Publié le 30 Nov 2022 - 17:21
INTERNALISATION DE L’ENTREPRENEURIAT DANS LA FORMATION PROFESSIONNELLE

Les formateurs outillés pour la création de plus d’auto-entrepreneurs 

 

Atteindre le plein emploi sur le marché sénégalais passera inexorablement par le développement de l’esprit d’entrepreneuriat. Dans l’offre de formation, le Bureau international du travail (BIT) et le ministère de la Formation professionnelle, de l'Apprentissage et de l'Insertion unissent leurs efforts pour former les entrepreneurs de demain.

 

Moins de théorie, plus de pratique. Ne plus produire que des généralistes, mais plutôt créer des entrepreneurs. Tel est le cap que tient à faire passer le Bureau international du travail (BIT) à la formation au Sénégal. Dans cette optique, un atelier de deux jours s’est ouvert hier, dans un hôtel de la place, dans le cadre du Projet d'appui à l'internalisation des modules de formation en entrepreneuriat dans le système de formation professionnelle et de l'artisanat.

Selon Fatime Christiane Ndiaye, Spécialiste principale genre-égalité-diversité bureau de l'Organisation internationale du travail (OIT) à Dakar, ‘’il a été développé par le Centre international de formation de l'OIT à Turin, en étroite collaboration avec le ministère de la Formation professionnelle, de l'Apprentissage et de l'Insertion, à travers sa Direction de la formation professionnelle et technique. Il a pour objectif principal de fournir aux chefs d'établissement, chefs des travaux, responsables des cellules d'appui à l'insertion, formateurs et formatrices en entrepreneuriat, ainsi qu'aux cadres de la Direction de la formation professionnelle et technique des concepts, approches et outils pratiques pour l'élaboration et la mise en œuvre des plans d'action pour promouvoir envers les jeunes l'auto-emploi et l'entrepreneuriat vert, comme un choix de parcours professionnel souhaitable et réaliste’’.

Au Sénégal, le chômage frappe d’abord les plus jeunes de la population active (15 à 35 ans). Selon les chiffres de l’IOT, plus de la moitié des jeunes ayant une formation et en quête d’un emploi privilégient les relations personnelles en matière de recherche d’emploi. Seuls 8 % cherchaient à créer leur propre affaire.

Pour inverser cette tendance, le projet a pour mission de contribuer à accroître les opportunités d’emplois des jeunes hommes et jeunes femmes au Sénégal par le renforcement de l’esprit entrepreneurial dans le système de formation professionnelle.

Démarré le 21 septembre 2020, il couvre une période de 36 mois (avril 2020-avril 2023).

Les modules d’entrepreneuriat désormais curricula de formation professionnelle et technique

Dans sa démarche, le Projet d'appui à l'internalisation des modules de formation en entrepreneuriat dans le système de formation professionnelle et de l'artisanat initie un processus participatif et inclusif, qui favorise le dialogue institutionnel et le partage d'expérience de tous les acteurs. Cette approche, assure Fatime Christiane Ndiaye, présente deux avantages : ‘’Le premier, d'aller en profondeur sur la question de l'internalisation de l'entrepreneuriat ; et le second, de le situer à l'échelle, tout en veillant à l'équité territoriale. Les modules de formation en entrepreneuriat qui préparent les jeunes femmes et les jeunes hommes à l'auto-emploi sont désormais dans l'ensemble des curricula de formation professionnelle et technique, quels que soient le métier et le niveau de qualification. L'entrepreneuriat devient alors une matière obligatoire dans les curricula de la formation professionnelle et technique.’’

Dans les faits, le projet a appuyé un processus de dialogue institutionnel qui a abouti à l’engagement et l’appropriation du gouvernement du Sénégal matérialisé par un arrêté signé n°017420 du 23 avril 2021 portant sur l’internalisation des modules de l’entrepreneuriat dans les curricula de formation professionnelle et technique, et une note d’orientation qui a consisté à harmoniser et mettre en cohérence des approches et besoins en formation entrepreneuriale. Il a également soutenu la révision de 12 programmes de formation professionnelle et technique selon l’approche par compétence et la compétence entrepreneuriale y est intégrée. Ces enseignements sont localisés, entre autres, au lycée technique et de formation professionnelle François Xavier Ndione de Thiès, au lycée André Peytavin de Saint-Louis, dans les centres régionaux de formation professionnelle de Saint-Louis, de Louga, etc.

Tout ceci entre dans la vision du président de la  République de réorienter l’enseignement vers les sciences, le numérique, les technologies et l'entrepreneuriat. L’assurance est faite par la ministre de la Formation professionnelle, de l'Apprentissage et de l'Insertion venue présider le lancement de l’atelier.

Selon Mariama Sarr, ‘’l’entrepreneuriat se révèle comme un invité incontournable pour l’emploi des jeunes à travers le développement des capacités et attitudes de travail et l’esprit d’entreprise’’.

Mariama Sarr : ‘’L’entrepreneuriat se révèle comme un invité incontournable pour l’emploi des jeunes’’

La formation en entrepreneuriat s'accompagne d'une conception d'outils pédagogiques et didactiques édités par l'Office national de formation professionnelle en collaboration avec le Centre international de formation de Turin. Aussi, les modules de formation en entrepreneuriat sont durablement intégrés dans le système de formation professionnelle publique et pris en charge dans un cadre clairement défini et responsabilisant totalement les structures nationales. Les capacités des maîtres formateurs et des formateurs du système de la formation professionnelle sont développées et régulièrement entretenues en son sein.

Pour la spécialiste principale genre-égalité-diversité bureau de l'OIT à Dakar, la vision du projet est d'avoir des maîtres formateurs et des formateurs, des femmes et des hommes résolument tournés vers ‘’la qualité et la recherche de l'impact’’ pour le maintien du label des programmes Germe et Clé. Ces programmes jouent un rôle important dans la performance et la durabilité des micros, petites et moyennes entreprises, ainsi que dans la consolidation des emplois dans le cadre de l'Agenda pour le travail décent.

Dans ce dessein, ajoute-t-elle, ‘’nous ambitionnons de capaciter tous les formateurs des 12 établissements pilotes, qu'il s'agisse des formatrices et formateurs techniques en ce qui concerne les matières transversales, que de ceux en gestion qui accompagneront les apprenantes et apprenants dans la réalisation de leurs projets professionnels’’.

Pour sa part, Mariama Sarr s’est dite convaincue qu’à l’issue de ces deux jours de formation, ‘’les plans d’action et indicateurs de suivi produits par chacun des établissements pilotes serviront de tableaux de bord pour une mise en œuvre effective de ce projet, afin de faire de nos apprenants de véritables entrepreneurs dès leur sortie’’.

Lamine Diouf

 

Section: