Publié le 27 Aug 2025 - 13:50
DETTE BUDGÉTAIRE  

Le FMI parle d’erreurs et de déclarations erronées 

 

Alors que nombre d’experts et de politiques semblent avoir consacré le terme “dettes cachées” pour parler de l’héritage du régime de Macky Sall, le FMI parle d’erreurs et travaille avec les autorités sur des mesures correctives.

 

La mission tant attendue du Fonds monétaire international (FMI) au Sénégal a pris fin hier. Dans un communiqué, l’institution est revenue sur l’objet des échanges avec les autorités sénégalaises. Il s’est principalement agi, selon le document, “des mesures à prendre pour remédier à l'affaire des déclarations erronées avant leur examen par le Conseil d'administration du FMI”. La mission dit aussi avoir “examiné la situation actuelle de la dette et a échangé des vues sur les contours d'un nouveau programme potentiel soutenu par le FMI”.

À l'issue de la visite, le chef de la délégation a fait la déclaration suivante : "L'équipe du FMI a félicité les autorités sénégalaises pour leur engagement en faveur de la transparence et de la responsabilité budgétaires, après qu'elles ont révélé les importantes erreurs de déclaration commises au cours des dernières années. Nous avons eu des discussions productives avec les autorités sur les mesures correctives visant à renforcer la transparence dans la gestion des finances publiques, à garantir la fiabilité des rapports sur l'exécution du budget et à préserver la viabilité budgétaire.”

Ces mesures, selon M. Gemayel,  “contribueront à résoudre les problèmes systémiques identifiés dans le rapport de la Cour des comptes, qui a confirmé l'existence d'importantes déclarations erronées pour la période 2019-2023”.

Les conclusions du rapport Mazars

Le communiqué est aussi revenu sur “l'exercice de réconciliation complet mené par Forvis Mazars”. À la suite de cet exercice, “les autorités ont révisé l'encours de la dette du gouvernement central de 74,4 % à 111 % du PIB à la fin de 2023”. Selon la mission, “cette  révision reflète principalement des passifs non divulgués précédemment”. La mission révèle qu’à la fin de 2024, “les statistiques révisées de la dette montrent que la dette de l'administration centrale a atteint 118,8 % du PIB”.

Malgré ces défis budgétaires, ajoute le communiqué, l'économie sénégalaise a fait preuve de résilience, avec une croissance qui s'est accélérée à 12,1 % en glissement annuel au premier trimestre 2025. “Cette performance est due à la forte expansion du secteur des hydrocarbures, suite au démarrage de la production des champs de Sangomar et de GTA. Cependant, la croissance hors hydrocarbures reste faible, à 3,1 % en glissement annuel, reflétant les défis persistants dans le secteur de la construction en raison d'arriérés de paiement et de difficultés structurelles dans les industries chimiques”, informe la source.

La mission a discuté avec les autorités d'un ensemble complet de mesures correctives visant à s'attaquer à la cause profonde des déclarations erronées. “Ces mesures comprennent la centralisation des fonctions de gestion de la dette, le renforcement du rôle du Comité national de la dette publique et l'achèvement de l'audit complet des arriérés de paiement lancé par l'Inspection générale des finances le 21 juillet 2025”, lit-on dans le communiqué.

Le PM a-t-il snobé le FMI ?

Les discussions ont également porté sur la création d'une base de données centralisées de la dette, sur des mesures visant à renforcer les contrôles des engagements budgétaires et sur la consolidation progressive des comptes bancaires dans le cadre du compte unique du Trésor. Elles vont se poursuivre au cours des prochaines semaines avant que le cas de déclaration erronée puisse être présenté au Conseil d'administration du FMI.

Dans le communiqué, le FMI se dit prêt “à aider le Sénégal à concevoir un programme de réformes ambitieux aligné sur la stratégie nationale de développement, Vision 2050, et sur le Plan de redressement économique et social récemment publié, tout en intégrant les leçons tirées des conclusions de la Cour des comptes”.

À noter que l’équipe a rencontré plusieurs hautes autorités, dont Cheikh Diba, ministre des Finances et du Budget, Ahmadou Al Aminou Lo, ministre d'État, ministre auprès du président de la République, Boubacar Camara, ministre, secrétaire général du gouvernement. Aucune mention du Premier ministre Ousmane Sonko comme dans la plupart des précédents communiqués.

Par Mor Amar

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