Publié le 29 Mar 2016 - 08:47
ONU – DIFFÉREND MAROC BAN KI-MOON

Comment le Sénégal a joué au pompier

 

Après une tournée à Tindouf et à Alger, du 4 au 7 mars, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a dans une déclaration qualifié la présence marocaine au Sahara d’"occupation". Il n'en fallait pas plus pour que le Maroc sorte le sabre, provoquant une débauche d'énergie au Conseil de sécurité de l'ONU où le Sénégal, membre non permanent, aurait joué un rôle crucial, selon les révélations de l'ONG Security Council Report (SCR) spécialisée dans la lutte pour la transparence des débats au Conseil de sécurité des Nations unies.

La situation est devenue chaude lorsque Rabat a transmis à l’ONU une liste de 84 civils de la Mission de l’ONU au Sahara occidental (MINURSO) dont le Royaume exige le retrait sous trois (3) jours. Ban Ki-moon refuse de faire des excuses publiques et son porte-parole accuse Rabat de ne pas respecter ses obligations internationales. Furieux, le Maroc supprime sa contribution financière au fonctionnement de la MINURSO, soit quelque trois millions de dollars. Il dépose une requête auprès de l’ONU, demandant la fermeture du Bureau de liaison de Dakhla et 83 civils de la MINURSO sont renvoyés.

Par la suite, des tractations intenses ont eu lieu à New-York, au siège des Nations unies, pour tenter d'éteindre le feu qui couvait entre le Maroc et Ban Kin-moon. Deux positions se sont alors opposées au sein du Conseil de sécurité des Nations unies quant à l’attitude à adopter. Plusieurs membres souhaitaient que l’organe exécutif des Nations unies affichât son soutien au Secrétaire Général. Les tenants de cette position avancent comme argument le fait qu’un Etat membre, en l'espèce le Maroc, ne devait pas être autorisé à démanteler une mission créée par le Conseil comme celle de la MINURSO.

Une position qui n'a pas été partagée par le Sénégal, selon l’ONG Security Council Report (SCR) spécialisée dans la lutte pour la transparence des débats au Conseil de sécurité des Nations unies. Livrant les détails ayant filtré à l'issue d'une semaine d’âpres négociations où le Sénégal a joué un rôle clé, Security Council Report révèle que le Sénégal a pesé pour éviter que le clash tourne à la fissure entre un camp pour ou contre le Maroc ou le Secrétaire général Ban Kin-moon.

Soutenu par d’autres pays dont la France, l’Espagne, l’Egypte et le Japon, le Sénégal, qui maîtrise très bien ce dossier du Sahara Occidental, s'est dès le début opposé à tout type de déclaration estimant que le problème devait être réglé entre le Maroc et Ban Ki-moon. Et après le départ du personnel civil de la MINURSO, l’Angola a alors proposé la publication d’un communiqué de presse dès le matin du 21 mars dernier. Seulement, le draft du communiqué mentionne "l’inquiétude" du Conseil, suite au départ des civils de la MINURSO, la nécessité d’adresser les causes de ce départ, la demande faite au Maroc d’accepter leur retour, et le soutien affiché du Conseil à Ban Ki-moon, à son envoyé personnel Christopher Ross et au chef de la MINURSO, Kim Bolduc.

L’Egypte propose une série d’amendements qui qualifient les propos du Secrétaire Général sur "l’occupation" marocaine de "déformation malheureuse de la position officielle des Nations unies sur la question du Sahara Occidental". Le Sénégal propose lui que le Conseil exprime également son soutien au Maroc en même temps que celui exprimé à Ban ki-moon. En l’absence de consensus, l’Angola suspend les négociations sur le projet de communiqué.

Le 23 mars, les discussions reprennent sur le draft mais, selon l'ONG SCR, le Sénégal, la France et l’Egypte estiment que le timing n'est pas bon pour la publication d’un communiqué du Conseil qui ne ferait qu’accroître les tensions. En fin de journée, c’est la Nouvelle-Zélande qui propose un draft plus consensuel. Le Sénégal, toujours soutenu par la France, l’Espagne, l’Egypte et le Japon obtient que le passage sur le soutien du Conseil à Ban, Ross et Bolduc soit supprimé. Selon l'ONG SCR, le Sénégal et ses souteneurs estiment qu'il fallait éviter de donner l'impression au Maroc que le Conseil apporte un soutien implicite aux déclarations de Ban Ki-moon sur "l’occupation" marocaine au Sahara.

Au final, le projet de communiqué de la Nouvelle-Zélande a servi de simple base aux éléments à communiquer à la presse. Et comme l'ont souhaité le Sénégal et ses soutiens, les membres du Conseil ne se sont prononcés que sur le sort de la MINURSO, malgré les demandes insistantes de soutien formulées par le Secrétariat Général. Preuve que le pire a été évité de justesse, vendredi dernier, l’ambassadeur marocain à New York, Omar Hilale, a déclaré que le Maroc "prend note" de ces éléments de presse, "qui reflètent la sagesse des membres du Conseil de Sécurité".. 

 

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