment omis de déclarer la somme de 122 millions d’euros dans son dernier bulletin financier. Cette part représenterait 20% des dépenses du club sur la période 2017-2023 et n’aurait jamais été justifiée dans les documents que s’est procurés le journal britannique. Dès lors se pose la question du jeu dangereux auquel s’exposent les Madrilènes.

L’accord providentiel

Pour trouver la source de ce bordel économique, il faut d’abord traverser l’Atlantique. Direction New-York et le siège de Providence Equity, une société chargée de gérer l’ensemble des affaires marketing du Real Madrid (potentiel naming du futur stade Santiago-Bernabéu, renouvellement de contrat avec l’équipementier, etc.), en échange d’un pourcentage sur les revenus générés par les sponsors du club. Signé en 2016, l’accord a pour but de rapporter 500 millions d’euros aux Merengues, étalés sur dix ans. Mais à cette époque, déjà, ce contrat était cité dans les Football Leaks, en raison des magouilles de Providence, fiscalement enregistrée entre les Îles Caïmans et le Luxembourg. Aujourd’hui, ces 122 millions dissimulés par Pérez et compagnie représenteraient donc une partie des rétributions du Real Madrid à la compagnie américaine. Un montage financier nommé « autres dépenses d’exploitation » dans les documents du club révélés par le Telegraph.

Se voulant rassurante quant à sa santé financière, la plus grande institution footballistique d’Espagne doit pourtant faire avec une certaine « récession » depuis trois ans maintenant, et le début des travaux à Santiago-Bernabéu. Le coût du chantier avoisinant les 800 millions, son remboursement complet n’est estimé que pour l’horizon 2049, soit une éternité. Et un bonheur n’arrivant jamais seul, les Madrilènes voient également la justice enquêter sur leur entraîneur, Carlo Ancelotti, pour fraude fiscale. À l’image de son président, l’Italien a refusé de déclarer 386 000 euros de droits à l’image en 2014, alors qu’il achevait son premier mandat sur le banc merengue. De la manipulation à tous les étages donc, pour un Real Madrid qui cherchera assurément à user de son influence auprès de l’UEFA.

Gagner du temps

De toute évidence, aucune sanction ne devrait être prise à l’encontre de ces coupables élitistes. Les suspensions ne sont effectivement appliquées que pour ceux du bas. Par exemple Osasuna. Dans l’attente d’une enquête officielle, la Maison-Blanche a d’ailleurs pioché la carte du gain de temps, en évitant de communiquer sur le sujet. Ce même temps, qui permettra à Florentino Pérez de trouver une combine flirtant avec le légal, pour ressortir les mains propres et poursuivre sa domination dans le cirque footballistique. Après tout, quand on est l’instigateur de la Superligue, que l’on a recruté Aurélien Tchouaméni pour 100 millions, Jude Bellingham pour 103 et que l’on s’apprête à exploser sa tirelire afin d’attirer Kylian Mbappé : que représentent 122 briques ?

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