La cathédrale de Ziguinchor, ‘’une jeune fille belle et fière !’’

Après un siècle et cinq mois d’âge, le diocèse de Ziguinchor a procédé, ce weekend, à la nouvelle bénédiction de la cathédrale Saint-Antoine de Padoue. Elle a retrouvé toute sa splendeur, après les travaux de rénovation lancés par l’État, dans le cadre du Programme de réhabilitation des lieux de culte et des lieux de mémoires historiques.
‘’En entrant dans cette cathédrale, l’on est tout de suite saisi par la beauté des lieux. Une beauté retrouvée après une nécessaire et précieuse cure. Tous saluent la qualité du travail de restauration de cette église, la finesse et la délicatesse dans le choix des matériaux, l’harmonie entre tradition et modernité’’, s’est réjoui l’administrateur diocésain de Ziguinchor, Monseigneur Fulgence Coly.
D’après lui, ce bâtiment renseigne merveilleusement et illustre parfaitement le sentiment profond de joie, de fierté et de reconnaissance qui a animé toute la communauté catholique de la région de Ziguinchor, ce samedi, à l’occasion de la nouvelle bénédiction de la cathédrale Saint-Antoine de Padoue, entièrement restaurée. C’était lors de la cérémonie officielle qui a suivi la célébration eucharistique de cette nouvelle bénédiction.
‘’Aujourd’hui, la cathédrale est là, entièrement rénovée, comme une jeune fille belle et fière. Elle se donne à nouveau à chacun de nous, comme signe d’un nouveau départ ! Après un siècle et cinq mois, nous procédons à sa nouvelle bénédiction’’, a laissé éclater toute sa joie le curé de la cathédrale, Abbé Serge Otis Sambou. Non sans exprimer, à la suite de Mgr Fulgence Coly, sa profonde gratitude au président de la République pour son implication personnelle et sa détermination à voir cette cathédrale rénovée.
Quand l’histoire de la cathédrale nous est contée…
En 1900, le 29 janvier, plus précisément, arrive à Ziguinchor celui qui sera le véritable bâtisseur de la cathédrale de Ziguinchor, le père Jean-Marie Esvan. Après plusieurs péripéties dans les zones de Sédhiou, en soutien au père Gabriel Sène et à Carabane en remplacement des pères Dechaud et Ferreol morts de fièvre jaune, le père Esvan s’installe définitivement à Ziguinchor, le 20 décembre de la même année. Le 24 février 1900, il entreprit la construction de ce qui est devenu aujourd’hui la cathédrale Saint-Antoine de Padoue, une église bâtie sur l’ancien cimetière de la ville et dont la bénédiction a été faite le 13 février 1921. Avec le poids de l’âge, cet édifice, classé monument historique de l’Unesco, va connaitre une dégradation régulière, et ce, malgré de nombreuses tentatives de réhabilitation effectuées par l’expertise locale et nationale.
Face au danger que constituait ce lieu de culte, monseigneur Paul Abel Mamba, à l’époque Évêque de Ziguinchor, qui a dit, ce samedi, toute sa joie ‘’d’accueillir ce projet de rénovation achevé’’, va, en 2019, faire un fort plaidoyer pour sa réhabilitation. Cet appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, puisqu’au cours de la même année, le président de la République mandate le bureau d’Architecture de la présidence pour engager les travaux de rénovation.
Lancés au mois d’avril 2021, les travaux de réhabilitation, conduits par l’entreprise Eiffage, ont été réalisés dans les délais impartis. Cette réhabilitation de la cathédrale Saint-Antoine de Padoue entre dans le cadre du Programme de réhabilitation des lieux de culte et des lieux de mémoires historiques auxquelles les populations locales sont fortement attachées. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il faut inscrire la réhabilitation complète et entière, en 2018, des ‘’vestiges’’ de l’église Saint Paul et Pierre de Carabane construite entre 1887 et 1897 par des missionnaires français de la Bretagne.
Menace d’effondrement du presbytère…
‘’Avec cette restauration, l’édifice de la cathédrale a encore de belles années devant elles’’, a déclaré Mgr Coly. ‘’Ils sont finis les jours de la passion ! Suivez maintenant les pas du Ressuscité : suivez-le désormais jusqu’à son Royaume ou vous posséderez enfin la joie parfaite !’’, a clamé haut et fort le curé de la paroisse Saint-Antoine de Padoue, Abbé Serge Otis Sambou.
Le curé a profité de la cérémonie officielle qui a suivi la célébration de la nouvelle bénédiction pour déplorer l’état actuel du presbytère de la paroisse qui est très préoccupant et qui constitue un danger permanent pour l’équipe des prêtres qui y habitent, pour le personnel qui y travaille et pour les visiteurs. ‘’Nous estimons humblement qu’il serait vraiment dommage que l’église cathédrale soit rénovée et qu’à côté de ce beau joyau, les prêtres, chargés de conduire les offices, habitent un presbytère dont l’état de dégradation avancé fait peser sur ses occupants un véritable danger’’, a-t-il regretté.
Selon lui, la sainteté de ce beau lieu de culte court le risque, par ailleurs, d’être ternie par la stagnation des eaux qui appellent à un sérieux travail d’assainissement. C’est pourquoi, après avoir réitéré sa profonde gratitude pour ce ‘’beau cadeau’’, il en a appelé à la sollicitude des autorités pour que, dans la suite des travaux qui restent à être achevés, la salle Abbé Laurent soit tenue en compte. C’était en présence de la secrétaire d’État Victorine Ndèye, chargée du Logement, qui conduisait la délégation gouvernementale et qui a promis, après avoir rendu grâce à Dieu, de saisir les autorités compétentes relativement à cette doléance du curé de la paroisse Saint-Antoine de Padoue.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)