Publié le 6 Jan 2016 - 16:41
KOUNKANE - CENTRE DE SANTE DELABRE, MANQUE D’ELECTRICITE ET D’EAU POTABLE…

Ville morte décrétée hier 

 

Les populations de la commune de Kounkané ont organisé, ce mardi 05 Janvier, une marche pacifique pour réclamer l’érection du poste de santé en centre de santé, l’extension du réseau électrique, la construction d’un nouveau forage, la fermeture des caniveaux à ciel ouvert et l’installation d’une unité piscicole.

Reportage.

Routes barrées, véhicules immobilisées, restaurants, boutiques, établissements et station d’essence fermés, Kounkané a été une ville morte, hier, 05 janvier 2016. Les populations sont descendues dans la rue pour dénoncer le manque d’infrastructures socio-économiques.  Ils se sont faits un point d’honneur à rappeler aux pouvoirs publics les contraintes qui plombent le développement de leur commune. « Nous jugeons qu’il est inadmissible que, dans une commune digne de nom qui polarise près de 20.000 âmes, ses habitants ne puissent pas se soigner convenablement, ne puissent pas accéder à une eau potable. Que la majorité de ses habitants ne puissent pas profiter de l’électricité », a martelé Amadou Baldé, porte-parole des manifestants.

Les populations croient dur comme fer que leur commune est frappée de malédiction. D’autant que toutes les autres collectivités locales, surtout celles traversées par la RN6 qui a été réhabilitée par le MCA, ont bénéficié de nouvelles infrastructures. Notamment, la construction de murs de clôture pour les écoles, des postes de santé, des marchés hebdomadaires, des forages, entres autres réalisations. Mais, « la commune de Kounkané n’a rien », tel est leur constat. Et comme si cela ne suffisait pas, la construction de la RN6 a légué, d’après Amadou Baldé, à leur commune des caniveaux à ciel ouvert avec leur lot de conséquences néfastes pour l’environnement et la santé publique. D’où leur devoir de rappeler à « l’Etat son devoir régalien de protection, d’assistance et de justice ». Les populations demandent  la fermeture de ces caniveaux.

Des patients reçoivent des perfusions dans la cour

Créé, dit-on, vers 1943, le poste de santé de Koukané est dans un état de délabrement très avancé. La dalle ne tient plus. La maternité a été délocalisée, parce que le bâtiment menace de s’effondrer. A cela s’ajoute le manque criard d’équipements et de personnel. D’ailleurs, certains patients reçoivent des perfusions dans la cour, faute de lits. « Regardez comme on peut exposer le malade, dehors. Il n’y a pas d’intimité. Nous sommes exposés à l’air libre, à la merci des intempéries, du vent et des passants. Nous avons assez des mauvaises conditions d’accueil du poste de santé », déplore Moussa Seydi, un malade trouvé sur place. Selon Amadou Diao, un autre patient trouvé à l’intérieur du bâtiment, si rien n’est fait, le bâtiment risque de s’effondrer un jour et causer des pertes en vies humaines. « L’Etat doit nous aider à sortir de cette mort programmée », souligne le sexagénaire.

A en croire, Boubacar Baldé, président du comité de santé de Kounkané, le poste de santé est très fréquenté. Il reçoit des malades venant de communes comme Paroumba, Pakour, Saré Collé Salé. Mais aussi des villages environnants deux Guinées et la Gambie. « Le poste de santé dispose de presque 30 lits et 13 matelas. Pendant l’hivernage, il y a trop de malades. Le poste enregistre par jour 90 à 120 malades. Finalement, on met deux malades par lit. Parfois, on amène des nattes pour les étaler à même le sol. Nous sommes obligés, comme vous le voyez ici, de sortir les deux ambulances de sous le hangar pour y placer des lits, afin d’hospitaliser les malades ». Les populations de Kounkané réclament donc l’érection de leur poste de santé en centre de santé de niveau 2.

Les populations exigent l’extension du réseau électrique

Distant de Kolda de 98 km, une partie de la commune de Kounkané vit dans l’obscurité totale. « Le Chef de l’Etat nous avait promis 15 km d’extension d’électricité. Jusqu’à présent, on a rien vu », regrette Amadou Baldé, porte-parole des manifestants. Une visite faite au niveau fleuve a permis de constater que la commune de Kounkané dispose de ressources halieutiques. Mais, faute de soutien et d’équipement, les pécheurs se débrouillent avec les moyens du bord. « Nous sommes confrontés à des problèmes liés au manque d’équipements, de financements et d’organisation. Nous pécheurs de Kounkané, nous partageons ce fleuve avec les maliens qui ne respectent pas les normes de pêche. Ils utilisent de petits filets qui attrapent de petits poissons. Au moment de la vente, ils sont obligés de jeter ces poissons. Car, personne ne peut les manger. Ce n’est pas normal. Or, si le secteur est organisé, il n’y aura pas ce gaspillage-là », souligne Sada Sarr, président des pécheurs de la commune de Kounkané.

Malgré les énormes potentialités halieutiques et agro-sylvo-pastorales dont regorge Kounkané, la commune peine à prendre son envol économique. D’où l’accroissement continu du niveau de la pauvreté. « Nous exigeons l’installation d’une unité piscicole afin de revaloriser le secteur halieutique et permettre aux jeunes de trouver un emploi dans leur terroir et éviter l’exode rural ».

Enfin, les populations de la commune de Kounkané n’ont pas manqué de remercier les autorités étatiques pour les efforts consentis en matière de sécurité, du fait que leur localité dispose d’un cantonnement militaire, d’une brigade des sapeurs-pompiers et d’un commissariat de police. 

Emmanuel Bouba YANGA (KOLDA)

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