Publié le 13 Jun 2020 - 01:24
GENERAL FRANÇOIS NDIAYE, PRESIDENT COMITE DE SUIVI DES OPERATIONS DE FORCE COVID-19

‘’La mission continue, on ne se laisse pas divertir’’

 

Après près de deux mois de fonctionnement, le Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du fonds Force-Covid-19 a fait face, hier, à la presse pour dresser le bilan de ses activités durant cette période.  

 

Le Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du fonds Force-Covid-19 se veut transparent dans son fonctionnement. C’est en ce sens que le président de l’instance, le général François Ndiaye, a tenu hier une conférence de presse pour faire l’état des lieux des interventions du comité, depuis sa création, le 17 avril dernier.  Faisant ainsi le bilan des activités de la structure, le général Ndiaye a beaucoup insisté sur la transparence et la crédibilité de la structure. Une manière de répondre aux multiples rumeurs et polémiques sur le fonctionnement du comité. Pour lever toute équivoque, le président du comité a tenu à préciser avec fermeté que toutes les conditions de transparence sont réunies pour la traçabilité de la gestion du fonds Force-Covid-19.  Il a ainsi invité les membres du comité à faire preuve de rigueur et d’écouter la population.

‘’Au moment où la clameur populaire charrie quelquefois des rumeurs, il ne faut surtout pas se laisser divertir et être à la hauteur des attentes, en évitant les comportements déviants. Les membres du comité seront attendus, non pas sur des polémiques partisanes et des querelles byzantines ne privilégiant pas l’intérêt général, mais plutôt sur leurs capacités d’écoute et de concertation. Des populations et des secteurs d’activité impactés par la pandémie nous attendent. Nous n’avons pas le droit de leur donner de faux espoirs’’, a-t-il martelé.

Concernant la polémique sur la distribution de l’aide alimentaire où beaucoup de populations disent ne pas avoir reçu leur kit, le président du comité a apporté des réponses. Pour lui, c’est évident que certains n’en bénéficient pas, parce que l’aide n’est pas destinée à tout le monde, mais aux ménages démunis. ‘’On a l’impression que les mille milliards du plan de résilience économique Force-Covid19 ne concernent que l’aide alimentaire, parce que tout le monde ne parle que de ça. On ne parle que du riz. On ne parle même pas du savon qui tue le virus. Or, le montant alloué à l’aide alimentaire ne représente même pas 2 % du Force-Covid-19’’, a-t-il précisé.  

Selon lui, le retard noté dans certaines régions est dû au toilettage du registre unique qui comportait des manquements et des doublons qu’il fallait corriger. ‘’Certaines régions ont déjà fini leur distribution, alors que d’autres n’ont pas encore reçu leur aide. Il fallait le toilettage du registre unique, parce qu’il y a beaucoup de manquements et des doublons. Le registre n’est pas fiable à 100 %.  Il date de 2013 et il y a des gens morts qui y figurent toujours. Ce sont ces imperfections que nous sommes en train de corriger’’, a-t-il souligné.

S’agissant toujours du bilan des activités du comité, le général François Ndiaye a indiqué que, dès la mise en place du comité, la structure a organisé trois sessions plénières et plusieurs réunions sectorielles et des séances de travail avec les ministères en charge de la mise en œuvre des opérations du fonds.

Les premiers travaux ont ainsi consisté à définir des termes de référence et des règles de fonctionnement du comité. Un projet de budget prévisionnel de fonctionnement pour 6 mois a aussi été adopté.

Quant aux interventions sur le terrain, elles ont commencé par des visites de terrain dans 7 régions du pays et elles se poursuivront la semaine prochaine pour couvrir les 54 départements. Toutes ces visites ont pour objectif d’alimenter un tableaux de bord à partir de données issues du terrain et collectées au sein du ministère sectoriel et des structures d’exécution pour une meilleure cartographie de la pauvreté dans le pays. Aussi, selon le général François Ndiaye, les travaux du comité de suivi permettront, entre autres, de stabiliser le Registre national unique et d’avoir une meilleure cartographie de la pauvreté et de la vulnérabilité, tout en améliorant la gouvernance sanitaire. Il s’agira également de modéliser l’approche participative des opérations de ciblage, afin de mieux appréhender l’impact de la pandémie sur notre économique. L’autre point est de se projeter sur l’après pandémie, pour envisager des transformations structurelles du tissu socio-économique.

La polémique sur les per diem et des démissions du comité

Interpellé sur la polémique des per diem qui auraient été prévus pour les membres du comité, le général Ndiaye s’est voulu ferme sur la question. Selon lui, contrairement à ce qui se dit dans la presse, cette information doit être rangée dans les intox de la pandémie.  ‘’Je peux vous affirmer que cette information est à verser dans la corbeille, pour ne pas dire dans la poubelle de l’histoire des ‘fake news’ ou des intox pendant cette pandémie.  Lorsque j’ai lu le titre du journal paru le 5 mai 2020, je me suis rappelé de l’expression suivante : ‘’Bien faire, se taire et laisser braire.’’ Il faut savoir que le mot per diem ne figure sur aucun document du Comité Force-Covid-19. D’ailleurs, un communiqué a été rédigé le 30 avril, à l’issue de la première séance plénière, pour préciser que tous les membres du comité ont décidé de travailler bénévolement.  Parler d’un problème de per diem n’a donc aucun sens’’, tranche-t-il.

Quant à la somme de 107 millions de francs avancée par la presse comme une rémunération des membres du comité, elle est destinée, selon le général Ndiaye, aux dépenses liées à la logistique du comité. Il indique en détail. ‘’Sur le projet de budget, il y a une ligne nommée ‘Autres prestations de services’ et plus loin, on a renvoyé en observation ‘Indemnités de session’, ‘Motivation de l’état-major’ et autres ‘Prestations de services’. Le montant, c’était 107 millions pour ces trois lignes. Mais, souligne-t-il, pour le budget concernant ‘Indemnités de session’, les membres du comité ont décidé de travailler de manière bénévole’’, a-t-il souligné.  

Il réfute ainsi toute décision d’indemniser les membres du comité.

L’autre problème soulevé par les journalistes, lors de cette conférence de presse, concerne les départs de certains membres du comité. Comme c’est le cas pour l’ancien ministre Habib Sy qui, après avoir participé à quelques séances, a tout simplement décidé de quitter l’instance. Le président du comité regrette ces départs, tout en indiquant que la mission continue.  ‘’Il (Habib Sy) est beaucoup plus utile à l’intérieur qu’en dehors du comité, mais les raisons pour lesquelles il est parti n’engagent que lui. C’est un responsable avec une trajectoire professionnelle extraordinaire. Donc, je pense qu’il sait ce qu’il fait. On est en mission et quand on va en guerre, on prévoit des blessés, des morts et des portés disparus. Je considère que celui qui est parti rentre dans cette catégorie. La mission continue, on ne se laisse pas divertir’’, a-t-martelé.  

ABBA BA

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