Le baroudeur ‘’dépose les armes’’

Le journaliste à la retraite, Amadou Lindor Mbaye Loum, est décédé hier à l’hôpital Principal de Dakar, des suites d’une maladie. La levée du corps est prévue ce jeudi à 9 h à l’hôpital Principal de Dakar.
On l’appelait le ‘’reporter de guerre’’ parce que, comme l’a écrit l’un de ses anciens collègues de la Rts, Adama Sow, ‘’il était le premier et unique journaliste sénégalais à avoir couvert tous les conflits et guerres dans lesquels notre pays était impliqué, du Liban en 1978, jusqu’en Gambie dernièrement’’. C’est donc jeune qu’Amadou Mbaye Loum a commencé la couverture de ce genre d’évènements. Il est sorti du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) en 1976. A la Rts, le 4 Avril, il était la personne indiquée pour commenter les parades militaires. Amadou Mbaye Loum connaissait les hommes de tenue et parlait d’eux avec aisance. Ce qu’a relevé d’ailleurs le député et leader de Pastef Ousmane Sonko, sur sa page Facebook hier : ‘’Il était un des hommes de média qui m’a impressionné par son professionnalisme, sa maitrise de son domaine et son détachement. C’était un régal, plus jeune, de le suivre accompagner le cérémonial défilé du 4 Avril qu’il agrémentait de ses commentaires chirurgicaux, sur fond d’appels patriotiques, au point de donner au jeune élève que j’étais l’envie de s’enrôler dans l’armée nationale…’’
Ce ne sera pas le cas cette année et c’est ce qui explique qu’on parle désormais de lui au passé. Amadou Mbaye Loum est décédé hier matin des suites d’une longue maladie à l’hôpital Principal de Dakar. Sa levée du corps est d’ailleurs prévue à la morgue dudit hôpital demain matin avant son inhumation aux cimetières musulmans de Yoff.
Depuis l’annonce du décès du brillant journaliste, les témoignages fusent. ‘’C’est une grande perte pour la presse et pour le Sénégal. Amadou faisait partie des premières générations du Cesti. Sa première sortie était son intervention au Liban avec l’armée, car il était plus attaché dans les sorties des militaires. Il s’adaptait aussi à toutes les situations, que ça soit en politique, en sport, etc.’’, a confié son ancien collègue Samba Mangane à ‘’Dakaractu’’. Il ajoute : ‘’Amadou Mbaye Loum est le témoin privilégié des évènements de la Gambie en 1981, lors du coup d’Etat raté de Koukoy Samba Sagna. Lorsque l’ancien président Daouda Diawara a quitté Londres, en passant par Dakar pour rallier Banjul, Amadou Mbaye Loum était le seul journaliste à bord, en compagnie de la femme et du fils de Diawara, avec le général Wane, ancien aide de camp du président Diouf. Le défunt journaliste a couvert la guerre de Guinée-Bissau en 1998 et il a fait le Liban et le Liberia’’.
C’est pourquoi l’armée sénégalaise s’est sentie attristée, à l’annonce du rappel à Dieu du journaliste qui a pris sa retraite il y a deux ans. Joint par la Radio futurs médias, le colonel Wardini, qui a travaillé pendant un moment à la Direction des relations publiques de l’Armée (Dirpa), a exprimé toute sa désolation. ‘’Mbaye Loum est un grand frère qui nous a toujours appuyés dans toutes nos activités pour rendre visible l’action de l’armée sur le territoire national ainsi qu’à l’étranger’’, a-t-il dit. Cela dans tous les sens, à l’en croire. Le doyen a d’ailleurs beaucoup participé à la formation des officiers de communication de l’armée. Il a également su accompagner la ‘’Grande muette’’ dans ses missions les plus risquées, toujours selon le colonel Wardini.
‘’Un homme généreux, débonnaire et supérieurement intelligent’’
Par ailleurs, Amadou Lindor Mbaye Loum n’avait pas que pour surnom ‘’Le reporter de guerre’’. Ceux qui l’ont côtoyé à la Rts l’appelait ‘’Le baroudeur’’, tel que le rappelle le journaliste et conseiller culturel du président de la République Ibrahima Ndoye. De l’avis de ce dernier, son ancien était ‘’l’incarnation humaine de ce qu’il y a de plus noble et vertueux dans la pratique de ce métier de journalisme qu’il chérissait tant jusqu’à son dernier souffle. Loum avait un attachement viscéral aux faits. Le reportage, c’était son dada. L’un des meilleurs des télévisions africaines durant plusieurs décennies’’. L’argumentaire de l’ancien journaliste de la Rts Ibrahima Ndoye repose sur le fait que M. Loum ‘’forçait le respect de par ses analyses pertinentes tirées de ses multiples et riches pérégrinations à travers le monde et les terrains de batailles militaires qu’il investissait avec patriotisme et professionnalisme. Voilà pourquoi je l’appelais, en toutes circonstance, ‘Le baroudeur’ depuis 26 ans’’.
Le conseiller culturel du président de la République décrit le défunt journaliste de la Rts comme un homme ‘’généreux, débonnaire et supérieurement intelligent’’.
BIGUE BOB