Publié le 5 Mar 2021 - 18:50
MANIFESTATIONS AUX PARCELLES-ASSAINIES

Auchan, Total et Sonatel complètement saccagés

 

Au lendemain de l’arrestation d’Ousmane Sonko, aux Parcelles-Assainies, des manifestants ont saccagé, pillé et brûlé l’agence Sonatel, la boutique Auchan et les stations Total de la localité.  

 

Les manifestations contre l’arrestation du leader du Pastef, Ousmane Sonko, ont repris de plus belle, hier, dans divers endroits du pays. Aux Parcelles-Assainies, les commerces et enseignes qui sont considérés comme ‘’des symboles de la colonisation’’, en ont fait les frais. Ils ont été saccagés avant d’être vidés. Vers les coups de 17 h, sur toutes les routes qui mènent vers l’école Dior, c’est le décor habituel des grands jours de manifestations : des cailloux jonchant le sol, des pneus brûlés, l’air devenu irrespirable à cause de la forte fumée âcre. L’objectif principal étant, éventuellement, de barrer la route aux forces de l’ordre. Mais grande fut leur surprise : aucun dispositif de sécurité n’a été déployé pour disperser la foule. Mise à part une voiture de police qui est passée pour juste constater les faits, avant de disparaître dans la nature.

 Ainsi, la station Total qui fait face à l’école Dior a été complètement saccagée, puis brûlée, alors qu’elle n’était même pas en service, comme tant d’autres boutiques, en raison des événements qui s’étaient produits le mercredi. Les jeunes ne se sont pas limités à cet acte. Réconfortés par leur nombre grandissant et surtout par l’absence de policiers, certains d’entre eux ont traversé le portail du commerce qui a été défoncé. Ils y ressortaient avec des produits alimentaires et cosmétiques.

Avec une fierté affichée, comme des ‘’trophées de guerre’’, ils transportaient leurs ravitaillements à l’aide de divers récipients à portée de main. Certains ont même utilisé les chariots trouvés dans le magasin qu’ils poussaient sur la route goudronnée, sous le regard des riverains et des écoliers de Dior. Ahurissant ! Ceux qui, visiblement, résident tout près, à l’Unité 19, faisaient des allers-retours. Et si certains parmi eux sont encagoulés, d’autres n’ont pas jugé nécessaire de cacher leur visage.

‘’La journée de demain (aujourd’hui) sera plus belle’’

 Pendant ce temps, les manifestants les plus déterminés ont filé tout droit vers le magasin Auchan sis au niveau du croisement 22, à la station Total et à l’agence Sonatel de Soprim. D’autres ont rebroussé chemin, parce qu’estimant qu'il y a des gens qui en font trop. ‘’J’ai, depuis le début, participé à la manifestation. Mais certains sont en train de voler tout ce qu’ils trouvent dans les boutiques. Ils prennent même les couches pour bébé.  C’est pour cela que j’ai arrêté. Notre combat est très noble, il ne faut pas qu’ils l’entachent’’, a confié un jeune père de famille croisé à côté du terminus de Dakar Dem Dikk.  La tête couverte d’un béret assorti à son pull-over jaune, il informe : ‘’Ils sont toujours là-bas.’’

Direction Unité 22. Ici, la situation est presque la même. Mais les choses semblent plus sérieuses. Le poste de police est tout proche. Ainsi, au-delà des pneus brûlés, l’on note, entre autres, des poteaux électriques et des barres de fer jonchant sur la route. Les trois ‘’symboles de la France’’ déjà saccagés.

 Aux magasins Auchan et à la station Total, les manifestants tentent, par tous les moyens, de vider les produits qui s’y trouvent. Puis, jeunes filles, enfants et charretiers entrent dans la danse. Souriants et surexcités, ils emportent tout, même les chaises. C’était une sorte de jeu, pour eux. Aucune parole politique n’est scandée. Ils en ont vendu aux demandeurs qu’ils ont croisés sur le chemin du retour.

Après leur ‘’approvisionnement’’, deux jeunes filles, assises à même le sol devant une maison dont la porte d’entrée est fermée, se sont permis un petit moment de répit. Par-devers elles, une importante quantité de produits alimentaires et d’hygiène corporelle. En sueur, pieds tâchés d'huile (issue de la station Total) et de poussière, elle semble venir de loin. ‘’Ne restez pas là. Rentrez chez vous avant que la police ne vienne. Sinon, vous allez avoir de sérieux problèmes’’, leur conseille un jeune homme venu suivre curieusement ce spectacle inédit. L’une d’elles, tête rasée, rétorque en respirant profondément : ‘’Oui, on va bientôt rentrer. On habite tout près.’’

L’agence de la Sonatel qui avait subi moins de dégâts, sera attaquée par des jeunes qui l’ont pillée avant d’y mettre le feu. Plus tôt dans la soirée, seules les vitres blindées de l’agence de cette société ont été caillassées. En outre, les fers et les tôles en zinc qui servaient de clôture de chantier ont été emportés par des ouvriers et des charretiers.

‘’La journée de demain (aujourd’hui) sera plus belle’’, s’enthousiasme un enfant d’à peine 14 ans, au sortir de la boutique de la station Total de Soprim (Croisement 22).

BABACAR SY SEYE

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