Publié le 2 Nov 2022 - 19:07
PLASTIQUE

Un mal curable !

 

Plus de deux ans après l’adoption de la loi sur le plastique, les acteurs reviennent à la charge et proposent à l’État un projet ‘’innovant’’, qui mise plus sur un recyclage maitrisé des déchets et le remplacement progressif du plastique que sur son interdiction.  

 

Malgré l’espoir suscité par la loi n°2020-04 du 8 janvier 2020 relative à la prévention et à la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques, cette matière nocive pour l’environnement continue d’être commercialisée un peu partout sur le territoire. À tous les coins de rue, les déchets plastiques restent visibles, au grand dam des défenseurs de l’environnement.

Pour les acteurs du plastique, c’est là une preuve palpable de l’échec de la loi de 2020 qu’ils jugent ‘’inefficace et inappropriée’’, en plus de détruire beaucoup d’emplois. ‘’Cette loi ne profite qu’à certains agents de l’Administration censés contrôler l’entrée et la circulation des sachets plastiques. Elle n’a fait que développer le marché noir, au détriment des acteurs honnêtes qui vivaient de cette activité’’, dénoncent les membres de l’Association des importateurs de plastique, non sans demander à l’État de revoir sa copie.   

Au lieu d’adopter tous azimuts des lois d’interdiction qu’il va peiner à rendre effectives sur le terrain, l’État, estiment les acteurs, devrait s’intéresser plutôt à des solutions alternatives qui ne manquent pas. Dans un document partagé avec ‘’EnQuête’’, ils exposent largement ces solutions alternatives innovantes alliant maitrise et remplacement des sachets plastiques. L’objectif premier, selon eux, est de diminuer l’impact des déchets plastiques sur l’environnement, mais aussi d’apporter des solutions à la problématique de la demande en produits plastiques des entreprises sénégalaises.

‘’Le projet est mis en œuvre pour le recyclage, la valorisation des déchets plastiques (PP, PE, PET, etc.), mais aussi pour la fabrication de nouveaux types d’emballage’’, informe le document. Il s’agira, de manière plus détaillée, de donner une nouvelle vie aux déchets plastiques ; de participer à la réduction de la pollution de l’environnement ; de proposer de la matière première aux entreprises utilisant le plastique comme matières premières ; de répondre à une demande des entreprises du BTP du Sénégal et du Canada notamment ; de contribuer à la réduction du taux de chômage par la création d’emplois.

Dans ce document intitulé ‘’Etude de projet plastique’’, tout semble avoir été pris en compte par les acteurs du plastique qui n’attendraient plus que le feu vert des pouvoirs publics pour mettre en œuvre le projet avec des partenaires polonais et canadiens. ‘’Deux solutions sont proposées à l’État du Sénégal, comme vous pouvez le constater à travers les photos et vidéos que nous vous avons envoyées. D’une part, il s’agira de recycler les déchets en collaboration avec les collectivités territoriales, avec des débouchés notamment au Canada et au Sénégal. D’autre part, nous proposons la création d'une usine de fabrique de sachets en bio-compostable et biodégrable qui disparaissent au maximum 15 jours en contact avec le sol, afin de remplacer progressivement les sachets plastiques’’, explique un des promoteurs du projet.

Pour cette nouvelle usine, le fournisseur de machines et de matière première est déjà identifié en Pologne. Et les échantillons de sachets et de matière première sont disponibles. ‘’Les sacs produits se dégradent à la même vitesse et dans les mêmes conditions que les matières organiques et ne laissent aucun résidu’’, tiennent-ils à souligner.  

Un remplacement progressif du plastique par des emballages biocompostables

Actuellement, le recyclage des déchets plastiques se fait de manière très informelle ne permettant pas une lutte efficace contre la pollution de l’environnement, la création de richesses ou même des emplois décents. Pour les acteurs du plastique, une gestion plus moderne et efficiente est un défi majeur pour l’État. ‘’Les populations et l’environnement restent, constatent-ils, exposés aux dangers (pollutions toxiques qui endommagent l'environnement et causent la pollution des sols, de l'eau et de l'air). La gestion des déchets plastiques constitue un défi majeur pour le Sénégal. Leurs quantités augmentent de manière fulgurante et leurs gestions informelles exposent l’environnement et les acteurs aux risques liés aux substances toxiques qu’ils contiennent’’, notent-ils dans le document.

Promettant une gestion plus efficace, ils tentent de rassurer : ‘’Nous avons déjà trouvé des entreprises qui vont acheter les déchets au Canada pour les utiliser dans la construction de bâtiments, routes, ponts, édifices publics. Nos partenaires du Canada sont prêts à nous recevoir chez eux, afin de mieux ficeler le partenariat avec l’association.’’

A propos de la question du financement des différentes opérations du projet, il a été retenu une participation par les acteurs eux-mêmes à travers un montage qui pourrait générer un budget de 7 000 000 000 F CFA par an. ‘’Ce montant va permettre de gérer l'ensemble des problèmes du plastique liés à l’environnement. Il servira d’acheter des poubelles, des voitures de collecte, embaucher des milliers de jeunes pour le ramassage sous la supervision des mairies, embaucher des trieurs et des recycleurs’’.

Pour atteindre ce résultat, un accord a été trouvé avec l’ensemble des opérateurs pour financer la collecte, le tri et le recyclage. L'accord consiste à payer notamment 1 500 000 F/conteneur pour toute importation de sachets plastiques ; 100F/kg pour toute importation de matière première pour les industriels…

En outre, précisent nos interlocuteurs, l’usine va coûter environ 410 millions F CFA.

Un projet entièrement financé par les acteurs

Il faut noter que le plastique est une matière difficile à recycler, car ce n’est pas un matériau unique. Selon l’étude, il existe plusieurs façons de recycler des déchets plastiques. D’abord, il y a la valorisation de la matière qui concerne les bouteilles, les bidons, les flacons, les chaises, etc. ‘’À partir de ce type de déchet, on peut produire des granulés qui seront réinjectés dans la chaine de production. Certains industriels du plastique comme la Simpa sont très impliqués dans cette démarche de recyclage. Ensuite, il y a la valorisation énergétique qui peut concerner les sachets plastiques et les pneus usés. Celle-ci, selon le document, consiste à utiliser la chaleur dégagée par la combustion de ces déchets incinérés qui dégagent des biogaz permettant ainsi la production d’électricité ou de réseaux de chaleur...

‘’Les cimenteries sont les plus grands utilisateurs, mais il faudrait qu’elles soient dotées de filtres pour éviter toute pollution de l’air qui serait plus dommageable que la pollution par les déchets plastiques’’, préviennent-ils.

En outre, il y a la valorisation chimique qui consiste, par des traitements appropriés, à redonner les constituants de base, c’est-à-dire soit les monomères de départ, soit le produit pétrochimique de base (le pétrole raffiné et distillé). Elle est très technique et coûteuse. Les acteurs du plastique se disent prêts à mettre en œuvre les solutions les plus appropriées et les plus efficaces pour apporter des solutions à la lancinante question de la pollution plastique. Ce qui va passer, selon leurs dires, par une révision de la loi de 2020 sur le plastique.

MOR AMAR

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