Publié le 15 Sep 2021 - 15:38
INIQUITE VACCINALE CONTRE LE CORONAVIRUS

Seulement 2 % des doses administrées en Afrique 

 

L’Organisation mondiale de la santé (Oms) et un groupe de dirigeants mondiaux de la santé ont lancé, hier 14 septembre,  un appel urgent en faveur de l’équité vaccinale à l’échelle mondiale et en Afrique en particulier.

 

En conférence de presse hier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a montré sa désolation face à l’iniquité vaccinale. Avec un groupe de dirigeants mondiaux, les responsables de l'organisation onusienne ont souligné que la pire pandémie des cent dernières années ne prendra pas fin tant qu'il n’y aura pas une véritable coopération mondiale sur l’approvisionnement et l’accès aux vaccins. Ils ont également réitéré l’objectif mondial de vaccination de l’OMS pour que 70 % de la population de tous les pays soit vaccinée d’ici la mi-2022.

Selon le directeur général de l’OMS, Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, plus de 5,7 milliards de doses ont été administrées dans le monde. Mais seulement 2 % d’entre elles ont été administrées en Afrique.  Cela, dit-il, ne fait pas que blesser les peuples d’Afrique. ‘’Cela nous blesse tous. Plus l’inégalité en matière de vaccins persiste, plus le virus continuera de circuler et de varier. Plus les perturbations sociales et économiques se poursuivront et plus il y aura de chances que davantage de variants émergent, qui rendent les vaccins moins efficaces’’, révèle le Dr Tedros.

Sur la même veine, Strive Masiyima, envoyé spécial de l’Union africaine pour la Covid-19, a aussi plaidé pour la disponibilité du vaccin pour tous. A son avis, c’était un grand miracle d’avoir ces vaccins. Maintenant, il faut que ce miracle soit disponible pour toute l’humanité. ‘’Nous ne serons pas en mesure d’atteindre 60 % de notre population complètement vaccinée, si nous n’explorons pas et ne déployons pas pleinement le pouvoir du partenariat, le pouvoir de la coopération et le pouvoir de la solidarité. Nous avons tous reconnu maintenant que les vaccins sont la seule solution pour sortir collectivement de cette pandémie. Cela doit être fait rapidement’’, conseille le directeur du CDC Afrique, Docteur John Nkengasong.

Pour la secrétaire générale adjointe de l’ONU et secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique, Docteur Vera Songwe, chaque mois de confinement sur le continent africain a coûté 29 milliards de dollars de production perdue. ‘’Quand nous disons que la Covid-19 est un problème économique et que nous devons y répondre pour pouvoir récupérer et réinitialiser nos économies, c’est réel. Et pour cela, nous avons besoin de financement et nous devons voir comment nous pouvons rassembler les structures financières mondiales pour nous assurer que nous pouvons réellement répondre à cette crise. Nous savons que la rareté signifie une augmentation des coûts. Nous ne pouvons pas nous permettre aujourd’hui, en tant que continent, ce genre de pénurie’’, prévient-elle.

De l’avis du professeur Benedict Oramah, Président du Conseil d’administration d’Afreximbank, l’Afrique ne veut pas être à nouveau au bas de la file d’attente, en ce qui concerne les vaccins.  Parce que, explique-t-il, il était bien connu de tous que la reprise économique signifiait maîtriser le virus.

Sur le même diapason, le président-directeur général de Gavi, Docteur Seth Berkley, juge que la réunion est importante, car elle symbolise l’esprit de partenariat entre Covax, l’Union africaine et Avatt.  ‘’L’Afrique a besoin de plus de doses et ensemble, nous les obtiendrons. Nous sommes sur le point d’entamer la période la plus occupée de ce qui est le déploiement de vaccins le plus important et le plus complexe de l’histoire. Nous avons démontré que Covax peut fonctionner à grande échelle, mais il est vraiment temps pour le monde de le soutenir’’, sollicite le Dr Seth.

Par ailleurs, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Docteur Matshidiso Moeti, révèle que la question est parfois posée de savoir si les pays africains ont la capacité d’absorber les vaccins.  ‘’La réponse est oui. Le défi permanent est que les approvisionnements mondiaux ne sont pas partagés de manière à sortir le monde de cette pandémie. Des centaines de membres du personnel de l’OMS sont sur le terrain, prêts à aider les pays à élargir leurs sites de vaccination et à gérer la complexité des petites livraisons d’une variété de vaccins’’, renseigne le Dr Moeti. Avant d’ajouter que les pays africains l’ont déjà fait auparavant en mettant en œuvre avec succès des campagnes de vaccination massives contre la poliomyélite, la fièvre jaune et le choléra.

VIVIANE DIATTA

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