Publié le 22 May 2016 - 21:46
OUSSEYNOU NIANG DIALLO, CHEF DU SERVICE DEPARTEMENTAL DE L’ELEVAGE DE DAKAR

‘’Ce n’est pas vrai, 35 tonnes ne sont pas en circulation dans les marchés de Dakar’’ 

 

C’est quoi l’abattage clandestin pour vous ?

L’abattage clandestin consiste à abattre un animal sans un contrôle vétérinaire. Tout animal abattu sans un seul contrôle vétérinaire est qualifié d’abattage clandestin. J’affirme qu’un dispositif est mis en place pour identifier la viande qui provient de Rufisque. Si toutefois il nous arrive de détecter une viande non contrôlée, nous faisons une saisie de la viande, mais la loi n’a encore prévu aucune sanction par rapport à cela.

A propos des 20 tonnes de viande d’âne saisies, depuis le début de l’année, quel rôle y avez-vous joué ?

Effectivement, 20 tonnes ont été saisies. Cette viande était conservée et devait être exportée.  C’est cette exportation qu’on a refusé d’avaliser. Par contre, une partie de la presse a relayé que j’ai parlé de 35 tonnes qui sont en circulation dans les marchés de Dakar. Ce n’est pas vrai. A propos de ces 20 tonnes, une partie est allée à l’alimentation des chiens, une autre à celle des animaux du parc de Hann. 

Pourquoi votre département peine-t-il à assurer un contrôle adéquat ?

Nous avons un ultime défi. Après ma prise de fonction, nous avons commencé à essayer de connaître les gens qui vendent la viande, et ça se passe toujours comme ça. Après cela, nous allons vérifier la provenance de la viande. Tous les jours, du lundi au jeudi, nous sommes sur le terrain à faire le contrôle dans l’ensemble des marchés de Dakar qui sont au nombre de 25. Mais en ce moment, notre seul souci est que nous ne sommes pas nombreux. Sachant que nous devons faire le tour des dibiteries, des boucheries, des vendeurs ambulants qui utilisent les chariots etc. Et je signale que nous contrôlons toutes les denrées alimentaires d’origine animale, à savoir lait, œuf, lait caillé, poulet etc. Pour résoudre le problème, un travail est en train d’être fait pour renforcer l’effectif, car le ministère procède à des recrutements.

Comment se passe le contrôle sur ces différents sites ?

Nous sommes souvent en casquette et Lacoste blanc sur le marché, c’est pour cela que nous ne sommes pas connus. Après ces deux phases, nous contrôlons les vendeurs de viande pour voir s’ils sont bien portants, s’ils sont autorisés à vendre la viande, s’ils manipulent bien la viande, le matériel utilisé, le lieu, leur comportement et autre.

TALLA CISSE, PDG DE LA SOGAS

‘’L’abattage clandestin nous fait perdre 520 millions par an’’

Les abattages clandestins sont non seulement attentatoires à la santé publique nationale, mais ils ont également un impact économique non négligeable. A en croire Talla Cissé, président directeur général de la Société de gestion des abattoirs du Sénégal (SOGAS), ces abattages leur font perdre près de 520 millions, soit 40% de leur chiffre d’affaires estimé à 1,3 milliard. ‘’Nous abattons par jour 1 500 petits ruminants (chèvres et moutons) et 200 à 300 gros ruminants (bœufs). N’eussent été les clandestins, on arriverait à plus de 2 500 bêtes. 

L’abattage clandestin nous fait beaucoup de tort et nous fait subir des pertes énormes’’, dit-il. Selon le PDG, la SOGAS est un grand marché qui génère par jour entre 100 et 120 millions. D’où les convoitises et les nombreux crimes et agressions enregistrés dans la zone. ‘’Les gens qui travaillent ici sont armés à cause de leur travail. Nous sommes laissés à nous-mêmes. L’insécurité est là tous les jours et pendant plus de 5 heures. Ce qui fait que nous sommes tous exposés à une insécurité grandissante’’, déplore M. Cissé. Dans ce sens, la mise en place de l’Agence pour la sécurité de proximité (ASP) est d’une grande aide. Le PDG précise qu’ils ont mutualisé leurs efforts, pour régler la question sécuritaire.

‘’Il y a des agents vétérinaires qui saisissent, de temps en temps, de la viande provenant d’abattages clandestins : de la viande d’âne, de cheval, et dont la provenance est douteuse ; même s’ils ne font pas beaucoup de bruits. Et dans ces cas-là, la viande prise est offerte au parc de Hann. Les malfaiteurs arrêtés sont remis à la justice’’, déclare le Dg de la Sogas, comme pour dire que des actions sont menées pour lutter contre ce phénomène.

‘’Seulement, ajoute-t-il, ces agents-là ne sont pas nombreux et il y a beaucoup de marchés à Dakar. On vend de la viande, malheureusement, à tous les coins de rues des marchés. Il n’y a pas un marché dédié spécifiquement à la vente de viande’’. Talla Cissé demande ainsi aux populations de faire attention et annonce qu’avec le ministère de tutelle, ‘’il a été décidé d’aller au-delà de la répression pure et simple’’. ‘’Il faut aller à la rencontre des consommateurs et leur expliquer les risques qu’ils encourent en ayant n’importe quelle viande chez eux’’, dit-il. M. Cissé regrette que ceux qui commercialisent cette viande impropre à la consommation, comme la viande d’âne, soient ‘’hors de contrôle’’.

 

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