Les associations de défense des femmes à la barre

Le procès du garde du corps de l’artiste Salam Diallo poursuivi pour viol a été aussi celui des organisations de lutte contre les violences faites aux femmes.
Accusé de viol sur une mineure de moins de 16 ans, pédophilie et séquestration, le garde du corps de Salam Diallo, A. Ndiaye alias Rambo Ndiaye, a comparu hier devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Avec ses co-prévenus Assane Diop alias ‘’Sindax’’ et Mamadou Sène, il a comparu dans une salle archicomble marquée par la présence des parents et proches des prévenus. Il y avait aussi des fans de Rambo Ndiaye puisque celui-ci s’active dans le jeu de faux-lions, communément appelé ‘’Simb’’.
Du côté de la partie civile qui est la fille de l’artiste musicien Pape Touré Mbaye, c’était aussi la grande mobilisation, avec l'assistance des organisations de lutte contre les violences faites aux femmes, particulièrement, l’Association des juristes sénégalaises (AJAS). Celle-ci a même commis un avocat en la personne de Me Borso Pouye pour assister la victime F.S. Mbaye, qui soufflera sa 15ème bougie, le 31 mars prochain. Ses souteneurs ont pu assister aux envolées de Me Pouye et de son confrère Me Massokhna Kane, avec leurs plaidoiries axées sur les violences faites aux femmes. En sus, il y a eu le réquisitoire du parquet demandant au tribunal de condamner les prévenus à cinq ans de prison ferme pour les délits de pédophilie et de séquestration. Pour le viol, il a demandé que les prévenus soient relaxés.
Mais, lorsque la défense a pris la parole, ces femmes en ont pris pour leur grade. Sans prendre de gants, Me Abdoulaye Diallo, un des conseils de Rambo, a déploré la démarche sélective de ces organisations pour leur soutien accordé aux victimes. ‘’Elles font le bruit autour de cette affaire pour soutenir une fille de 15 ans, alors qu’il y a aujourd’hui une victime de 5 ans qui est sans assistance’’, a asséné l’avocat. Très en verve, Me Diallo, d'asséner :‘’Si on n’y prend garde, ces lobbies qui ont instauré la parité, en violant la loi, vont créer beaucoup de malheurs’’. Abondant dans le même sens, son confrère Me Issa Diop dira ‘’qu’il est temps qu’une association de protection des hommes soit créée, à cause de la capacité de ruse de certaines femmes’’.
Le père de la victime savonné à la barre
Outre ces organisations, le père de la victime n’a également pas échappé aux foudres des avocats de la défense mais aussi des juges. En effet, élève en classe de 6ème, F. S. Mbaye a disparu du domicile de ses parents du 19 janvier au 13 février. Elle a expliqué que durant les 25 jours qu’elle a disparu, les prévenus l’ont séquestrée et violée. ‘’ Rambo m’a enlevée à Rufisque et m’a emmenée à Thiaroye Azur. Il m’a enfermée durant deux semaines et a abusé de moi, à plusieurs reprises et ce sont les habits de sa sœur que je portais’’, a déclaré la victime à l’endroit du garde du corps de Salam. Elle a ajouté que le faux-lion l’a ensuite mise dans un taxi en demandant au chauffeur de la déposer là où bon lui semblait. ‘’C’est ainsi que j’ai atterri chez Mamadou Sène qui m’a séquestré durant deux semaines’’, a-t-elle laissé entendre. En ce qui concerne Assane Diop, elle a soutenu que ce gardien a abusé d’elle au mois de décembre sous la menace d’un couteau.
Déchirure hyménale ancienne et un avortement récent
Après avoir écouté la victime dérouler son récit, l’un des assesseurs du président de l’audience n’a pu manquer de sermonner le père. ‘’Vous êtes le seul responsable de ce qui est arrivé à votre fille. Comment un père de famille peut-il accepter que sa fille mineure passe la nuit chez ses copines’’, a lancé le juge Alla Kane à l’artiste Pape Touré Mbaye. ‘’F. S. Mbaye est victime de son éducation et ses parents doivent assumer leurs responsabilités, au lieu de chercher des faux-fuyants’’, a déclaré Me Abdoulaye Diallo.
Ainsi pour lui, les prévenus doivent être relaxés, d’autant plus qu’ils ont tous contesté les faits. Rambo a soutenu que la victime ‘’a acheté’’ son numéro de téléphone et, en tant que fan, ne cessait de l’appeler. Le faux-Lion a aussi déclaré que lorsque la fille est venue chez lui, il l’a chassée, avant de l’embarquer dans un taxi. Mamadou Sène a pour sa part laissé entendre avoir hébergé la victime une seule nuit. Outre les dénégations de leurs clients, la défense s’est appuyée également sur le certificat médical qui atteste une déchirure hyménale ancienne et un avortement récent. Les avocats de la partie civile réclament 25 millions de francs Cfa au titre de dommages et intérêts. Délibéré le 19 mars prochain.
FATOU SY
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