Publié le 25 Jan 2020 - 05:33
REFONDATION DE L’ALLIANCE POUR LA REPUBLIQUE

Moustapha Diakhaté sonne la révolution militante

 

Dans son manifeste lancé hier, l’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, récemment exclu du parti présidentiel, fait un diagnostic sans complaisance de la situation de crise qui règne à l’APR. Cela, avant d’appeler tous ceux qui se sentent intéressés de se joindre à lui, pour une refondation du parti de Macky Sall.

 

Exclu des rangs de l’Alliance pour la République (APR) par la Commission de discipline dont il conteste d’ailleurs la légalité, Moustapha Diakhaté a procédé, hier, au lancement de son mouvement Mànkoo Taxawu Sunu APR/Initiative pour la refondation de l’Alliance. D’emblée, il décline ses objectifs dans la déclaration fondatrice publiée à cet effet sur sa page Facebook. Dans le document parcouru par ‘’EnQuête’’, il propose six objectifs visant à refonder le parti.

D’abord, Moustapha Diakhaté préconise la dissolution du Secrétariat exécutif national, de toutes les structures, organismes internes et la mise en place de la présidence du parti, conformément à l’article 15 des statuts avec l’installation de deux vice-présidents dont une femme, d’un coordonnateur national et son adjoint.

Ensuite, il exige la mise sur pied d’une direction collégiale provisoire chargée de piloter la refondation du parti, la réaffirmation de l’option libérale du parti et sa double appartenance du Réseau libéral africain et de l’Internationale libérale, la dévolution et l’exercice démocratique des responsabilités et des pouvoirs dans le parti. Aussi, propose-t-il l’application et le respect des statuts, du règlement intérieur du parti, des chartes du Réseau libéral africain et de l’Internationale libérale, et la mise en place démocratiquement des structures et instances nationales de direction.

Par ses propositions, l’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar entend contribuer à l’élévation de la conscience militante et à l’amélioration de la démocratie interne, dans un souci d’une meilleure implication des militantes et militants dans la gouvernance de leur parti, aussi bien au niveau local que national. Avec les militants qui le souhaiteront, il envisage de s’engager à la construction d’‘’une APR libérale, démocratique, patriotique, panafricaine, progressiste, ouverte, tolérante, libérée de toute ‘fan’sclubisation’, ploutocratie, aliénations clientélistes et régionalistes’’.

Ceci passe, selon lui, par une reconstruction de la confiance de l’engagement militant dans l’APR, de la revitalisation de la démocratie interne, participative et inclusive, de l’amélioration des modes d’intervention du parti au profit des populations et de la proposition des solutions de gouvernances innovantes à destination des instances, structures internes et organismes affiliés.

L’enjeu de cette refondation, selon Moustapha Diakhaté, c’est de rassembler et fédérer les militants, en faire les acteurs de la transformation du parti et favoriser son auto-organisation et son auto-gouvernance. ‘’Pour la décennie qui commence, c’est à nous de nous mobiliser comme jamais pour un nouveau souffle militant pour qu’enfin, le militantisme et la camaraderie prévalent partout dans l’APR’’, soutient-il.

Nouvelle structuration

Dans la nouvelle structuration qu’il propose, l’initiateur de Mankoo Taxawu Sunu APR veut organiser les militants selon une charte définie collectivement et disposant d’une autonomie d’action dans le respect de l’esprit de ‘’la refondation de l’Alliance’’. Cette organisation, selon lui, sera soutenue par un comité de direction du mouvement qui prend en charge les problèmes administratifs et financiers, l’agenda ainsi que de la gestion du planning des réunions et assemblées. Il aura comme vocation d’assurer l’organisation des actions, manifestations, réunions, tribunes, de participer à la réalisation du projet et est naturellement associé à toutes les décisions du mouvement. Il est réuni tous les quinze jours.

A côté du comité de direction, il prévoit un comité de pilotage qui définit les grands axes et les orientations du mouvement. Il est étroitement associé aux contacts extérieurs et à la réflexion sur la refondation. Parallèlement à ce cadre, il y aura un comité d’intermédiation et réconciliation qui a pour finalité de rendre le mouvement bienveillant et inclusif. Dans ce comité, relève-t-il, ‘’les compétitions internes, les conflits de personnes et les affrontements de clans n’y ont pas leur place, tout comme les propos ou les comportements violents’’.

Pour faire vivre l’APR partout à l’échelle des villes, des quartiers, des entreprises, des catégories socioprofessionnelles et dans la diaspora, il prévoit la mise en place d’un collectif territorial de base chargé de l’animation du mouvement sur son territoire et d’une assemblée militante communale qui est l’espace de dialogue entre l’ensemble des collectifs. Elle est un lieu de partage d’informations, de débats, de réflexion et de mutualisation des bonnes pratiques. ‘’Nous faisons appel aux militants avec la conscience qu’un simple cartel électoral ne peut être la perspective d’un parti politique digne de ce nom et qu’il faut une vaste irruption et un formidable big bang militant’’, soutient Moustapha Diakhaté.

Ces différentes propositions découlent, en effet, d’un diagnostic sans complaisance de la situation qui prévaut au parti présidentiel. A en croire Moustapha Diakhaté, beaucoup de facteurs endogènes plombent la bonne marche de l’Alliance pour la République qui, selon lui, ‘’fonctionne depuis douze ans comme une masse informe, une foire d'empoigne, un parti de querelles de personnes, de lutte des places sans merci sur fond d’ambiguïté idéologique, de déliquescence des structures, organisations et instances de direction à tous les niveaux’’.

Ce tableau apocalyptique de la locomotive de la majorité présidentielle, estime-t-il, doit alerter plus d'un et appeler à la mobilisation de toutes les militantes et de tous les militants pour remettre l’APR en l’endroit. ‘’Il nécessite qu’en permanence, on s’interroge sur nos pratiques militantes’’.

Révolution militante

Dans son diagnostic, Moustapha Diakhaté se refuse à toute forme de dogmatisme ou de certitude. Néanmoins, il estime que la révolution militante qui est la sienne se nourrit des défis de l’APR autant qu’elle doit les susciter. Ce travail, selon lui, exige de donner la parole aux militants pour qu’ils s’y impliquent, qu’ils y soient à l’origine ou en soutien.

‘’C’est ce que propose la plateforme militante Mànkoo Taxawu Sunu APR/Initiative pour la refondation de l’Alliance, en toute autonomie, donc en toute liberté, pour sortir le parti des querelles intestines, postures sectaires, clientélistes et courtisanes’’, déclare l’ancien parlementaire. Pour lui, il s’agit de faire le chemin inverse, en allant au-delà de la collecte des suffrages, de politiques électoralistes, pour faire du parti un instrument de conscientisation, d’éducation, d’encadrement des militantes et militants, et d’intermédiation entre le peuple sénégalais et son gouvernement.

De ce fait, il souhaite porter un discours de vérité pour être à la hauteur des enjeux du parti et du Sénégal. Il propose des solutions pragmatiques, ancrées dans le réel et basées sur ‘’des valeurs essentielles telles que le progrès et la justice sociale, le respect des hommes et la capacité donnée à chacun d’être acteur de son quotidien’’. ‘’Mànkoo Taxawu Sunu APR/Initiative pour la refondation de l’Alliance est un mouvement ouvert et populaire. Il ne demande ni carte d’entrée et rassemble toutes celles et ceux qui agissent pour promouvoir le programme de ‘la refondation de l’Alliance’. Il met en œuvre l’implication des membres et facilite l’action de chacune en son sein, en proposant des formations s’appuyant sur les méthodes de l’éducation populaire’’, souligne-t-il.

Pour une meilleure prise en charge des aspirations du peuple, Moustapha Diakhaté estime que la modernisation de l’organisation et la redéfinition des missions de l’APR s'imposent en s’inspirant du Dr Franz Fanon selon qui : ‘’Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la trahir ou la remplir’’, et d’Angela Davis, lorsqu’elle disait, à juste titre : ‘’Je change ce que je ne peux pas accepter.’’

A cet égard, il entend assumer sa mission, en participant au renouveau de l’action militante à travers la production et la diffusion de propositions sur l’ensemble des sujets qui structurent la vie du parti et de la nation. Ainsi, son mouvement se veut un espace de réflexion et d’action, pour prendre sa pleine part du combat de la refondation du parti. Cela, dit-il, dans le but de permettre à l’APR d’être à la fois un puissant socle politique et une solide colonne vertébrale de la majorité, en proposant des mesures concrètes pour répondre aux urgences organisationnelles et fonctionnelles, en misant sur l’intelligence collective des militants et en donnant à chacun la possibilité d’agir.

ASSANE MBAYE

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