Publié le 13 Feb 2016 - 17:24
PAIEMENT DES SALAIRES, DÉPENSES URGENTES…

Les frais d’inscription détournés de la pédagogie 

 

Les audits sur la mobilisation, la gestion et l’impact des droits d’inscription pédagogique  ont été présentés hier à la suite de leur augmentation il y a deux ans. Ce travail, effectué à travers les différentes Universités, a révélé quelques difficultés dans le recouvrement et le respect de la répartition des fonds, mais surtout un problème de détournement d’objectif, car les fonds servent plus à des dépenses d’urgence.

 

Deux ans après l’augmentation des frais d’inscription, l’heure est à l’évaluation aussi bien sur le plan de l’effectivité que de l’impact. Le ministre de l’Enseignement supérieur qui a commandité des études dans les différentes Universités du pays a organisé hier une séance de restitution des résultats. Le premier constat fait par les auditeurs est que la directive de la tutelle sur cette question a été respectée. Les droits d’inscription pédagogique ont été effectivement versés. Les comités de gestion qui devaient être créés pour délibérer sur ce point l’ont été également. Et que globalement, les DIP ont permis d’augmenter substantiellement les ressources des Universités. En guise d’exemple, si l’on en croit Mary Teuw Niane, à la faculté de Droit où le master se payait à 300 000 F et plus, il est désormais à 50 000 F pour les étudiants ayant suivi la formation initiale dans la faculté.  Cela grâce aux ressources additionnelles issues des DIP.

Cependant, plusieurs difficultés et manquement ont été notés dans l’application. Comme son nom l’indique, l’inscription pédagogique doit aller aux activités pédagogiques. Mais ce n’est pas toujours le cas. En fait, les facultés ou UFR ont même du mal à disposer de cette manne. Il y a une centralisation des fonds à l’Agence comptable particulier de chaque Université. Ce dernier a un monopole qui lui permet de disposer librement de cet argent. Et le constat fait est que la manne est très souvent utilisée à d’autres fins non pédagogiques. A l’Université de Thiès par exemple, l’argent a permis de payer les salaires des vacataires.

‘’Cela a permis de stabiliser, mais sur le plan financier, ce n’est pas autorisé, parce qu’il s’agit de ressources affectées’’, souligne l’expert Amadou Dia. De même à l’Université de Ziguinchor aussi, une bonne partie des ressources a été utilisée pour des dépenses urgentes, parmi lesquelles les salaires. A l’Université Cheikh Anta Diop, constate l’auditeur Sada Ndiaye, le budget a été épuisé le 31 août 2015. Durant les derniers mois de l’année, l’UCAD a fonctionné en puisant dans les fonds issus des inscriptions administratives et pédagogiques ainsi que les fonctions de services. Ce qui fait dire à Amadou Sarr qu’il s’agit d’un détournement d’objectif de la part des Universités.

Les deux experts ont surtout insisté sur le monopole que l’ACP détient sur cet argent du fait que tout est versé sur son compte. Une position qui lui permet de décaisser sans tenir compte des spécificités des ressources dont il a la gestion. Tous les deux recommandent de ce fait à ce que des sous-comptes soient créés et surtout que l’argent soit versé directement dans ces comptes spécifiques pour que l’agent comptable de la faculté ou de l’UFR puisse en disposer librement. Et au besoin, donner un pouvoir d’un contrôleur externe à l’ACP ou bien rendre sa  contresignature obligatoire.

‘’Les erreurs sont inéluctables quand on veut changer’’

Par ailleurs, l’arrêté du ministre avait précisé, comme l’a rappelé le ministre Mary Teuw Niane, que la répartition doit se faire selon les modalités suivantes.  60% des droits d’inscription pédagogique vont à l’appui à la professionnalisation, 20% à la pédagogie, 10% à la formation doctorale, 5% à la mobilité des étudiants et 5% à la vie estudiantine. Mais sur le terrain, la réalité est souvent tout autre. Dans certaines structures, les responsables pensent par exemple qu’il n’y a pas de formation professionnelle. C’est le cas de l’Unité de formation de géographie à l’Université de Ziguinchor où les responsables ont déclaré qu’il n’y a pas d’activités professionnelles. Dès lors, la question de l’utilisation des 60% se pose.

A propos de la mobilisation des ressources, un problème fondamental est que les prévisions ne sont pas conformes aux fonds réellement disponibles. Il existe une différence parfois importante entre le nombre d’étudiants inscrits et le nombre d’inscriptions pédagogiques réellement versées. En 2014, l’Université de Thiès n’a recouvré que 30% des DIP contre 37% pour l’Université de Ziguinchor. En 2015, le système a été sans doute amélioré, car le recouvrement a été de 82%. Les causes sont entre autres l’abandon de certains étudiants, le non-paiement des DIP par les primo-entrants et la non-sincérité des prévisions budgétaires.

Autre point de l’arrêté du ministre, le comité de gestion. Du point de vue de l’existence, il n’y a aucun manquement. Les comités ont été créés et la représentation des étudiants à 50% respectée. Cependant, le fonctionnement laisse à désirer. Soit les réunions ne sont pas périodiques, soit il n’existe pas de PV. Certains responsables, si l’on en croit l’un des experts, estiment qu’il n’est même pas nécessaire de discuter dans le cadre du comité de gestion, étant donné que le conseil d’UFR suffit largement. Le ministre Mary Teuw Niane avait sans doute connaissance des manquements, lorsqu’il déclarait dans son discours d’ouverture que ‘’les erreurs sont inéluctables quand on veut changer. L’essentiel est d’être dans la bonne direction’’.

BABACAR WILLANE

 

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