Publié le 25 Feb 2019 - 22:07
GESTION DES RESSOURCES MINERALES ET DES HYDROCARBURES

Des mandataires non convaincants 

 

Audités hier sur la gestion future des hydrocarbures et des mines, les mandataires des cinq candidats n’ont pas du tout convaincu Moundiaye Cissé de l’Ong 3D, Alioune Tine et Cie. Qui s’émeuvent de leur faible niveau, voire de leur méconnaissance du domaine. 

 

Les représentants des cinq candidats à la présidentielle du dimanche prochaine ont fait face, ce mercredi, à la société civile, pour répondre aux questions relatives à la gestion des ressources minières et des hydrocarbures. Ils ont, tour à tour, décliné les programmes de leurs candidats sur ces deux questions.

Bby pour la continuité avec des améliorations

Ainsi, le mandataire de Benno Bokk Yaakaar, Mamadou Fall Kane, a défendu le bilan de son candidat sur la gestion des ressources minérales. Il a promis de travailler dans la continuité, avec des améliorations, grâce au nouveau code minier. Selon le représentant de la mouvance présidentielle, le candidat sortant compte continuer à promouvoir la transparence dans la gestion de ces ressources qui ‘’se matérialise déjà par l’adhésion du pays à l’Itie (Initiative de transparence dans les industries extractives)’’, renseigne Mamadou Fall Kane.

 Pour faire bénéficier les populations riveraines des retombées des exploitations, le candidat Macky Sall compte, une fois réélu, investir une part du budget provenant de ces ressources dans le développement local. Il est également prévu dans son programme la création de l’école des mines à Kédougou pour essayer d’absorber le chômage dans les zones minières. Toujours pour le mandataire du candidat Macky Sall, ‘’l’adoption du nouveau code minier va permettre l’amélioration du secteur’’.

Sonko-Président veut éviter ‘’la malédiction du pétrole’’

Pour le représentant du candidat Ousmane Sonko, Aliou Dione, le programme de son candidat compte privilégier, dans le secteur des hydrocarbures, la bonne gouvernance et une politique publique de développement pour éviter ‘’la malédiction du pétrole’’. Pour cela, il est envisagé de faire du pétrole une source de financement du développement dans les secteurs stratégiques. ‘’Le programme ‘Solution’ du candidat Ousmane Sonko prévoit la création d’un haut conseil pour les hydrocarbures qui va prendre en compte l’ensemble des forces vives de la nation, y compris les confréries, a déclaré Aliou Dione.

En outre, le développement local occupe également une place de choix dans ce programme. Pour rendre effective la responsabilité sociétale de l’entreprise, le candidat Ousmane Sonko compte obliger les entreprises à travailler avec les collectivités locales pour participer au développement des zones concernées. Il envisage également d’harmoniser le nouveau code minier et les autres codes environnementaux. La préférence locale sera de rigueur dans l’octroi des marchés et la génération future sera également prise en charge.

Idy2019 compte renégocier tous les contrats

Quant au candidat de la coalition Idy2019, une fois élu à la tête de l’Etat, Idrissa Seck compte renforcer les dispositifs nationaux de contrôle pour la transparence et promouvoir une politique inclusive pour que toutes les populations se sentent concernées et bénéficient de ces ressources. ‘’Nous prévoyons d’auditer et de renégocier tous les contrats’’, a déclaré son représentant Samba Tall Sarr.

La coalition Madické2019 privilégie les contrats gagnant-gagnant

Pour le candidat Me Madické Niang, le maitre-mot dans ce domaine est la transparence. Le programme ‘’Jamm ak Xeweul’’ envisage de renégocier tous les contrats pour mettre en place des contrats plus équilibrés. ‘’Nous allons revoir tous les contrats et privilégier les contrats gagnant-gagnant qui seront attribués aux meilleures offres possibles. Les droits des communautés seront protégés en obligeant les entreprises exploitantes de respecter la Rse. Nous allons exiger que les Pme locales soient intégrées pour assurer les sous-traitances’’, renseigne Mamadou Ndiaye, représentant du candidat Madické Niang.

Le Pur pour un transfert des technologies

Dans son programme ‘’Pur100’’, le candidat Issa Sall compte responsabiliser les acteurs avec la participation de tous les citoyens. ‘’Nous allons défendre les populations locales pour assurer leur implication dans la gestion de ces industries. Nous comptons également signer des clauses avec les exploitants pour que ces derniers assurent le transfert des technologies et employer les populations locales’’, a déclaré Mamadou Ndiaye, mandataire du Pur.

 ‘’Nous sommes restés sur notre faim…’’

Après plus de trois heures de questions-réponses entre les représentants des différents candidats et les membres de la société civile, les derniers nommés ont déclaré être restés sur leur faim quant à la pertinence des propositions. En effet, malgré l’actualité du sujet sur les hydrocarbures et la pertinence des questions, les réponses et les propositions étaient, selon les organisateurs, loin d’être satisfaisantes. ‘’Nous avons organisé beaucoup de débats et le niveau de ces débats étaient beaucoup plus élevés que celui-ci. On a remarqué une asymétrie des compétences des représentants des candidats’’, a souligné Moundiaye Cissé de l’Ong 3D. Avant d’ajouter : ‘’Nous sommes restés sur notre faim, parce que nous nous attendions à des propositions très claires venant de ces représentants des candidats. Soit ils ne maitrisent pas leur programme sur cette question, soit il y a un problème.’’

Pour un domaine aussi stratégique que le pétrole et le gaz, Moundiaye Cissé pense que les candidats devaient envoyer des représentants beaucoup plus pertinents. C’est pourquoi il estime qu’il ‘’est encore temps que les candidats rectifient le tir. Ce n’est pas encore trop tard, nous invitons les candidats de nous éclairer davantage sur leurs politiques liées aux ressources naturelles, au code du  pétrole et celui minier. Pour certains, on ressent un manque de maitrise du domaine’’, a-t-il conclu.

Même son de cloche pour le président de l’Ong Africa Jom, Alioune Tine, qui s’est dit déçu de la rencontre.  ‘’J’ai une déception du niveau du débat. Dans un secteur aussi stratégique, les candidats devaient nous envoyer des personnes à la hauteur. L’assistance maitrise mieux les questions que les mandataires. Tout le monde a constaté que ces gens n’ont pas le niveau’’, estime Alioune Tine.

Pour Safiétou Diop, Présidente du réseau Siggil Jigueen, la problématique du genre dans le domaine des ressources minérales semble oubliée dans ces différents programmes. ‘’On ne peut pas parler des programmes, surtout sur les ressources minières, sans parler des femmes. Les candidats doivent nous dire exactement quelle sera la place des femmes dans l’exploitation du pétrole. Comment ils comptent financer l’éducation des filles et la prise en charge de la dimension genre pour que les filles puissent être formées, au même niveau que les garçons, dans les métiers du pétrole pour qu’il y ait de l’équité. Comment utiliser ces ressources pour améliorer leurs conditions et permettre l’autonomisation des femmes. Il faut que l’implication des femmes soit une réalité’’, dit-elle, en rappelant qu’aucun mandataire n’a fourni de réponses à ces questions.

ABBA BA

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