Publié le 24 Dec 2013 - 01:29
MIKH AIL KHODORKOVSKI

un nouveau combat, loin de la politique et des affaires

 

Au jour 3 de sa nouvelle vie, Mikhaïl Khodorkovski a pu constater que les journalistes n'avaient, en dix ans, pas appris les bonnes manières. Quand enfin il atteint la scène dans le Musée du Mur de Berlin, la conférence de presse manque de tourner à l'émeute. 

Des reporters du monde entier jouent des coudes pour saisir l'image de l'ex-prisonnier politique le plus célèbre de Russie. Saisissant le micro, il ramène le calme et s'excuse de devoir largement décevoir la curiosité de la presse.

En si peu de temps à l'air libre, il dit ne pas avoir échafaudé beaucoup de plans. Mais il a quelques certitudes. D'abord, son avenir proche ne se déroulera pas en Russie. «Je n'ai pas de garantie de pouvoir repartir à l'étranger si je rentre», explique le cinquantenaire.

Il pose aussi comme préalable une étape judiciaire qui lui garantirait de ne pas être poursuivi à nouveau dans l'un des volets de l'affaire qui a conduit l'ancien magnat du pétrole derrière les barreaux.

À sa descente de l'avion privé qui l'a transporté en Allemagne vendredi, les autorités lui ont remis un visa d'un an. Avec ce sésame, il peut circuler librement dans l'espace Schengen. Annoncé en Suisse ou à Londres, il a laissé ce point en suspens et dit vouloir d'abord passer du temps avec ses proches.

Libéré avec l'aide de Berlin, Mikhaïl Khodorkovski ne s'exile pas simplement géographiquement. Marqué par sa longue détention, il tourne le dos à ses ambitions politiques, qui ont conduit à sa chute en 2003 quand Vladimir Poutine a souhaité écarter un potentiel concurrent. Et surtout l'ancien patron du groupe Ioukos ne veut pas redevenir homme d'affaires. «J'ai atteint tout ce que je voulais», précise-t-il, fidèle au contenu de sa correspondance en prison .

Pas besoin de travailler

L'ex-milliardaire déclare ne pas avoir la nécessité de travailler, signe qu'il a pu sauver une partie de sa fortune. Il loge d'ailleurs avec ses proches à l'hôtel Adlon, l'un des plus chers de la capitale allemande. Non, il veut mettre son énergie au service de la société civile, pour «payer sa dette» à ceux qui l'ont soutenu. Il veut s'engager pour ses désormais ex-compagnons d'infortune dans les geôles de son pays d'origine.

«Je ne souhaite pas être perçu comme le symbole de la fin des prisonniers politiques en Russie.» Sanglé dans un costume bleu sombre, Khodorkovski adopte un ton ferme. Ses cheveux ras, légèrement grisonnants, témoignent encore de son destin. Tout au long de la demi-heure de conférence de presse, il démontre un grand contrôle de ses émotions.

C'est d'ailleurs impossible de lui extraire une remarque haineuse envers son bourreau à la tête du Kremlin. «Je suis un pragmatique», rétorque-t-il. Ni la haine ni la vengeance ne lui seraient d'aucune utilité.

Un boycott des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi, en février, ne trouve pas plus grâce à ses yeux. «C'est la fête du sport pour des millions de gens. On ne doit pas gâcher cette fête, même si elle ne doit pas devenir absolument la fête de M. Poutine.»

(…) La seule chose qui lui importe, en plus de remercier ses soutiens, est de rappeler son innocence. En dépit des annonces du Kremlin, sa grâce ne signifie pour lui en rien une reconnaissance de culpabilité. «Ma position n'a pas changé.»

Lefigaro.fr

 

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