Publié le 5 Jun 2015 - 16:26
LUTTE CONTRE LE TERRORISME

Les guides religieux invités à investir leur argent dans cette croisade

 

Le panel de haut niveau organisé par l’Agence de presse Apanews, ce jeudi 4 juin, a permis de dégager de nouvelles esquisses de solution face à la problématique du terrorisme. Et dans cette dynamique, les panélistes exhortent les chefs religieux à s’impliquer dans ce combat.

 

‘’L’islam dans les médias, quels défis des leaders islamiques ?’’ C’est le thème du séminaire organisé hier par l’agence de presse africaine Apanews qui veut, à travers des débats de haut niveau, dérouler un projet de plaidoyer. Ainsi, chercheurs, islamologues et autres intellectuels ont tenté d’approfondir la réflexion sur la manière de neutraliser ce ‘’fléau planétaire’’ et d’engager les leaders islamiques dans le combat. Il ressort des débats que le caractère désuet du langage des chefs religieux constitue l’un des obstacles majeurs, surtout que ces réseaux très mouvants tendent à la massification, en enrôlant de plus en plus de jeunes, un peu partout dans le monde. Pour l’ancien ministre des Affaires religieuses, Bamba Ndiaye,  s’il est admis qu’il n’y a qu’un islam, pas un islam violent ou un islam de paix, il urge de définir de nouvelles approches dans cette croisade. Il souligne que la communication est la clé de voûte que doivent saisir aussi bien les leaders que les médias nationaux.

Dans cette dynamique, il considère que ‘’les leaders islamiques ne maîtrisent pas le langage codé des jeunes qui intègrent de plus en plus ces réseaux. En dehors de la limite de l’approche militaro-sécuritaire, la méconnaissance des modes d’action des salafistes, par exemple, pose un énorme problème. Ce sont des mouvements initiatiques, avec des ordres initiatiques. Un profane ne peut maîtriser leur langage ou leur mode de fonctionnement. Les études et recherches entreprises dans ce sens n’ont pas permis de pénétrer leur univers.’’ Si les panélistes ont, de commun accord, convenu qu’il faut une redéfinition des concepts de jihadisme, de terrorisme et de laïcité, ils estiment qu’il faut mettre l’accent sur la formation des leaders islamiques en Ntic.

‘’C’est bien de construire des mosquées, mais il y a plus important’’

Dans son intervention, le professeur Khadim Mbacké, ancien chercheur à l’Ifan, a invité à une meilleure prise en considération de la dimension éducation et formation, laquelle est de taille dans la religion musulmane. Il exhorte les chefs religieux à une meilleure participation citoyenne, tout en soulignant qu’il faut éviter de condamner le terrorisme qui a existé dans différentes sociétés humaines. Dès lors, il pense qu’‘’il faut agir sur les causes et privilégier l’approche positive sur l’approche négative et songer à une meilleure répartition et une justice sociale.

Au Sénégal, l’islam renvoie aux confréries religieuses qui jouent un rôle très important dans l’éducation, la formation et l’emploi. Mais, étant donné les défis auxquels nous sommes confrontés, leurs rôles de guides spirituels doivent se développer, ils doivent s’investir dans la création d’institutions scolaires adaptées. Ils en ont les moyens.’’  Il ajoute : ‘’Dans la cité religieuse de Touba, par exemple, nous avons plus de 400 mosquées. Je pense qu’il n’est pas utile d’utiliser ces moyens pour construire des mosquées, alors que des défis pressants sont là. Il faut utiliser les moyens dont nous disposons utilement. Parmi les causes énormes du terrorisme figurent l’ignorance, la pauvreté, l’extrémisme qui est dû à l’ignorance. Le combat est à ce niveau, c’est un combat qui doit engager tous les musulmans.’’

‘’Le terrorisme n’a pas de religion, ni de doctrine’’

Les panélistes ont également embouché la même trompette soulignant que ‘’le terrorisme n’a pas de religion, ni de doctrine et qu’il n’est pas l’apanage des musulmans. Pour le professeur Khadim Mbacké, l’exemple de ‘’l’armée du Seigneur ‘’au Burundi qui a causé des atrocités pires que Boko Haram est patent. Les pays occidentaux ont connu leurs mouvements terroristes avant de dégager des solutions de crise qui ont abouti à des perspectives plus sereines.  Si le Dr Abdou Karim Dia a relevé plus de 200 définitions du terrorisme, avant d’esquisser des solutions à caractère économique, tous consentent  à dire que ces mouvements ont des liens géostratégiques avec l’Occident.

Par ailleurs, le séminaire qui a incité à une rupture de paradigme, a mis en lumière le sens réel du terme jihad, partie intégrante de l’islam. S’il est présenté comme une action militaire qui se drape sous plusieurs manteaux avec comme objectif majeur de se défendre, voire de riposter à une attaque, pour le professeur Khadim Mbacké, ‘’le jhad en son sens réel est bien organisé. Il est placé sous la conduite d’une autorité suprême ; c’est un ultime recours en islam. Les jihadistes n’ont pas le droit de tuer des enfants, des femmes ou des civils, encore moins de détruire des maisons.‘’

Matel BOCOUM

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