Publié le 6 Apr 2012 - 07:38
MÉDIATTITUDE

Nouveau type de presse ?

Les actes posés par le nouveau Président Macky Sall ont un dénominateur commun : rupture. Pas de ballet ininterrompu de voitures plus ou moins rutilantes et de défilé incessant de personnalités sous l’œil des caméras et des journalistes. Au risque de nous répéter, ces derniers n’ont pas fini de regretter Abdoulaye Wade, monsieur ''jamais sans ma télé'' et à la communication ''passoire'' où tout pouvait filtrer. Avec lui, les rumeurs de nominations et autres remaniements étaient d’abord annoncées au conditionnel par la ''Rue publique'' avant d’être confirmées au présent par la ''République''. Mais, avant d’aller plus loin, petit rappel des faits pour le nouveau type de président.

 

D’abord la nomination d’un Premier ministre, banquier de son état et surtout sans coloration politique connue. Ensuite son premier discours à la Nation. A noter la ponctualité, l’heure annoncée a été respectée. Qui disait que la ponctualité est une forme de politesse ? A relever la forme ou le style : c’est debout que Macky Sall a fait son discours. Du jamais vu de mémoire de téléspectateur sénégalais. Une démarche saluée par Bakary Domingo Mané, journaliste à Sud Quotidien et non moins chargé de cours de communication politique, invité sur le plateau de la 2Stv pour décortiquer la posture et la gestuelle du 4e président du Sénégal. Selon le journaliste, la station debout est la meilleure à adopter pour se livrer à ce genre d’exercice et la paume vers le ciel est une manière de faire offrande de sa personne. A pointer enfin la durée du discours : 20 minutes, montre au poignet. Même avec un débit à vitesse moyenne, tous les sujets brûlants sur lesquels ses concitoyens l’attendaient ont été abordés par un Macky Sall, concis, clair et sans langue de bois.

 

Après le discours, la cérémonie de prise d’armes pour la fête du 4 avril. Là encore, l’heure a été respectée, arrivée à 10 h, comme prévu et… sans sa dame. A la fin de la cérémonie, un discours de quelques minutes (la montre n’était pas à portée de main, désolé !) et une interview, pardon : une question à… S.E.M le président de la République (formule à enseigner dans les écoles de journalisme !) posée par la Directrice de la télévision nationale, Gnagna Sidibé Diagne. En français et en wolof, bien sûr, selon la formule consacrée au pays de la Teranga.

 

Enfin, dernier acte de la méthode Macky : la nomination du gouvernement. Un communiqué sur la liste des nouveaux ministres pour sonner la fin d’une longue attente pour la presse obligée de retarder le bouclage pour la plupart. Pour ne pas infliger un énième commentaire, reprenons juste ce moment de télé. C’est sur la TFM que cela se passe où le journaliste-chroniqueur Tamsir Jupiter Ndiaye, est invité à livrer son point de vue sur la composition du nouveau gouvernement. Jupiter donc s’est laissé aller au dénigrement en doutant de la pertinence du choix porté sur un homme ayant grandi, selon lui, entre Point E, Fann et Paris pour diriger un gouvernement qui saura répondre efficacement aux complaintes des pauvres ''goorgorlu'' (débrouillards).

 

Usant de la critique facile et portant l’estocade, il n’a pas manqué de remettre également en cause la nomination de Youssou Ndour au ministère de la Culture et au Tourisme. Sauf que Tamsir Jupiter Ndiaye oubliait sans doute qu’il parlait du patron de ses confrères. De quoi faire réagir aussitôt et à sa suite, Alassane Samba Diop, Directeur de la rédaction de RFM. Bien à propos, celui-ci s’est trouvé dans la posture de l’avocat de son ''patron'' pour justifier la désignation de You comme ministre. Pour les journalistes du Groupe Futurs médias, le malaise ainsi estompé ne fait que commencer… Nouveau type de média !

 

Karo DIAGNE-NDAW

 

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