Publié le 16 Mar 2016 - 00:15
MENACE DJIHADISTE

Grand Bassam, une piqûre de rappel pour le Sénégal

 

Les alertes américaines et françaises relatives à des risques imminents d'attaques à Dakar et à Abidjan n'étaient pas que de vaines spéculations. La première attaque terroriste en Côte d'Ivoire, sur la plage de l’hôtel du Sud à Grand Bassam, non loin d’Abidjan, a provoqué une nouvelle onde de choc et un émoi dans la sous-région. C'est ce que recherchaient les auteurs de ce nouvel acte de barbarie. Une autre preuve qu'en dépit des mesures prises pour anticiper toute attaque meurtrière, le Sénégal reste toujours une cible pour ces hommes n'ayant aucun respect pour la vie humaine.

Dernièrement, nous rappelions sur la foi de sources très au fait de cette question terroriste, qu’une équipe multi task composée des différents services de sécurité concernés multiplient discrètement les séances de travail pour inventorier, caractériser et définir le niveau de menace potentielle de plusieurs sites susceptibles d’être dans le viseur de personnes mal intentionnées et endoctrinées par les djihadistes. Visiblement, les mesures d'anticipation et de prévention fonctionnent jusqu'ici, permettant relativement au Sénégal de rester à l'abri. Force est de reconnaître qu'après l'attaque de Grand Bassam, nombreux sont les concitoyens qui se demandent jusqu'à quand cette relative quiétude va perdurer?

Car le choix d'une station touristique, à seulement une trentaine de kilomètres d'Abidjan, est un signe voulu par les terroristes pour montrer leur capacité à s'ajuster aux mesures de contreterrorisme prises dans les Etats de la sous-région et à les contourner pour faire beaucoup plus de dégâts et de façon spectaculaire. Il urge donc d'agir un peu plus dans le pragmatisme et le concret car dans cette affaire, le malheur n'arrive pas qu'aux autres. Surtout qu'un regard de la carte des dernières attaques terroristes conforte le sentiment d'encerclement de la menace djihadiste.

Les terroristes profitent en effet de la moindre faille pour rappeler leur présence nuisible. Etant donné le caractère transfrontalier de la menace, les réponses et les mesures de prévention nationales, quelle que soient paraissent plus que jamais limitées. La coopération et l'échange de renseignements à l'échelle sous régionale a récemment fait ses preuves avec la traque du terroriste mauritanien Cheikh Ould Salek, évadé d'une prison de Nouakchott. Le Sénégal avait mis la main à la pâte au moment de cette traque qui s'est achevée en Guinée-Conakry. Si la Mauritanie avait agi seule, Cheikh Salek serait aujourd'hui une menace pour tous ces pays où son réseau lui a fourni une couverture.

L'impréparation de nos faibles Etats de la sous-région devrait donc céder la place à la conception et à la mise en œuvre d'une stratégie régionale avec une véritable mutualisation des ressources sécuritaires en matière d'hommes, de ressources financières, logistiques, etc. Puisque là où les Etats africains évoquent leur pseudo souveraineté pour s'y agripper, les terroristes font appel à la motivation fanatisée, source de la détermination à endurer, à s'ajuster et à réussir quelques coups d'éclats aux conséquences toujours dramatiques.

 

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