Publié le 18 Jul 2019 - 01:51
REINSERTION SOCIALE DES DETENUS

Le taux de récidive toujours important dans les prisons sénégalaises

 

La Direction de l’administration pénitentiaire a organisé, hier, un atelier de partage et de sensibilisation sur la réinsertion sociale des détenus. Les autorités pénitentiaires ont profité de cette occasion pour insister sur la nécessité de renforcer davantage les moyens alloués à ce secteur, pour réduire le taux de récidive qui reste encore important au Sénégal.

 

Conscient qu’une réinsertion sociale réussie des détenus réduit le taux de récidivité, la Direction de l’administration pénitentiaire (Dap) s’est engagée à promouvoir davantage la sensibilisation. 

En effet, par elle, la Dap espère amener le prisonnier qui recouvre la liberté à s’intégrer facilement dans la société et à trouver une activité génératrice de revenus. L’objectif de cette nouvelle politique en matière carcérale est surtout de permettre la réduction du taux de récidive qui reste encore élevé.

En effet, selon le directeur de la Dap, Jean Bertrand Bocandé, malgré une baisse progressive enregistrée chaque année, la récidive reste toujours importante. A titre illustratif, en 2018, sur un total de 27 720 écroués, 59 cas de récidive sont relevés, soit un taux de 21,4 %. C’est pourquoi les autorités pénitentiaires estiment qu’il est nécessaire de doter les maisons d’arrêt et de correction de moyens suffisants pour assurer une bonne rééducation de leurs pensionnaires.  

C’est d’ailleurs dans ce contexte que la Dap a organisé cet atelier de sensibilisation et de partage sur la réinsertion sociale des détenus. Au cours de la rencontre, les acteurs ont échangé sur les politiques mises en place pour la réinsertion sociale des détenus.

Selon M. Bocandé, le Sénégal a sensiblement amélioré les conditions dans les prisons, ces dernières années. La formation et la prise en charge alimentaire et médicale des détenus sont devenues une priorité dans la nouvelle politique. Le budget de l’administration  a également été porté en hausse, pour atteindre les objectifs escomptés.

A cet effet, l’indemnité journalière par détenu est passée de 461 F en 2012 à 1 100 F en 2019, soit une hausse de 639 F en sept ans. Ce qui permet d’assurer aux pensionnaires les trois repas quotidiens et une prise en charge médicale correcte.  

L’objectif visé, à travers cette augmentation, est de faire en sorte que la période de privation de liberté soit mise à profit pour permettre au détenu, une fois libre, de pouvoir vivre dans le respect de la loi et de subvenir à ses besoins.

‘’Nous lançons un appel à tous pour un engagement dans des projets à participation massive des détenus. Il faut s’approprier du concept de projets à haute intensité de main-d’œuvre développé par l’Organisation internationale du travail (Oit) et qui présente des avantages multiples pour le secteur carcéral. Il permet d’apporter de bonnes réponses à la surpopulation, au stress de la détention et de faire en sorte que les détenus passent moins de temps dans les chambres pour une saine occupation favorisant leur épanouissement et canalisant chez les jeunes leur énergie dans des activités’’, estime Jean Bertrand Bocandé.

Des activités génératrices de revenus

En outre, soucieux de la réinsertion sociale des détenus, les dirigeants de la Maison d’arrêt et de correction de Liberté 6 essayent, tant bien que mal, d’offrir une alternative aux détenus, pour non seulement contribuer à leur épanouissement au moment de purger leur peine, mais aussi de faciliter leur réinsertion dans la société.  Dans cette perspective, le Camp pénal de liberté 6 forme ses pensionnaires avec l’apprentissage de métiers dans des domaines d’activité bien ciblés. Les détenus exercent des activités génératrices de revenus leur permettant de soutenir leurs familles restées dehors.  

‘’L’espace carcéral devrait être en réalité un vécu momentané. Une fois qu’on est passé, le souhait est qu’on n’y revienne pas. C’est pourquoi, au  camp pénal, nous avons mis en place  différents espaces de travail pour les détenus. Et tous les revenus qu’ils obtiennent de ces travaux leur sont intégralement ristournés. Ce qui leur permet d’entretenir les familles qui sont dehors et d’avoir, après leur sortie, un pécule qui leur permet d’engager leur réinsertion sociale autrement, en exploitant des activités qui nécessitent des moyens’’, explique le directeur de cabinet du ministre de la Justice, Souleymane Nasser Niane.

Par ailleurs, ce dernier a insisté sur la nécessité de promouvoir un espace carcéral convivial qui permet aux prisonniers de vivre dans un espace de réceptivité. Ce qui, de l’avis de M. Niane, doit se traduire par une augmentation des moyens alloués à ce secteur et par l’engagement de toute la société.  ‘’Il faut que tout le monde s’y mette, pour que nous puissions acquérir à chaque fois un peu plus de moyens pour conforter les politiques publiques en matière de privation de libertés’’, estime-t-il.

ABBA BA

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