Publié le 5 Mar 2013 - 11:43
INCENDIE MEURTRIER À LA MÉDINA

Dix morts dont 9 talibés et une fille de 7 ans

 

Le bilan de l’incendie survenu à la rue 6 x 19. Neufs corps sans vie dont sept talibés ainsi qu’un brûlé grave ont été dénombrés, suite à une intervention sur le site. L’incendie aurait été causé par une bougie allumée dans une chambre mitoyenne de l’école coranique (daara).

 

 

Dix morts (neuf, selon le ministère de l'Intérieur) dont 9 jeunes talibés et une fillette de 7 ans ! C'est le bilan de l’incendie survenu à la Médina rue 6 x 19, avant-hier nuit. Le feu serait partie d'une bougie allumée qui aurait causé l'explosion d'une bouteille de gaz dans une école coranique qui était sous la responsabilité de quatre maîtres : Abdoulaye Anne, Thierno Aliou, Ibrahima et un dénommé Toumani, selon des témoins sur place. Ces derniers étaient aux abonnés absents quand le feu a pris possession des lieux, ajoutent-ils. D'après des témoins, près de 80 personnes vivaient dans ce taudis insalubre dont 51 enfants.

 

Hier matin, les habitants de cette partie de la Médina se sont réveillés dans la douleur et le désarroi. De gros dégâts matériels sont enregistrés : 3 frigos, 3 télévisions, des ustensiles de cuisine, des vêtements, d’autres bagages, etc., ainsi qu'une somme de 100 000 francs Cfa partis en flammes. D’après Awa Sow, un témoin qui a assisté au drame, ‘’l’incendie est venu d’une bougie qui a été allumée par Alimatou Diallo, maman de la fillette de sept ans décédée Mariama Gano’’. Elle signale que «l'imprudente» femme avait laissé ses deux enfants dans la chambre, Mariama et Amadou Samba Gano. ‘’Un matelas s’est enflammé en premier, et c’est à ce moment que la chambre a pris feu avec l’explosion d’un gaz à l’intérieur, raconte-t-elle. Du coup, l’école coranique elle aussi a pris feu.''

 

‘’L’incendie s’est déclaré vers 23h25mn (avant-hier dimanche), j’ai essayé de sauver quelques enfants, mais des jeunes hommes m’ont interdit d’aller vers le feu’’, poursuit Awa Sow. La maman de la fillette, Alimatou Diallo, en grand boubou rose et tout en larmes, n’a voulu piper mot. Entourée par quelques proches, elle n’a pas arrêté de pleurer. Seule Mariama Diamouténé, l’homonyme de la fillette brûlée, a su faire quelques témoignages. «J’habite à Thiaroye, c’est vers 6h du matin que mon fils m’a appelée pour m’informer que la petite Mariama est décédée suite à un incendie dans leur chambre», dit-elle. «Je suis choquée et je demande au Tout-Puissant de les accueillir dans son Paradis», implore-t-elle.

 

Sur place, trônent bols en aluminium, zincs, tissus, sandales brûlés… Le cauchemar semble total pour les habitants de cette partie de la Médina dont certains sont en colère contre les autorités. Lissa Faye, la cinquantaine, estime que dans ce «coin» qu'est leur quartier, «il y a du tout. Et tous ceux qui veulent faire du n’importe quoi se rabattent ici, il n’y a pas d’éclairage, ni de sécurité pour veiller sur nous et sur nos biens...» Une autre habitante, Diatou Sène, sa fillette handicapée de sept ans environ sur les bras, se désole de la situation.

 

‘’Nous n’avons personne pour nous venir en aide’’, déplore-t-elle. Imam Serigne Cheikh Sall, président de l'Association des Imams de Touba, abonde dans le même sens. ‘’Nous dénonçons la situation des écoles coraniques au Sénégal, alors que chaque jour nous entendons dire ou écrire que 40% du budget national sont destinés à l’Education, dans un partage où les daaras ne sont pas pris en compte’’, dit-t-il. Quant à Awa Sow, elle est inconsolable. «Toutes nos maisons sont en baraque et nous habitions avec les talibés», fulmine-t-elle. «Personne n'est jamais venu s'enquérir de nos conditions de vie, en pleine ville...»

 

Du côté des autorités, on essaie de prendre en mains la situation. C'est ainsi que les 41 autres talibés pensionnaires du daara, tous des enfants, ont été placés dans certaines conditions pour leur éviter des traumatismes consécutifs à la violence des images, indique le ministre et porte-parole du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly. C'était au cours d'un point de presse tenu dans les locaux du ministère de l’Intérieur. Selon lui, les sapeurs-pompiers alertés à 23h26mn sont intervenus sur le site à 23h32mn pour porter secours aux victimes. Une enquête approfondie a été diligentée afin de déterminer les causes du drame et d’en situer les responsabilités pour éviter que pareille situation ne se reproduise.

 

Les corps des victimes pas encore identifiables

 

Jusqu'à hier, il n'était pas encore possible de procéder à l'identification des corps des victimes recueillis par les sapeurs-pompiers, «à quelques exceptions près», la faute à un très haut degré de brûlure, a-t-on appris sur place. Preuve de la violence de l'incendie, le maître coranique lui-même n'est pas arrivé à mettre des noms sur certains des corps, selon des sources concordantes.

 

 

 

 

 

AÏDA DIÈNE (STAGIAIRE)

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