Publié le 18 Sep 2025 - 18:14
QUESTIONS D'ASSAINISSEMENT AU SENEGAL

La presse appelée à jouer son rôle citoyen

 

À Thiès, le Cadre de Réflexion et d’Action des Journalistes sur l’Hygiène, l’Eau et l’Assainissement (CRAJHEA) a lancé un atelier de formation destiné aux professionnels des médias. Objectif : renforcer leurs capacités afin de mieux informer et sensibiliser les populations sur les enjeux cruciaux de l’assainissement au Sénégal.

 

Le Cadre de réflexion et d’action des journalistes sur l’hygiène, l’eau et l’assainissement (CRAJHEA) a lancé un atelier de formation destiné aux journalistes, centré sur les problématiques de l’assainissement au Sénégal. Organisée en partenariat avec le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement et le projet Sangov, appuyé par la Fondation Bill & Melinda Gates, l’initiative ambitionne de doter les professionnels des médias d’outils pour mieux informer et sensibiliser les populations sur un secteur crucial. Le directeur de l’Assainissement au ministère de l’Eau et de l’Assainissement, Omar Sène, a rappelé à cette occasion l’importance stratégique de l’assainissement au Sénégal, un secteur trop souvent réduit dans l’opinion publique à la seule gestion des inondations.

« L’assainissement, ce n’est pas seulement les inondations. C’est tout ce qui est en rapport avec les eaux usées et pluviales », a-t-il insisté, soulignant que cette vision réductrice empêche de saisir l’ampleur des enjeux techniques et sanitaires.

Selon M. Sène, l’assainissement concerne aussi bien les zones urbaines que rurales, avec de nombreux projets structurants : réalisation de réseaux, construction de stations d’épuration, mise en place de stations de vidange et développement de solutions d’assainissement autonome.

« D’un point de vue technique, il y a beaucoup d’aspects qui occupent une place essentielle, au-delà de la gestion des inondations », a-t-il précisé, mettant en avant les efforts de l’État pour améliorer les infrastructures et moderniser le sous-secteur.

En milieu rural, le ministère concentre une partie de ses actions sur la sensibilisation et l’accompagnement des ménages dans l’accès à des toilettes décentes. « Si les communautés n’ont pas de toilettes, la défécation à l’air libre pose un véritable problème de santé publique. Elle favorise la propagation de maladies diarrhéiques, qui deviennent endémiques », a alerté le directeur.

Pour y remédier, l’État s’est fixé pour objectif d’accompagner les familles rurales dans la construction de latrines. « Rien que pour l’année 2025, il est prévu la réalisation de 1 000 toilettes, destinées à améliorer le quotidien de près de 10 000 personnes », a-t-il annoncé.

Avec ces initiatives, le ministère ambitionne de renforcer la résilience des communautés rurales, mais aussi d’améliorer durablement la santé publique et la qualité de vie des populations. « L’assainissement est un enjeu majeur pour notre société. Il touche à la dignité humaine, à la santé et au développement », a conclu M. Sène.

L’atelier s’inscrit dans la continuité d’un programme de renforcement de capacités initié par le CRAJHEA. La semaine passée, 60 journalistes issus des régions de Fatick, Kaolack, Kaffrine, Tambacounda et Kédougou ont déjà été formés. La nouvelle cohorte, rassemblée cette fois à Dakar, marque une étape supplémentaire vers la spécialisation de la presse sur les questions liées à l’eau, l’hygiène et l’assainissement. « Notre ambition est de bâtir un réseau de journalistes capables d’apporter une contribution décisive dans la sensibilisation des populations et dans la gouvernance du sous-secteur », a affirmé Moussa Thiam, président du CRAJHEA, lors de l’ouverture.

L’assainissement, un défi national

Malgré des avancées notables, l’assainissement demeure un enjeu majeur au Sénégal. Selon l’Enquête Wash de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), le taux d’accès global atteignait 61,2 % en 2022. Mais les zones rurales et périurbaines continuent d’accuser un retard significatif.
« L’assainissement touche directement à la santé publique, à la dignité humaine, au cadre de vie et à la résilience face aux inondations, aux épidémies et aux changements climatiques », a rappelé M. Thiam.

Les journalistes, relais de l’action publique

Le CRAJHEA insiste sur le rôle clé des médias dans la promotion d’un meilleur assainissement. « Nous sommes les passeurs d’information, les voix des communautés, les vigies de l’action publique et des politiques sectorielles », a souligné Moussa Thiam, invitant ses confrères à transformer les acquis de la formation en productions médiatiques concrètes – enquêtes, reportages, contenus innovants – pour bâtir une conscience citoyenne durable.

Le président du CRAJHEA a exprimé sa reconnaissance au ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, à la Fondation Bill & Melinda Gates ainsi qu’à l’ensemble des partenaires techniques et financiers. Il a formulé le vœu que ces journées « soient un tournant décisif pour la mobilisation des médias autour de l’assainissement et qu’elles ouvrent des perspectives nouvelles pour un Sénégal plus propre, plus sûr et plus résilient ».

Ndeye Diallo (Thiès)

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