Publié le 7 Aug 2019 - 18:44
PRODUITS ET SERVICES HALAL

Le Sénégal invité à aller au-delà de la finance islamique  

 

Les produits et services halal vont au-delà de la finance islamique. C’est ce qu’a fait comprendre hier, lors d’un atelier, le président du Salon international du business musulman (Sibm), le Pr. Khadiyatoulah Fall. Il a plaidé pour que les autres domaines tels que le halal agroalimentaire, la mode et la musique soient exploités.

 

Au Sénégal, beaucoup d’avancées ont été notées dans la finance islamique halal. En 2013, souligne le président du Salon international du business musulman (Sibm) lors du forum halal, la volonté d’aller vers tous les produits était exprimée. ‘’Mais tout le débat a été concentré, gelé autour de la finance islamique. Or, il y a les autres produits tels que le halal agroalimentaire, la mode, l’artisanat, l’espace touristique et la musique. Il y a là un déploiement du halal extrêmement intéressant, qui crée de nouveaux métiers, emploie d’autres personnes. Mais, au Sénégal, on est très focalisé sur la finance islamique. Il le faut certes, mais il y a autre chose’’, dit le Pr. Khadiyatoulah Fall.

Il s’exprimait hier, lors d’un atelier de formation et de sensibilisation sur la normalisation et la certification des produits et services halal.

D’après M. Fall, on est aujourd’hui dans une période de post-halal. Il est un dépassement du halal pour intégrer de nouvelles perspectives dans des domaines de la vie du musulman. ‘’Le halal, c’est un espace ouvert, celui des possibles, d’exploration et d’innovations. Il va jusqu’à l’appropriation d’objets profanes. Nous avons le potentiel et il nous faut, aujourd’hui, dépasser cette euphorie musulmane. Le halal devient un questionnement économique, identitaire d’investissement, d’entreprise et de création de métiers, surtout de nouveaux métiers dans les espaces musulmans’’, poursuit le président du Sibm.

Ainsi, il signale que les musulmans consomment du halal et profitent peu de ses bénéfices. Or, d’après lui, la religion est ‘’compatible’’ avec l’argent, le commerce. Au-delà de la foi, elle est économique. ‘’Les musulmans deviennent de plus en plus conscients que ce qui leur arrive avec l’importation n’est pas tout à fait halal. Les chapelets qu’on utilise pour l’adoration sont fabriqués en Chine avec des os de porc. Donc, le halal est devenu un business. Et que devient-il si nous ne sommes pas là pour observer, évaluer, afin qu’il ait un contrôle islamique ?’’, renchérit le Pr. Fall.

Une ‘’nouvelle opportunité’’ pour le développement de l’Afrique

Selon la ministre du Commerce et des Petites et moyennes entreprises, Assome Aminata Diatta, le marché halal mondial est de plus en plus globalisé. Il est estimé, en 2017, à plus de 2 100 milliards de dollars avec un taux d’accroissement annuel de plus de 10 % et des prévisions de l’ordre de 4 000 milliards de dollars en 2023.

‘’Ce marché à fort potentiel, qui repose sur les besoins et les préférences d'environ 1,6 milliard de musulmans, parfois de non-musulmans, s’est étendu aux secteurs du halal non alimentaire, avec le développement de la finance islamique, du tourisme halal ainsi que de plusieurs autres domaines des services’’, fait savoir Assome Aminata Diatta. 

En Afrique, le pourcentage de la population musulmane, estimé à 30 %, réserve une large part de marché pour l’industrie des produits et services halal. Pour la ministre, ceci fait du business halal une ‘’nouvelle opportunité’’ pour le développement du continent. ‘’D'un point de vue commercial, il ne fait plus aucun doute que le marché halal ouvre de nouveaux horizons. En effet, face à la saturation de nombreux marchés traditionnels, l'émergence d'un business fonctionnant selon les principes et les valeurs halal crée un nouveau paradigme commercial’’, affirme Assome Aminata Diatta.

Elle estime que le halal replace ainsi un élément ‘’profondément’’ éthique et spirituel dans la relation des hommes à l'alimentation et au commerce. ‘’Si son développement est opéré avec intelligence et pureté dans l'intention, il peut être un formidable outil d'éradication de la pauvreté, de création d’emplois, d'instauration d’une harmonie sociale et d'amélioration de la vie de nombreuses populations. Le halal continue d'évoluer et, au fur et à mesure qu'il se rapproche de son potentiel, il devient un signe de qualité et de sécurité pour les consommateurs’’, conclut la ministre en charge du Commerce.

MARIAMA DIEME

 

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