Publié le 15 Jun 2021 - 02:24
PORTRAIT D’ABDOULAYE FAYE

Le PDS perd sa ‘’mémoire vivante’’ 

 

La disparition d’Abdoulaye Faye, une des figures historiques du Parti démocratique Sénégalais (PDS), constitue une perte incommensurable pour la formation libérale à laquelle il a consacré toute sa carrière politique. Cet instituteur de formation et ancien administrateur du parti aura été l’homme d’une seule formation politique dont il était la mémoire vivante, après plus quatre décennies d’un militantisme engagé.

 

‘’En Afrique, un vieillard qui meurt est comme une bibliothèque qui brûle’’, avait fait savoir Amadou Hampaté Ba. Abdoulaye Faye, une des figures historiques du PDS, s’est éteint le samedi 12 juin 2021, après quatre décennies de militantisme acharné et d’un attachement sans faille à son parti de toujours.  Il aura incarné, durant toute cette période, la ‘’mémoire vivante’’ de la formation ‘’bleu et jaune’’.

 Né à Dakar le 10 février 1943, il porte en lui l’ADN de sa formation politique de ‘’cœur’’. Sa mère, Mme Thioumbé Thiam, fut la première présidente des femmes PDS de la région de Dakar, dès la création du parti libéral en 1974.  Il rejoindra le parti après sa reconnaissance officielle le 8 août 1974. Après ses humanités, il décide de se dévouer à l’enseignement public en tant qu’instituteur. Il devient directeur adjoint d’Alassane Cissokho à l’Institut sénégalais d’éducation par la formation et l’information, créé par la fondation allemande Friedrich Naumann pour la liberté et installée au Sénégal en 1980.  Le bureau de Dakar était chargé de coordonner toutes les activités de la fondation au niveau de la sous-région.   Ce militant infatigable et dévoué à la cause libérale, s’engage corps et âme dans la bataille politique.

Fidèle en amitié comme en politique, Abdoulaye Faye s’est toujours engagé à respecter le serment fait à sa mère de toujours cheminer avec le ‘’Pape du Sopi’’.

‘’Ses activités politiques au sein du PDS lui ont occasionné des emprisonnements et de nombreuses affectations, notamment à Kédougou.   Il a même été libéré de prison quand il a obtenu son premier mandat de député en 1978’’, affirme Etienne Faye, un proche du défunt. Après la mise en place du multipartisme intégral en 1981, Abdoulaye Faye intensifie ses activités au sein du Parti démocratique Sénégalaise (PDS). Il devient le premier responsable de la fédération du département de Dakar, dans les années 80. Cette fidélité et son attachement à son ‘’leader’’ et ‘’ami’’ lui valent un séjour carcéral en compagnie d’autres responsables de l’opposition comme Abdoulaye Wade, Amath Dansokho et Abdoulaye Bathily, à la veille de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de 1988, nous souffle Assane Ba, responsable politique du PDS à Ouakam et ami du défunt. La détermination chevillée au corps, ce père d’une dizaine d’enfants sera de tous les combats pour l’épanouissement de la démocratie dans notre pays, ajoute-t-il.

Premier maire de l’arrondissement de Dieuppeul-Derklé en 1996

‘’Il fut grièvement blessé lors d’une marche de l’opposition qui dénonçait les abus du régime socialiste, en 1991. Des policiers l’avaient violemment attaqué près du cinéma El Malick (NDLR : centre commercial El Malick) dans le centre-ville de Dakar et il a dû séjourner à plusieurs reprises dans des structures hospitalières à cause de ses blessures. Il en gardera des séquelles le reste de sa vie’’, nous indique le responsable libéral.

Grand stratège politique et organisateur infatigable, il sera à l’origine de la première victoire du PDS à Dakar, après son élection à la mairie de la commune d’arrondissement de Dieuppeul-Derklé, en 1996.   Son travail à la tête du Secrétariat général chargé de l’organisation et au Comité national du PDS, lui vaut la reconnaissance de ses ‘’pairs’’, car il a permis d’implanter le PDS dans tous les coins les plus reculés du pays.

Ce vieux ‘’grognard’’ sera de tous les combats et de toutes les batailles pour l’émergence de l’alternance politique au Sénégal en 2000. Il est nommé deuxième vice-président à l’Assemblée nationale, lors de la 10e législature en 2003. Il devient, par ailleurs, président du Conseil régional de Dakar, après le scrutin local du 12 mai 2002. Il occupera aussi le poste de ministre d’État auprès du président de la République, durant le premier septennat d’Abdoulaye Wade.

Ce célèbre ancien administrateur du PDS s’impose comme l’un des hommes de confiance du ‘’Pape du Sopi’’ dont il était l’un des rares responsables à dire la vérité à Wade, quand il le jugeait nécessaire, déclare Etienne Faye, assistant de l’administrateur du parti. Il occupera aussi le poste de président de la commission discipline du parti libéral.  En vrai gardien du temple, il faisait respecter une discipline de fer au sein des instances du PDS.

Toutefois, il n’hésitait pas parfois à faire preuve de mansuétude quand il le jugeait nécessaire, pour le bien du parti.  D’un tempérament calme et conciliateur, ce responsable politique, en fin connaisseur des principes et du règlement intérieur du PDS, occupait le rôle d’un sage et conseiller avisé au sein des hautes instances du parti.  Les transhumances, les frondes et les trahisons qui font suite à la deuxième alternance en 2012, n’ont pas eu raison de sa ‘’loyauté’’ envers le PDS et son leader, le secrétaire général national Abdoulaye Wade.

D’une disponibilité et d’une probité sans faille, ce ‘’timonier’’ tentait toujours de maintenir le cap, malgré les nombreuses crises et frondes qui ont secoué le parti ces dernières années.  ‘’En vrai patriarche, il était très disponible pour tous les militants, quand il s’agissait de mobiliser et d’animer les activités pour le parti. Il avait le parti dans le sang et il était prêt à mourir quand il s’agissait de le défendre’’, narre toujours Etienne Faye.

 De son côté, le chef de l’Etat, depuis sa tournée économique en cours dans les régions Nord, a rendu hommage à un ‘’homme pétri de courage et d’intégrité’’, peut-on lire sur sa page Facebook.

MAKHFOUZ NGOM

 

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