La recette de l’ingénieur pétrolier Ousseynou Souaré

L’ingénieur pétrolier formé en Russie, spécialisé dans l’exploitation des champs de gaz et de condensats, nous parle des fuites de gaz naturel qui sont devenues monnaie courante depuis un certain temps. Après avoir décelé les causes, Ousseynou Souaré a fourni des pistes de solution.
C’est devenu un fait récurrent depuis un certain temps au Sénégal. Il s’agit des fuites de gaz naturel dans certains endroits du pays. C’est un phénomène qui correspond à une libération involontaire de gaz dans l’atmosphère, généralement dû à un défaut dans les équipements, une rupture de pipeline, une défaillance de jointures ou une mauvaise manipulation des installations.
Selon Ousseynou Souaré, un ingénieur pétrolier formé en Russie et spécialisé dans l’exploitation des champs de gaz et de condensats, ces fuites sont préoccupantes, car le gaz naturel est principalement composé de méthane (CH₄), un gaz à effet de serre très puissant. En plus des impacts environnementaux, ajoute M. Souaré, une fuite peut entraîner des risques d’explosion et d’intoxication pour les travailleurs et les populations environnantes.
Pour les causes des fuites de gaz naturel, l’ingénieur de production chez Fortesa International parle de la corrosion des équipements, avec des pipelines et réservoirs qui peuvent se dégrader avec le temps sous l’effet de la corrosion, entraînant des fissures et des fuites. Les défauts de conception ou de fabrication, avec des erreurs dans la conception des équipements ou l’utilisation de matériaux inappropriés, peuvent également provoquer des fuites. Une mauvaise maintenance, avec un manque de contrôle et d’entretien des installations, augmente le risque de fuites non détectées, dit-il.
Il évoque aussi les erreurs humaines, où une mauvaise manipulation des vannes, un mauvais réglage des systèmes de pressurisation ou une installation incorrecte peuvent être à l’origine d’une fuite. ‘’Les facteurs naturels, tels que les tremblements de terre, les inondations ou d’autres événements naturels peuvent endommager les infrastructures. Et pour finir, les défaillances des systèmes de contrôle, avec une panne dans les systèmes de détection et d’alerte, peuvent retarder l’identification et l’arrêt d’une fuite’’.
Quant aux conséquences des fuites de gaz naturel, renseigne Ousseynou Souaré, elles peuvent être graves et se manifester sous plusieurs formes : environnementales, sanitaires et économiques. Le premier point concerne l’effet de serre, avec le méthane étant un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO₂ en termes de réchauffement climatique. Avec la pollution de l’eau et des sols, en onshore, une fuite peut contaminer les nappes phréatiques. En offshore, elle peut affecter la qualité de l’eau et perturber les écosystèmes marins.
Côté sanitaire, M. Souaré évoque le risque d’explosion et d’incendie, car une concentration importante de gaz dans l’air combinée à une source d’ignition peut provoquer des explosions. Les problèmes respiratoires, dus à une exposition prolongée au gaz naturel, peuvent entraîner des maux de tête, des nausées et d’autres troubles respiratoires.
Côté économique, l’ingénieur fait état de pertes financières énormes. En effet, selon lui, une fuite représente un gaspillage de ressources précieuses et peut coûter des millions en réparations et en pertes de production. Les entreprises peuvent être pénalisées en cas de non-respect des normes de sécurité et environnementales.
Les bonnes pratiques pour prévenir et limiter les fuites de gaz
‘’Il existe plusieurs bonnes pratiques pour prévenir et limiter les fuites de gaz. Il s’agit de la surveillance et de la maintenance régulières : inspection fréquente des pipelines, des vannes et des installations pour détecter toute anomalie avant qu’une fuite ne survienne’’, souligne l’ingénieur.
Il ajoute : ‘’L’utilisation de capteurs et systèmes de détection : installation de capteurs de gaz et de caméras thermiques pour surveiller en temps réel toute fuite éventuelle. La formation du personnel à travers une sensibilisation et formation continue des opérateurs pour qu’ils puissent identifier et réagir rapidement en cas de fuite. L’amélioration des infrastructures avec un remplacement des équipements obsolètes et l’utilisation de matériaux résistants à la corrosion. L’utilisation de technologies avancées à travers un emploi de drones et de satellites pour la détection rapide des fuites, notamment dans les zones offshore. Il faut aussi des plans d’urgence et protocoles de sécurité à travers une mise en place de procédures claires pour une réponse rapide en cas d’incident, incluant l’évacuation des zones à risque.’’
En effet, M. Souaré considère que la gestion des fuites de gaz naturel est un enjeu majeur pour l’industrie pétrolière et gazière. Grâce à des mesures préventives, une maintenance rigoureuse et l’adoption de nouvelles technologies, il est possible, selon lui, de minimiser les risques et de protéger à la fois l’environnement et les travailleurs. Il est essentiel, à ses yeux, que les entreprises respectent les réglementations et investissent dans des solutions durables pour une production plus sûre et plus responsable.
CHEIKH THIAM