Publié le 29 Jul 2023 - 21:30
SAINT-LOUIS: CÉLÉBRATION DE LA TAMKHARITE

Le carnaval du "Tadjabone’’ se meurt  

 

La Tamkharite a été célébrée dans la nuit du Jeudi au Vendredi dernier dans la vieille cité.  Fête à laquelle, la ville de Saint Louis se distinguait des autres localités par son légendaire carnaval   de ‘’Tadjabone". La fête d’origine païenne, depuis quelques années, perd du terrain et de son engouement à Ndar.

 

Le "Tadjabone’’, fête très ancrée dans la culture saint-louisienne, constituait l'un des moments festifs de la Tamkharite. Très attendue par les populations dans la nuit de l’Achoura, jadis, il ne draine plus de monde comme avant. Depuis plusieurs années, la nuit de Tamkharite est presque tombée dans l’anonymat des autres nuits. Comme quoi le "Tadjabone’’ a beaucoup perdu de terrain dans la capitale du Nord. Un fait qui a été encore constaté, dans la nuit du Jeudi au Vendredi dernier.  

Après les copieux plats de couscous, dans les rues de la capitale du Nord, il était difficile de voir de grandes parades dignes du festival ‘’Tadjabone" d'antan. Les rares groupes qui animaient le terrain, étaient composés en majeure partie de très jeunes enfants. Qui ne maitrisaient ni les chants, ni la danse de la fête annuelle.  Mal déguisés, les jeunes festivaliers rencontrés dans les quartiers de la ville jouaient sans accord des bidons vides portés autour de la ceinture et animaient sans conviction. 

A en croire le doyen Sabara Gaye, la fête du "Tadjabone’’ a perdu son lustre d'antan. Avant de poursuivre que les jeunes ne font plus du Tadjabone, mais produisent plutôt de la pollution sonore. ‘’Ils ne chantent pas bien, alors que le Tadjabone a ses propres chansons. Ils ne savent ni battre le tam-tam, ni danser. Tout ce qui les intéresse, c’est le peu d’argent qu’ils soutirent dans les maisons. C'est pourquoi, les populations se sont détournées de la fête’’, dit-il.

Replongé dans ses souvenirs d’adolescent, le vieux guet-ndarien de rappeler les facettes que leur génération mettait en place pour animer le carnaval, à travers les quartiers de Saint-Louis. "On rivalisait d’ingéniosité entre groupes des différents secteurs de la Langue de Barbarie. Et puis, on ne s'organisait pas comme les enfants d’aujourd’hui. Tous les jeunes du même âge, filles et garçons, se regroupaient ensemble. Accompagnés de batteurs de tam-tam professionnels, on faisait le tour des sous-quartiers de la Langue de Barbarie, maison par maison, avec de belles chorégraphies.  Pour marquer la différence des autres groupes, il nous arrivait de créer des choses incroyables.  Car, le Tadjabone était de grands moments de fête dans la ville de Saint-Louis’’, se souvient le vieux Gaye. 

La crise économique, un des facteurs de la chute 

Selon d’autres nostalgiques des longues nuits de carnaval du "Tadjabone", les raisons de la baisse notoire de l’engouement sont multiples. Pour les uns, la crise économique que traverse le pays y a joué un important rôle. ‘’Pour fêter, il faut avoir l’esprit tranquille et la dépense quotidienne assurée en poche. A l’époque, le Tadjabone était animé par les jeunes assez mûrs des quartiers, mais, vu les dures conditions économiques qu’ils vivent, ils n’ont plus l’esprit à la fête. Et la suite est connue, c’est la baisse de popularité du Tadjabone’’, tente d’expliquer Mme Fatou Asta Ndiaye.

D’autres saint-louisiens y voient l’effet des émissions religieuses, à travers les médias, qui ne cessent de sensibiliser sur l’aspect païen du Tadjabone et surtout l’insécurité grandissante dans les centres urbains. "Beaucoup de parents ne se hasardent plus à laisser leurs enfants parcourir les rues des quartiers de la ville. Parce que, chaque année, après la fête, on signale toujours des cas d’agression ou de batailles rangées entre bandes de jeunes gens. Ensuite, les animateurs religieux ont réussi à désintéresser les jeunes du Tadjabone, en le qualifiant de fête païenne et contraire aux recommandations islamiques’’, indique oustaz Seydou Sam, la soixantaine révolue.  

IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS 

 

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