Publié le 28 Mar 2020 - 20:32
PRISE EN CHARGE DES CAS GRAVES DE COVID-19

La grande équation des respirateurs artificiels

 

Après avoir franchi, hier, la barre symbolique des 100 patients souffrant de la Covid-19, des spécialistes commencent à s’interroger sur les capacités du pays à prendre en charge un flux massif de malades. Surtout ceux qui auront besoin d’appareils de respiration artificielle.

 

Après 25 jours de présence de la Covid-19 au Sénégal, la situation semble toujours sous contrôle. Dans les différents centres de traitement, les autorités ne cessent de se déployer pour assurer aux malades les meilleures conditions de traitement. Mais la question qui taraude bien des spécialistes demeure les capacités du pays à prendre en charge les cas les plus graves. Une crainte d’autant plus justifiée que même les pays développés rencontrent d’énormes difficultés à ce niveau.

Anesthésiste-réanimateur, l’ancien chef du bloc opératoire de l’hôpital Le Dantec, Dr Oumar Boun Khatab Thiam, tente de rassurer : ‘’Nous pouvons nous réjouir qu’en ce moment, il n’y a pas encore de cas graves qui méritent une telle assistance. Mais il est évident que si les cas se multiplient, nous aurons des difficultés. Non seulement en termes de matériel, mais aussi en termes de personnel.’’

Parmi ces personnels incontournables pour une bonne prise en charge des cas graves de Covid-19, il y a les réanimateurs ou urgentistes et les infirmiers techniciens supérieurs en réanimation. Dans un entretien publié par la revue scientifique française ‘’Iris’’, le 24 mars dernier, le professeur Moussa Seydi, Coordonnateur de la prise en charge médicale dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 au Sénégal, affirme : ‘’On pourra s’adapter, mais on aura des difficultés énormes, si le nombre de cas nécessitant une ventilation assistée est élevé.’’ Après avoir rappelé, pour rassurer, la létalité qui peut aller, selon les cas, de 2 à 3 %, il lance un appel à la sérénité, mais plus à la prévention. ‘’La négligence et le manque de prévention, souligne-t-il, peuvent entraîner une situation extrêmement grave’’.

Ainsi, au Sénégal, le nerf de la guerre, à en croire nombre de spécialistes, reste la prévention. Il faut, soutiennent-ils, tout faire pour qu’il n’y ait pas une explosion des cas positifs au nouveau coronavirus, comme c’est le cas dans certains pays européens.

Toujours est-il que, depuis l’arrivée du virus, le 2 mars, les autorités sanitaires ont fait preuve de leur capacité à s’adapter de manière plus ou moins rapide. Alors qu’à l’époque, le pays ne disposait que d’une trentaine de lits et d’un seul centre de traitement, les capacités ont été renforcées en un temps relativement court. Aujourd’hui, le Sénégal compte 4 centres de traitement, à savoir Dakar, Diamniadio, Touba et Ziguinchor, pour un total d’au moins 90 lits, rien que pour les trois premiers centres. Ce, compte non tenu de tout un dispositif mis en place pour aller crescendo. À ce niveau, donc, il semble y avoir moins d’inquiétudes.

Mais si des efforts énormes ont été faits ou sont en voie de l’être dans ce sens, les respirateurs artificiels semblent toujours faire défaut de façon criarde. Faisant des projections tenant compte du nombre de décès, de l’âge des patients et d’autres facteurs de risque, Dr Thiam évalue à environ 2 respirateurs pour 100 patients. Interpellé sur le nombre de respirateurs dans le pays, il explique : ‘’Ce qui est sûr, c’est que c’est insuffisant. Pour vous donner une idée, sachez que, puisque la létalité est entre 2 et 3 %, on suppose qu’entre 2 et 3 % de patients passent par ce stade de la réanimation et auront besoin de ce genre d’assistance. Il faut constater qu’au rythme où évoluent les cas, nous serons largement en deçà, vu le nombre de salles dont nous disposons. Il faut prier que les cas graves ne soient pas importants. Jusque-là, on touche du bois, nous n’en avons pas connaissance.’’

Du côté des autorités, c’est pour le moment le grand verrou. Les différents responsables que nous avons saisis estiment ne pas être en mesure de donner les renseignements concernant ce point. Ce qui est sûr, c’est que dans son interview accordée à ‘’Iris’’, Dr Seydi disait qu’au niveau de Fann comme à Diamniadio, il existe ‘’quelques respirateurs’’. En ce qui concerne Touba, il signalait : ‘’Les respirateurs ne sont pas encore arrivés au moment où je vous parle.’’

Par ailleurs, une chose est de disposer de respirateurs, mais une autre est de pouvoir disposer de personnels pour les utiliser. A ce niveau, les inquiétudes sont encore très importantes, selon certains spécialistes. Pour le réanimateur à la retraite, Dr Thiam, c’est d’autant plus complexe que, du fait des combinaisons qu’ils portent, les médecins réanimateurs, ou plus globalement ceux qui sont en contact avec les malades, ne peuvent rester sur une longue durée avec les patients.

Autant de choses qui rendent complexe la prise en charge et nécessiteront, après la crise, des solutions beaucoup plus structurelles. C’est, en tout cas, la conviction de l’ancienne ministre de la Santé, Awa Marie Coll Seck, il y a quelques jours, sur la Télévision futurs médias. Interpellée sur la disponibilité des respirateurs artificiels pour prendre en charge les cas les plus graves, elle annonçait : ‘’On n’en a pas suffisamment. C’est pour cela, lorsque j’étais à la tête du ministère de la Santé, on avait tout fait pour avoir des urgentistes bien formés. Je crois qu’on n’est pas à un stade où l’on peut dire que tout va bien. Je pense que la pandémie est arrivée à un point où les pays vont revoir leur méthode.’’ A bon entendeur !

 

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