Publié le 28 Nov 2021 - 02:10
PROTECTION SOCIALE

La guerre des puissances

 

En l’espace des deux derniers jours (25 et 26 jours), les questions sociales ont été passées au crible à Diamniadio, dans le cadre de la 3e Conférence sociale sous le thème ‘’La protection sociale pour tous : agir vite pour réduire les déficits de travail décent et réussir la transition de l’économie informelle vers l'économie formelle’’.

 

Ces jeudi 25 et vendredi 26 novembre 2021 ont été l’occasion pour la définition d’une feuille de route consensuelle pour un programme national de réformes du système de protection sociale, afin de garantir une couverture pérenne et plus inclusive de la population. La 3e conférence sociale sur la protection sociale a prêté le cadre aux différentes catégories de la société pour réfléchir, innover et proposer des solutions pour aboutir à l’universalisation de la protection sociale. Un objectif loin de la réalité actuelle des choses.

Au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, des concertations de haut niveau sur les questions de protection sociale ont été menées. Ces dernières ont concerné l’identification de solutions pour garantir la gouvernance et le financement durable de la protection sociale’’ et ‘’le système de sécurité sociale face aux mutations du monde du travail’’.

Venu présider hier la cérémonie de clôture, le président de la République s’est penché sur la situation d’un secteur important dans la protection sociale : la retraite. Et avec les séniors, Macky Sall veut cajoler ceux qui sont à l’origine des acquis d’aujourd’hui. Sous les applaudissements des intéressés, le chef de l’Etat a annoncé une bonne nouvelle. ‘’Les pensions de retraite à l'Institution de prévoyance retraite du Sénégal (Ires) ont été revalorisées à hauteur de plus de 40 % depuis 2012. Mais les retraités demandent une nouvelle augmentation. Ce que je comprends. Ainsi, je voudrais demander au président du Conseil d’administration de l’Ires, le directeur général et à l’ensemble des administrateurs d’étudier, d’ici le 31 décembre, la faisabilité d’une augmentation de 10 % supplémentaire’’. Macky Sall reconnaît que malgré ce qui a été fait, le quotidien montre que les retraités souffrent au Sénégal.

Macky Sall : ‘’Les travailleurs doivent cotiser davantage. C’est inévitable’’

S’il s’agit d’une bonne nouvelle pour les séniors, l’appréciation pourrait en être autrement pour les actifs. Car cette hausse devrait coûter environ 10 milliards de francs CFA au contribuable sénégalais. ‘’Et cela suppose une chose, ajoute le président de la République. Il faut sérieusement envisager l’augmentation des cotisations pour ceux qui travaillent. Ça, c’est inévitable. On ne peut pas avoir une retraite décente, quand on ne cotise pas de manière décente. Pour les retraités, c’est trop tard. C’est à nous travailleurs de cotiser plus pour les séniors et ceux qui viendront après. Tout le dispositif a été voté. Il ne reste plus que le dispositif à mettre en place. Nous voulons de la qualité dans les services qui sont rendus aux retraités. Et ce sont les syndicats qui peuvent nous y aider, les travailleurs’’.

Cette troisième conférence sociale, qui fait suite à celles de 2014 et de 2017, s’est aussi saisie de questions portant notamment sur la nécessité de déterminer les modalités de mise en œuvre de stratégies d’extension de la protection sociale aux travailleurs de l’économie informelle, aux travailleurs ruraux et aux travailleurs indépendants. S’il est important de conforter les pas qui ont été faits lors des précédentes éditions, l’objectif est d’aboutir à l’épanouissement de tous les travailleurs sénégalais.  

Le régime sénégalais de sécurité sociale des travailleurs salariés vise tous les risques, sauf le chômage. Les travailleurs indépendants ne sont pas couverts par le régime de sécurité sociale. Mais ils peuvent adhérer volontairement aux assurances : accidents du travail auprès de la Caisse de sécurité sociale (CSS) ; maladie en contractant une assurance privée auprès d'une mutuelle de santé.

Trouver un modèle de cotisation pour les travailleurs ruraux et indépendants

La politique d’équité sociale du président Macky Sall a apporté quelques gains remarquables.  Le Programme national de bourses de sécurité sociale a consisté en un investissement direct de plus de 200 milliards de francs CFA sur sept ans, soit une moyenne annuelle de trentaine de milliards destinés à des couches très vulnérables. Le Programme de couverture maladie universelle a joué sa partition. Le Programme national de bourses de sécurité familiale touche plus de 20 % des ménages sénégalaises.  

Toutefois, les limites doivent être surmontées et les travailleurs du secteur informel, grandement majoritaire dans l’écosystème socioprofessionnel, intégrés. Le président Macky Sall est ‘’convaincu que les travailleurs ruraux peuvent cotiser, tout comme les indépendants. L’agriculteur peut prélever une portion de la vente de sa production pour assurer une couverture maladie ou la retraite. L’artisan également. Ils doivent trouver des moyens de mettre à côté quelque chose pour les périodes compliquées à venir. On ne peut pas simplement reposer sur la volonté d’Allah et rester les bras croisés’’, sans rien épargner.

Lamine Diouf

 

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