Publié le 26 Nov 2013 - 23:37
PELERINAGE A LA MECQUE 2013

Le Commissariat général : un véritable Nouvel Ordre Normatif à instaurer !

 

1.1.  LES COUTS TROP ELEVES  DU VOYAGE : UN MONTANT REDUCTIBLE !

Le pèlerinage aux lieux Saints de l’islam coûte si cher que c’est devenu une affaire de privilégiés soit parce qu’ils en ont les moyens financiers soit parce qu’ils ont l’avantage de bénéficier de faveur de l’Etat, des institutions de la république (communes, régions, assemblée etc.) ou de leurs entreprises etc.

Le coût est très prohibitif, donc dissuasif pour plus d’un, si bien que certaines personnes n’y parviennent qu’à la suite de nombreuses années d’économie. Cette situation est simplement anormale et il est urgent de rendre le pèlerinage plus démocratique par un accès au plus grand nombre de sénégalais. Cela passe, nécessairement, par une baisse drastique des coûts du voyage.

1.1.1.         L’EVALUATION DES FRAIS EFFECTIFS

La nomenclature des frais inhérents à l’organisation du pèlerinage fait ressortir  les postes essentiels suivants : le billet d’avion, la location du lit, la taxe saoudienne.

LE TRANSPORT AERIEN : Concernant le transport aérien du pèlerin, le Commissariat général sélectionne la compagnie à la suite d’un appel d’offre. Pour cette édition 2013, on constate que la compagnie Sénégal Airlines, qui a gagné le marché, n’a pas fait mieux que certaines autres compagnies aériennes; il suffit de comparer les prix suivants couvrant le voyage aller et retour : SENEGAL AIRLINES: 1.064.000 FCFA - KENYA AIRWAYS: 1.070.000 FCFA - ETHIOPIAN AIRLINES : 980.000 FCFA ; des compagnies comme la Turkish Airlines,  Tunis Air, la Royal Air Maroc, Ethiopian Airlines seraient dans le même ordre de prix.

Il est vrai que, et à la décharge de la compagnie adjudicataire, les contraintes tarifaires et d’exploitation d’une ligne régulière (contrat de transport) ne sont pas les mêmes que celles d’un charter (contrat d’affrètement à temps occasionnel). Surtout dans le cas d’espèce (pèlerinage à la Mecque), avec des vols à vide dans un sens (aller) ou dans un autre (retour). Mais, cela doit être pris en compte dans les TDR et le choix de la compagnie guidé par la seule préoccupation tendant à satisfaire le pèlerin dans le sens d’un abaissement des coûts.

Au regard de ce qui précède, il serait donc envisageable d’avoir le billet d’avion à moins de 1.000.000 FCFA sans compter les avantages en nature que la compagnie adjudicataire devrait pouvoir mettre à la disposition du Commissariat général notamment en termes de billets d’avion gratuits au prorata du très grand nombre de pèlerins concernés.

Et, ce ne serait pas une faveur que de permettre à chaque pèlerin de ramener quelques litres de zamzam car que serait le pèlerinage sans cette eau si précieuse ! De ce point de vue, aussi, les autres transporteurs aériens font, curieusement,  mieux que la compagnie nationale dont les passagers ne sont pas admis à embarquer avec du zamzam !

LE COUT DE LOCATION DU LIT A MEDINE ET A LA MECQUE : Sur ce sujet, tout dépend de l’option choisie. Le prix de location des maisons, comme le font beaucoup de voyagistes notamment nigériens, est beaucoup moins élevé que celui des hôtels. Concernant ces mêmes hôtels, le tarif n’est pas le même selon qu’on est plus ou moins proche des Saintes Mosquées. En tout état de cause, la location se fait par lit et non par chambre et dans une chambre, il peut y avoir plusieurs lits en fonction de la superficie.

Et, aux alentours des Saintes Mosquées, à une distance raisonnable permettant au pèlerin de s’y rendre à pieds sans difficultés (un à deux km à Médine ; deux à trois km à la Mecque), on peut relever les tarifs approximatifs suivants couvrant tout le séjour et par lit : 1000 rials (150.000 FCFA) par lit  à Médine et 3000 rials (450.000 FCFA) par lit à la Mecque. En conséquence, durant tout son séjour aux lieux Saints de l’islam, un pèlerin devrait payer pour son gite environ 4000 riyals soit 600.000 FCFA.

Etant entendu que c’est une question de négociation, certains locataires pouvant être plus chanceux que d’autres, le moment de la négociation pouvant, aussi, influer sur le prix ; nos amis de l’AIDP (Impôts et Domaine) en savent quelque chose. Par contre, les tarifs actuels payés par le Commissariat général sont trop élevés que ce soit à Médine ou à la Mecque !

Mon Général, il suffit de quitter ces hôtels qui ne présentent pas des conditions de confort, de sécurité encore moins de salubrité meilleures que celles des hôtels où logent les voyagistes privés, pour que le coût total du pèlerinage chute bien en dessous de deux millions.

LA TAXE SAOUDIENNE : Beaucoup de choses inexactes ont été dites sur cette taxe saoudienne qui est, d’ailleurs, unique (il n y en a pas deux ou trois) contrairement à  ce qui a été véhiculé comme information. En effet, il s’agit d’une taxe dont le montant est de 941.5 riyals soit 141.225 FCFA au taux de 1 riyal pour 150 FCFA. Il n y a aucun autre prélèvement fait par les saoudiens car les visas sont gratuits.

Et, cette taxe, ainsi fixée depuis de nombreuses années (elle n’a pas augmenté), couvre plusieurs prestations de services notamment : le transport de l’aéroport de Médine à l’hôtel, le jour de l’arrivée ; le transport de Médine à la Mecque ; le transport entre les différents lieux de culte c'est-à-dire de la Mecque à Mouna le 8e jour de Djoul Hijja ; de Mouna à Arafat le lendemain et de Arafat à Mouzdalifa, le surlendemain ; la mise à disposition des tentes à Mouna et à Arafat ; le transport de la Mecque à  l’aéroport de Djida pour le retour. Le montant de 1232 riyals (soit 184.800 FCFA), prélevé puis reversé au pèlerin au titre du pécule, ne peut être considéré comme une taxe du fait de l’effet de la ristourne.

1.1.2.         D’AUTRES EXPERIENCES AFRICAINES : Il suffit de présenter les chiffres officiels pour l’édition 2013, sans commentaires ! - COTE D’IVOIRE : 2.000.000 FCFA (1.500.000 jusqu’en 2012) montant couvre tous les repas  et le logement dans un hôtel cinq (5) étoiles ; celui de la Mecque s’appelle  «Makkah Grand Coral International Hôtel» à 500m de la Kaaba et en face de la mosquée Ben Laden. - NIGER : 2.125.000 FCFA comprenant le logement durant tout le séjour et les repas à Mouna. - BURKINA FASO : 1.800.000 FCFA pour lequel il n y a ni versement de pécule ni prise en charge des repas.- MALI : 2.100.000 FCFA au pèlerin, sans ristourne de pécule ni repas. Au regard de ce qui précède, LE PELERIN SENEGALAIS DEVRAIT PAYER MOINS DE 2.000.000 FCFA SANS PECULE ET SANS REPAS.    SI LE COMMISSARIAT GENERAL DECIDE DE CHANGER D’HOTEL, A MEDINE ET A LA MECQUE !

2.       LES RELATIONS AVEC LES VOYAGISTES

Ces relations sont à repenser entièrement pour une meilleure prise en charge des préoccupations effectives du pèlerin qui  ne doit pas être une vache à lait mais plutôt  la pièce maitresse du puzzle sans laquelle le système n’existe pas (voir l’article sur les voyagistes). Pour cela, il faut instituer un véritable agrément avec un cahier des charges à signer entre le voyagiste et le Commissariat général au pèlerinage aux lieux Saints de l’islam (cf. sur ces questions Elhadji Ibrahima Khalil DIALLO « LE VOYAGE SUBLIME » op.cit pages 62s). 

Devront y figurer  en bonne place : des critères rigides d’octroi de l’agrément ; une caution à verser ; une assurance rapatriement ;  un contrôle à posteriori obligatoire avec une enquête de satisfaction impliquant le pèlerin ; des sanctions à infliger en cas de manquement etc.  Et, pourtant, ce contrôle est prévu par l’article 2.6  du décret précité, y compris « pendant le déroulement du pèlerinage » ! Il s’agit, en conséquence, d’un problème d’effectivité de la norme.

3.       LA PROBLEMATIQUE DU DESENGAGEMENT DE L’ETAT

Cette question a été abordée par le dernier rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) qui envisage deux perspectives : soit maintenir le statut quo soit opérer un désengagement de l’Etat qui organiserait un système de contrôle et de régulation à travers une Agence. En vérité, si on convient que la seule question qui vaille est de savoir comment rendre l’organisation du pèlerinage plus efficace au profit des usagers, le désengagement de l’Etat ne doit pas être à l’ordre du jour quand son sait le traitement que les privés réservent aux pèlerins (lire l’article sur les voyagistes privés).

Le statut quo doit être maintenu avec un abaissement du tarif du pèlerinage bien en dessous des deux millions pour ceux qui choisissent de voyager avec le Commissariat général  et  une stricte régulation des opérations organisées par les voyagistes privés de manière à restituer au pèlerin la plénitude de ses droits. En comparaison avec les autres Etats voisins, la dualité est de mise comme chez nous sauf au Burkina Faso et au Niger. Mais, pour ce dernier pays, la création d’un Haut Commissariat chargé du pèlerinage à la Mecque, avec des pouvoirs très larges, serait l’antichambre d’un Commissariat à la sénégalaise.

Rabbana âtinâ mine la doune ka Rahma,  wa hayih lana mine ameri na rachadâ  (Seigneur ! Assiste-nous par un effet de Ta grâce et Fais que notre conduite soit conforme à la rectitude !) (Sourate 18,  Al – Kahf, âya 10). Alhamdoulillah !

Par Professeur Elhadji Ibrahima Khalil DIALLO,

Auteur du livre « LE VOYAGE SUBLIME » 

ibrahimakhalildiallo@ymail.com

 

Section: