Un accent particulier sur la connaissance du risque

Une réunion du Comité national de gestion des inondations (CNGI) s’est tenue hier à Dakar. L’accent est mis sur la connaissance du risque. Le gouvernement s’engage dans l’anticipation, la préparation minutieuse et l’organisation à toute épreuve.
Dans un contexte de défis posés par les changements climatiques, une réunion du CNGI a eu lieu hier à Dakar. Face au risque d’inondation pluviale, le gouvernement entend s’engager dans l’anticipation, la préparation minutieuse et l’organisation à toute épreuve. L’État souhaite adopter une démarche scientifique et une bonne communication dans la prévention : savoir exactement combien de personnes sont exposées, mettre en place des plans de contingence dans toutes les villes et communes, etc. "Aujourd'hui, vous êtes dans l'une des zones pilotes. En tant qu’acteur, vous prenez juste une photo. Au niveau de la salle de crise, nous saurons quelle est la situation aujourd'hui dans tel quartier ou dans telle commune", a expliqué le directeur de la Prévention et de la Gestion des inondations, Madické Cissé.
L’élément important porte sur la surveillance des événements pluviométriques avant qu'ils ne surviennent. "Nous travaillons avec l’Agence nationale de l’aviation et de la météorologie (Anacim) afin d'obtenir des prévisions de pluie au moins 2 à 3 heures à l’avance, ainsi que les quantités. Ainsi, nous pourrons alerter les populations", a annoncé M. Cissé. Actuellement, 1 398 parcelles se trouvent sur des voies d'eaux naturelles. En raison de cette vulnérabilité, une vingtaine de villes ont été identifiées, notamment Touba, Kaolack, Kaffrine, Saint-Louis, Ziguinchor, Joal et le triangle de Dakar.
"Les défis sont d’une ampleur sans commune mesure et le travail qui a déjà commencé doit être accéléré, de la manière la plus inclusive possible, conformément à la vision des plus hautes autorités et à ma façon de diriger le secteur, qui repose sur la mutualisation, la concertation, l’anticipation et l’implication de tous", a déclaré le ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement, Dr Cheikh Tidiane Dieye. À cet effet, la particularité de cette année concerne le renforcement du caractère inclusif du CNGI, désormais ouvert aux maires des communes les plus exposées, à la société civile ainsi qu’aux organisations communautaires de lutte contre les inondations et aux héros et héroïnes des journées Setal Sunu Reew.
La connaissance du risque
D’ailleurs, en ce qui concerne l’anticipation, la rencontre d’hier constitue le second acte majeur du processus préparatoire de l’hivernage 2025, après celle tenue le 12 décembre 2024. Elle a permis d’examiner le dispositif d’alerte des bassins fluviaux (OMVS, OMVG) et les mesures à mettre en œuvre, notamment les plans communaux d’alerte inondation et de résilience dans le bassin du Fleuve Sénégal, avec une attention particulière pour les localités de Saint-Louis, Podor, Dembakané, Moudéri, Ballou, Fanaye Walo et Dodel, où les plans d’alerte seront testés et vulgarisés par mes services. L’on mise sur la connaissance du risque. "Concernant la lutte contre les inondations, en sus de la poursuite des investissements sur les infrastructures, l’accent sera mis sur la connaissance du risque. La nouvelle dynamique sera davantage anticipative et les efforts mutualisés, avec une grande place accordée à l'homme, conformément à l’appel des plus hautes autorités à l’investissement citoyen", a soutenu le ministre. "Au moment où nous nous réunissons, les prévisions du Centre régional Agrhymet ne sont pas encore disponibles. Or, ces données ont toujours fait l’objet de communication à chaque première réunion préparatoire du CNTGI", a constaté Cheikh Tidiane Dièye. Selon lui, cette situation est voulue et traduit une précocité du processus préparatoire. Cela n’entame en rien le dispositif car, dit-il, "nous comptons travailler sur la base de l’hypothèse la plus haute et pessimiste, à savoir que l’hivernage 2025 sera aussi pluvieux, sinon plus, que celui de 2024, marqué par des séquences pluvieuses intenses et des débordements de fleuve dans certaines localités". C’est pourquoi, à ses yeux, afin de parer à toute éventualité, les structures opérationnelles devront être mobilisées dès à présent, à temps plein et jusqu’à la fin des pluies.
Compte rendu hebdomadaire
Concernant la surveillance des fleuves, la direction de la gestion et de la planification des ressources en eau (DGPRE) est invitée à prendre, avec l’appui de l’OMVS et de l’OMVG, les dispositions techniques requises pour assurer un suivi permanent et rapproché du comportement des bassins et lancer, chaque fois que nécessaire, des alertes de la manière la plus précoce possible. Auparavant, souligne-t-on, il sera question de tester et de vulgariser les plans d’alerte inondation et de résilience dans le bassin du Fleuve Sénégal. "Sur ce point, nos services techniques accentueront la collaboration et l’échange d’informations avec les sociétés de gestion des barrages des organismes de bassins pour améliorer l’organisation des lâchers d’eau, surtout au niveau de Diama et de Manantali", a renseigné le ministre. Par ailleurs, il rassure que les opérations à mener seront consignées dans un plan d’actions avec des échéances et feront l’objet d’un suivi rapproché, en rapport avec les autorités administratives.
Travaux structurants : 15 juillet, délais de rigueur
D’ailleurs, à partir du mois de juillet, informe-t-il, un compte rendu hebdomadaire au gouvernement sous forme de communication sera fait à chaque réunion du Conseil des ministres. Cheikh Tidiane Dieye a entamé les tournées d’observation et de mobilisation des actions. Il a effectué une première sortie à Touba, à la fin du mois de février, avec les directions du ministère impliquées dans la gestion de l’Hydraulique et de l’Assainissement (Sones, Ofor, Onas, DGPRE, DPGI) pour réaliser les premiers tests de mutualisation des actions avant la tombée des premières pluies.
En relation avec les autorités administratives et territoriales, les services techniques, les communautés et les entreprises chargées de travaux, Cheikh Tidiane Dieye compte poursuivre les visites dès le début du mois de mai pour examiner les chantiers importants et les points durs des localités de Dakar, Rufisque, Keur Massar, Pikine, Guédiawaye, Touba, Kaolack, Kaffrine, Ziguinchor, Matam, Bakel, Saint-Louis, Podor, etc. "Cette démarche aidera sans nul doute à mieux mesurer les attentes de nos compatriotes, à qui je lance un appel pour la promotion des actions citoyennes de nettoyage et de préservation des réseaux", a-t-il estimé. Les entreprises contractantes sont invitées à consentir des efforts supplémentaires pour terminer les travaux qui leur sont confiés ou, à défaut, à prendre toutes les mesures conservatoires nécessaires pouvant contribuer à la bonne gestion des eaux pluviales.
Aux collectivités territoriales et acteurs communautaires, le ministre informe que la campagne de sensibilisation sera lancée en début du mois de mai dans une des communes à fort risque d’inondation et dans les différents départements, sous la coordination des autorités administratives. Au-delà de la nécessité de finaliser toutes les opérations pré-hivernage d’ici le 15 juillet au plus tard, il est important, selon lui, de prêter, dans l’immédiat, une attention particulière à la mise en place des plans territoriaux de sauvegarde dans les communes les plus vulnérables.
BABACAR SY SEYE