Publié le 20 Aug 2014 - 16:27
NECROLOGIE – DECES DE MOMAR THIAM

Le cinéma orphelin d’un doyen de 85 ans

 

Hier est parti à jamais le réalisateur de l’un des meilleurs films sénégalais « Baks », longtemps interdit en salle aux jeunes Sénégalais de moins de 15 ans et 18 ans sous le régime de Senghor.

 

Le cinéma sénégalais a perdu hier l’un de ses pionniers avec la disparition du doyen El hadji Momar Thiam. Né le 24 septembre 1929 à Dakar, selon l’agence de presse sénégalaise, il a été inhumé dans l’après-midi de ce mardi. Malade depuis un bon bout de temps, El hadj Momar Thiam  n’en était pas moins actif car avant d’être alité, il était courant de le voir participer à des rencontres cinématographiques. Ce fut le cas en 2009 lors des Journées cinématographiques de l’institut Léopold Sédar Senghor en hommage à Samba Félix Ndiaye.

Ancien président de l’association des cinéastes sénégalais associés, il a œuvré durant tout son vivant pour le développement du 7ème art. Photographe et cinéaste, il était témoin de beaucoup d’évènements. En effet, après une formation en cameraman à Saint-Mour et Saint-Cloud en France, il intègre les « Actualités sénégalaises ». Il est le premier cameraman sénégalais à y être intégré. Ce qui lui permet de prendre part à différentes manifestations historiques de grande envergure.

Première mosquée de Touba

C’est le cas avec l’inauguration de la première mosquée de Touba en 1963 en compagnie du Président Léopold Sédar Senghor et de feu Serigne Fallou Mbacké. Il a eu aussi le privilège d’assister, derrière l’objectif, à la pose de la première pierre du Théâtre national Daniel Sorano, aux retrouvailles à Kidira entre Senghor et Modibo Keita après l’éclatement de la fédération du Mali, à la première tournée en Casamance du président poète, selon l’APS.  

En 1964, il arrête de travailler pour les Actualités sénégalaises et se tourne alors vers la photographie avant de reprendre la caméra. Son premier film a été réalisé en 1963. Inspiré d’un conte de Birago Diop, le court métrage ‘’Sarzan’’ marque le début de sa carrière de réalisateur. Deux autres suivront : « La lutte casamançaise » et « La malle de Maka kouli ». Puis ‘’Karim’’, une histoire tirée d’un livre d’Ousmane Socé Diop, signe le premier long métrage du réalisateur. Il n’en est pas pour autant son meilleur film.

La drogue dans « Baks »

En effet, les critiques s’accordent à dire que la meilleure production d’El hadj Momar Thiam est de loin ‘’baks’’. Un film qui est d’ailleurs l’un des meilleurs du cinéma sénégalais et qui jusqu’à ce jour est l’une des pellicules qui a enregistré le plus d’entrées au box office. ‘’Baks’’ (ndlr : joint) traite du sujet de la drogue et est l’un des quatre premiers films avec ‘’le bracelet de bronze’’ de Tidiane Aw, ‘’Xala’’ d’Ousmane Sembène et ‘’Ndiangane’’ de Mahama Johnson Traoré à être produit par la société nationale de cinéma créée en novembre 1972.

En 90 minutes, ‘’Baks’’ met en scène un jeune homme, Idrissa, recruté par un délinquant surnommé ‘’Brother Thié’’. Sans détour, Momar Thiam y évoque le quotidien des dealers. A sa sortie en 1974, le film a d’abord été interdit en salle aux moins de 15 ans, ensuite aux moins de 18 ans. Quarante ans après la première de ‘’Baks’’, l’histoire reste plus qu’actuelle.

BIGUE BOB

 

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