Publié le 16 Feb 2024 - 13:30
POUR AVOIR PARTAGÉ LES IMAGES DE MAGISTRATS DANS LE CADRE DE L’AFFAIRE SONKO CONTRE MAME MBAYE NIANG

Bécaye Diouf hier devant le tribunal correctionnel

 

Bécaye Diouf a fait face, hier, au juge du tribunal correctionnel de Dakar. Poursuivi pour collecte et diffusion d’images appartenant à autrui et actes et manœuvres compromettant la sécurité publique, ce militant de l’ex-parti Pastef a partagé les images des juges Amath Sy et Yakham Keita dans un groupe Whatsapp. En sus de ce partage d’images, on lui reproche d’avoir envoyé des messages incitant à la violence. À la barre, il a regretté son acte.

 

Il a fallu neuf mois de détention à Bécaye Diouf pour qu’il comprenne l’ampleur de son acte.

En effet, le jeune commerçant, militant de l’ex-parti Pastef, a partagé les photos de deux magistrats, Amath Sy et Yakham Keita,  dans le groupe Whatsapp de ses camarades de parti. C’était à l’occasion du procès de leur leader Ousmane Sonko dans l’affaire qui l’oppose à Mame Mbaye Niang. Sur les photos, étaient joints des messages incitant à la haine. À savoir : ‘’Allez prendre le juge. C'est un bandit. C’est un individu dangereux. Il faut le neutraliser.’’ Face aux juges de la chambre correctionnelle, Bécaye Diouf, qui est poursuivi pour collecte et diffusion d’images appartenant à autrui et actes et manœuvres à compromettre la sécurité, a dit ses regrets.

En effet, après avoir reconnu la collecte et la diffusion, dans leur groupe Whatsapp, des photos des juges, il a contesté les messages qui lui sont prêtés. ‘’J'ai  partagé les photos  pour informer mes amis sur le juge qui devait juger notre leader. J'ai vu sa photo dans le groupe Patriote Debout et j'ai partagé dans celui des patriotes de Rufisque-Nord’’, a reconnu le prévenu qui a été arrêté à sa sortie d’une mosquée.

Pour se dédouaner en ce qui concerne les messages haineux, il a déclaré : ‘’Je peux partager par erreur, car je partage jusqu'à 10 messages par jour. Mais les écritures ne sont pas les miennes et ce n'était pas mon intention d'exposer ces magistrats.’’

Mais sa tentative de faire amende honorable n’a pas convaincu le juge qui lui a rappelé ses propos : ‘’Une personne que vous ne connaissez pas, que vous n'avez jamais vu et vous vous permettez de partager sa photo. Le pire, vous êtes resté chez vous en demandant aux autres de sortir. Vous envoyez un message en disant que le combat ce n'est pas d'être dans les rues pour affronter les forces de l'ordre, mais d'aller brûler les maisons des leaders et leurs biens. Si on applique cette méthode, en 24 heures, Macky Sall va dégager.’’

‘’Vous dites dans vos messages également : ‘Sonko ou la mort de tout le gouvernement’ et vous incitez les gens à brûler les boutiques Auchan et Total’’, a poursuivi le magistrat.

Le comparant a campé sur sa position et a déclaré que le message est parti par erreur dans le groupe. Le juge de lui lancer : ‘’Finalement, le téléphone est un danger pour vous.  Ce que vous faites, c'est de l'anarchie et non de la politique.’’ ‘’Je regrette, car j'ignorais que mon acte me coûterait neuf mois de liberté. Quand une manifestation n’est pas autorisée, je ne sors même pas de chez moi’’, a dit Bécaye Diouf.

Le maître des poursuites a requis deux ans de prison dont six mois d’emprisonnement ferme contre le prévenu.

Quant à l’avocat de la défense, il a sollicité une application extrêmement bienveillante de la loi, d’autant plus que son client s’est excusé après avoir regretté son acte.

Le tribunal rendra sa décision le 21 mars prochain.

MAGUETTE NDAO

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