Publié le 22 Sep 2021 - 02:31
PLAN DE RELANCE DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE

L’OMS préconise des politiques incitatives pour les investisseurs 

 

L’initiation de politiques incitatives à l’endroit d’investisseurs nationaux et étrangers est primordiale pour le développement d’une industrie pharmaceutique locale. C’est ce qu’a soutenu, hier, la représentante-résidente de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Sénégal, Dr Lucile Imboua, lors de son intervention à l’occasion de l’atelier intensif de structuration du Plan de relance du secteur de l’industrie pharmaceutique sénégalaise.

 

L'industrie pharmaceutique est responsable du développement, de la production et de la commercialisation des médicaments et d'autres produits pharmaceutiques. Ainsi, la représentante-résidente de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Sénégal estime que son importance en tant que secteur global est ‘’indiscutable’’. ‘’Je félicite l’approche du gouvernement sénégalais, qui a inscrit dans le Plan d’action prioritaire (PAP2A) pour la relance de l’économie à la suite de l’avènement de la pandémie Covid-19, la production de médicaments parmi les six priorités.

Pour se faire, un environnement sain dans plusieurs secteurs est nécessaire afin de rendre moins vulnérable le pays face aux lancinantes pénuries de médicaments et asseoir une sécurité pharmaceutique’’, dit le Dr Lucile Imboua, qui intervenait, hier, à l’occasion de l’atelier intensif de structuration du Plan de relance du secteur de l’industrie pharmaceutique sénégalaise.

A cet effet, la patronne de l’OMS à Dakar a recommandé, tout d’abord, l’initiation de politiques incitatives à l’endroit d’investisseurs nationaux et étrangers pour le développement d’une industrie pharmaceutique locale ; l’adaptation de curricula de formation au niveau des départements de pharmacie pour disposer d’une expertise locale en adéquation avec les besoins de l’industrie. Pour le Dr Imboua, dans ce processus l’exploitation du potentiel de la pharmacopée sénégalaise traditionnelle est une priorité. Ceci, en développant par une approche intégrée de recherche ethno-pharmacognosique sur les plantes médicinales et toxiques. Il en est de même du renforcement du soutien de la mutualisation pour une accessibilité financière du médicament aux populations. L’objectif étant, pour elle, de ‘’dynamiser davantage’’ le marché pharmaceutique local.

De plus, Mme Imboua trouve urgente l’éradication du marché illicite de médicaments permettant également de corriger l’étroitesse du marché pharmaceutique sénégalais.

D’après elle, les normes réglementaires nationales de certains pays africains ‘’peuvent ne pas être reconnues’’ comme ‘’suffisamment solides’’ pour garantir la qualité des produits fabriqués localement.  Ce qui limite le marché disponible pour les approvisionnements internationaux aux fabricants locaux.  ‘’Il est donc nécessaire de faire participer le Sénégal à un marché pharmaceutique commun à l’Afrique. L’accès au marché sous-régional et continental est crucial, dans le contexte de méga-producteurs de médicaments comme l'Inde et la Chine. L’OMS travaille ardemment avec les Etats membres pour renforcer les systèmes nationaux de réglementation pour les rendre capables de soutenir les efforts des pays vers l'excellence de la fabrication locale. La mise en place de l’Agence africaine du médicament, participe également à cet effort collectif des pays’’, poursuit-elle.

Une mission d’experts de l’OMS attendue à Dakar en octobre prochain

Le docteur Lucile Imboua rappelle dans ce sens que depuis 2018, le Sénégal est soutenu pour effectuer une évaluation des neuf fonctions réglementaires de la Direction de la pharmacie et des laboratoires (DPM) et du Laboratoire national de contrôle de la qualité des médicaments (LNCM). ‘’Une mission d’experts de l’OMS est attendue en octobre prochain pour l’adoption d’un plan de développement intentionnel de la Direction de la pharmacie et des médicaments et du Laboratoire national de contrôle de la qualité des médicaments. C’est le lieu de disposer d’un dispositif juridique nécessaire à une autorité nationale de régulation des médicaments et de mettre les moyens financiers conséquents pour la transformation de la Direction de la pharmacie et des laboratoires en cette autorité de régulation avec les infrastructures et les ressources humaines adéquates’’, indique Mme Imboua.

Ainsi, elle souligne que les assises du secteur, ouvertes hier et qui vont durer cinq semaines, entrent dans le cadre de la structuration technique et financière de ‘’projets complexes’’ entre l’État du Sénégal et le secteur privé. ‘’A terme, les travaux permettront d’évoluer vers la production d’un ensemble des livrables devant assurer la mise en œuvre réussie du Plan de relance de l’industrie pharmaceutique post-Covid-19. Ceci se justifie, car la pandémie de Covid-19, depuis 2020, représente la plus grande crise mondiale de maladies infectieuses à laquelle l’humanité est confrontée depuis plus de 100 ans. Outre le défi immédiat en termes de santé publique, les conséquences de la pandémie de Covid-19 sont profondes. Elles sont d’ordre économique, social et politique, et ont même abouti, en 2020, à une récession mondiale’’, relève-t-elle.

Dans le secteur du médicament, la pandémie de Covid-19, soutient-elle, a appris à l’humanité la nécessité d’adapter les chaînes d’approvisionnement, de distribution du médicament et le tissu productif pharmaceutique local. Ceci, afin de les rendre le moins vulnérable possible aux aléas de l’écosystème pharmaceutique mondial et rendre pérenne l’industrie pharmaceutique en Afrique en général et au Sénégal en particulier.

‘’La pérennité de l’industrie pharmaceutique passera par la diversification de la production pharmaceutique, par des réformes courageuses pour favoriser l’éclosion du marché pharmaceutique, par la transparence des transactions pharmaceutiques entre les pays africains et par la résolution des questions de qualité qui entravent la circulation des produits pharmaceutiques fabriqués localement’’, conclut-elle.

MARIAMA DIEME

 

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