Publié le 7 May 2021 - 20:28
OBSTACLES A LA CREATION D’OFFICINES

Les jeunes pharmaciens exigent le respect du décret de 2007

 

Les jeunes pharmaciens veulent pouvoir créer des officines de pharmacie, conformément au décret du 3 décembre 2007. Or, cette initiative visant à réduire le taux de chômage se trouve bloquée depuis trois ans. En conférence de presse hier, le Collectif pour la défense des intérêts de la profession pharmaceutique exige le respect du texte de loi.

 

Depuis 2018, il n’y a plus de possibilités d’ouverture d’officine de pharmacie pour les jeunes pharmaciens. Or, au Sénégal, la cartographie des officines est largement en deçà des standards. Plusieurs villes, villages et quartiers font face à un déficit de pharmaciens d’officine. Fort de ce constat, le Collectif pour la défense des intérêts de la profession pharmaceutique (Codipharm) exige l’application du décret 2007-1457 du 3 décembre 2007.

Le texte de loi stipule que sur toute l’étendue du territoire, le nombre d’habitants requis pour la création d’une officine de pharmacie est de 5 000. Cela, dans le respect de distances fixées par un arrêté du ministre de la Santé. ‘’Cette faible répartition géographique des officines de pharmacie prive les populations sénégalaises du bon médicament, au bon endroit, au bon moment. Et pourtant, au même moment, plusieurs centaines, voire des milliers de pharmaciens bien formés prêts à servir vivent dans ces mêmes localités où ils sont réduits au chômage ou empêchés d’exercer’’, dénonce le collectif.

De l’avis de son président, la prolifération des faux médicaments découle de la politique du ministère de la Santé qui ne permet pas l’accessibilité des médicaments aux populations. ‘’La nature a horreur du vide’’, renchérit Abdou Kader Dionne qui, au nom de ses camarades, demande à Abdoulaye Diouf Sarr de respecter ledit décret. ‘’Un arrêté ne peut pas supplanter le décret. Tous nos diplômes sont valides. C’est un droit que nous réclamons. Nous ne demandons pas une faveur. En Algérie, en six mois, le jeune pharmacien peut ouvrir une pharmacie, si son dossier est complet. C’est pareil au Maroc. Pourquoi, au Sénégal, on refuse cette opportunité aux jeunes pharmaciens ?’’, insiste-t-il. D’après lui, les diplômés ont tendance aujourd’hui à s’exiler au Gabon, en Mauritanie ou encore à Djibouti, à cause de cette situation.

Un projet de décret ‘’discriminatoire’’

En outre, le Codipharm demande au président Macky Sall de ne pas signer le projet de décret devant remplacer celui du 3 décembre 2007. Le document fait intervenir une commission d’études des dossiers et exige l’inscription des jeunes pharmaciens à l’Ordre des pharmaciens, avant de lancer la procédure de création d’une officine. Deux mesures que ces derniers jugent ‘’discriminatoires’’.

‘’Le décret de 2007, qui est toujours d’actualité, demande l’inscription à l’ordre en fin de procédure, lorsque le candidat est en possession de l’arrêté de création. Or, maintenant, avec le décret qu’ils veulent faire passer, il faut au préalable s’inscrire à l’Ordre des pharmaciens et derrière, il y a une loi qui dit que pour s’inscrire à l’ordre, il faut être titulaire d’officine ou avoir un contrat de travail. Pourtant, beaucoup parmi nous n’ont même pas de contrat de travail. C’est discriminatoire, car on met les conditions pour que l’entrée ne soit pas possible’’, explique le président du Codipharm.

Le collectif condamne également la mise sur pied d’une commission d’études dans laquelle on retrouve le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal. Une organisation qui n’a pas intérêt à voir les officines se multiplier. ‘’Les membres de ce syndicat, ajoute Abdou Dionne, ne peuvent pas être à la fois juge et partie. Ils sont dans cette commission et bloquent l’entrée des jeunes. Nous ne sommes pas d’accord et cette commission n’est pas légale. Aucun texte ne permet de la mettre en place. D’où d’ailleurs ce projet de décret qui, selon une autorité, est au niveau du Secrétariat général du gouvernement’’. 

L’autre fait nouveau, c’est que l’étape de prospection du pharmacien, en vue de vérifier le respect des critères de population et de distance, sera supprimée. Au lieu d’un travail sur le terrain avant l’installation de l’officine, tout va se décider ‘’dans un bureau climatisé, en parfaite incohérence avec les réalités du terrain’’.

ADS au banc des accusés

Le Codipharm se dit déterminé à aller jusqu’au bout de sa lutte. Des marches et sit-in sont prévus les prochains jours, au cas où la tutelle ne satisfait pas leur demande. ‘’Ce n’est pas au ministre de la Santé, ni à ses démembrements de dire à un pharmacien où il faut créer une officine. Nous sommes dans une profession libérale. On ne peut pas être dans un même ministère et appliquer des politiques différentes. Quand un médecin demande à ouvrir un cabinet médical, il n’y a aucun souci. Mais quand il s’agit d’une pharmacie, on te fait tourner en rond pendant cinq, dix ans. C’est incohérent’’, déplore son président.

Prêt à créer des pharmacies dans toutes les régions du Sénégal, le Codipharm indique toutefois que Dakar est loin d’être saturée en officines. Des centaines pourraient encore y voir le jour, si l’on se réfère aux conditions du décret de 2007. L’accessibilité des médicaments aux populations, pour ces pharmaciens, est une question de dignité humaine.

Pour le collectif, le seul objectif de ce projet de décret est l’élimination des jeunes de la course vers l’installation. Il en tient pour responsable le ministre Abdoulaye Diouf Sarr : ‘’Le traitement ne peut pas être efficace sans le médicament et l’homme du médicament. Nous avons écrit au ministère, mais nous n’avons pas encore de réponse. Le ministre de la Santé n’a aucune volonté d’aider les jeunes pharmaciens à trouver du travail, parce que la pharmacie ne fait pas partie de sa politique. C’est plutôt un ministère de la ‘maladie’ qui ne s’occupe que d’une maladie, oubliant tous les autres secteurs de la santé.’’

EMMANUELLA MARAME FAYE

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