Publié le 8 Feb 2018 - 12:06
SALAIRES IMPAYES, PATIENTS FATIGUES, MANQUE DE MATERIELS DE SOINS

Hoggy, un hôpital à genoux 

 

Le syndicat démocratique des travailleurs de la santé du secteur social a tenu hier une conférence de presse pour dénoncer les difficiles conditions de travail, mais également les mauvaises conditions de vie des malades.

 

Les travailleurs de l’hôpital général de grand Yoff  (Hoggy) sont  dans le désespoir. En plus du retard des salaires, ils travaillent dans des conditions difficiles à cause du manque de matériels de soin. Ils ont tenu hier une assemblée générale pour dénoncer cette situation. Ce sont donc des agents très remontés qui ont fait face hier à la presse à la devanture de l’hôpital général de Grand Yoff. Selon le secrétaire général du syndicat démocratique des travailleurs de la santé du secteur social affilié à la Cnts/fc, les malades ne sont pas bien accueillis dans cet hôpital. En plus de cela, ils ne sont pas mis dans de bonnes conditions. ‘’Nous, nous subissons parce que les malades viennent se confier à nous. Aujourd’hui, personne n’est satisfait. On ne peut pas avoir un hôpital avec un budget de 6 milliards. Même si ce que l’Etat donne est insuffisant, et qu’on ne parvient pas à régler les problèmes, c’est parce qu’on gère des marchés comme on veut. Des marchés qui ne sont d’aucune utilité’’, peste Cheikh Seck.

A l’en croire, dans chaque coin de l’hôpital, il y a des chantiers. ‘’Si on avait acheté des médicaments pour les malades et du matériel de service, ça n’allait causer aucun problème. A l’heure actuelle, vous avez un rendez-vous en radiologie, en échographie, il faut une semaine. Ailleurs, on vous le fait sur place. Au laboratoire, les réactifs sont en rupture. Donc où passe l’argent ? Le mois passé, il a fallu faire un découvert bancaire pour pouvoir payer les salaires. Alors que chaque année, les gens demandent à ce qu’on  augmente le budget de la santé. Cette année, il y a une augmentation de 9 milliards, mais rien ne marche’’, fustige-t-il. Avant d’ajouter ‘’qu’il ne faut pas que les gens utilisent l’argent comme ils veulent. Il ne faut pas qu’on donne l’argent aux fournisseurs et qu’on sacrifie les travailleurs. Il faut rationaliser les dépenses. Ce n’est pas normal’’.

Les travailleurs renseignent avoir déposé une plateforme revendicative auprès des autorités du ministère de la Santé et attendent d’être appelés pour des négociations. Les points de revendication reposent sur la carrière des agents (infirmiers, médecins et sages-femmes). Ils demandent également à ce que les critères d’allocation des subventions aux budgets d’hôpitaux soient revus. ‘’Par exemple, l’hôpital de Pikine qui est la deuxième ville du Sénégal n’a que 300 millions au moment où hoggy est à 1 milliard 400 millions ; la polyclinique n’a que 80 millions de subvention. C’est peu. En même temps, la politique de gratuité de soins est en train de plomber les structures sanitaires. Nous avons constaté que la Cmu doit 15 mois d’arriérés de paiement aux structures sanitaires’’, explique le Sg.

Autre point revendicatif, c’est l’octroi de l’indemnité de logement. ‘’Nous sommes les seuls agents de la fonction publique à ne pas bénéficier d’indemnité de logement, alors qu’on nous réveille à 4 heures du matin. A la police, ils ont des indemnités de logement, les enseignants, pareil. Mais nous, nous n’en avons pas. Nous demandons également à ce que notre indemnité de risque soit augmentée et indexée dans les salaires. Il y a aussi le problème des contractuels du ministère de la Santé’’, liste Cheikh Seck.

Pour le secrétaire général de la Cnts/force du changement, Cheikh Diop, les syndicalistes ont déposé une plateforme auprès des autorités. Il s’agit de tenir aujourd’hui une réunion d’information et de remobilisation des bases pour accompagner cette plateforme. ‘’Notre présence s’explique par les difficultés que vit le syndicat dans cette structure hospitalière.’’

La presse persona non grata à Hoggy

Mais que cache la directrice de l’hôpital de grand Yoff ? C’est la question qui taraude les esprits. Car depuis son arrivée dans la structure, les journalistes ne sont plus les bienvenus. Pour y accéder, il faut une demande d’autorisation. Et pourtant, si c’est la direction qui organise, cette même presse n’a pas besoin de faire de détour. Elle bénéficie d’un accueil royal. Après service rendu, elle est déclarée persona non grata. Venus couvrir hier l’assemblée générale organisée par le syndicat démocratique des travailleurs de la santé du secteur social, les journalistes se sont vu refuser l’accès. Une situation qui n’est pas du goût de Cheikh Seck, le secrétaire général dudit syndicat.

Selon lui, si on est dans cette situation, c’est parce que, comme le disent les wolofs : ‘’kuy adj dangay bañ ku téén’’. Ils ne veulent pas qu’on parle, parce qu’ils ont quelque chose à cacher. On n’a pas laissé les journalistes entrer, la prochaine fois, si on leur interdit l’accès, on fera l’assemblée dehors. La constitution nous donne le droit de nous exprimer par rapport au fonctionnement de notre pays. Nous avons fait l’ensemble des procédures légales pour tenir notre assemblée générale. Cela fait un an qu’on nous interdit de nous réunir dans cet hôpital. On a saisi les autorités du ministère de la Santé, elles ont autorisé l’assemblée’’, a expliqué Cheikh Seck.

Dans la même veine, le secrétaire général de la Cnts/force du changement, Cheikh Diop, a déploré les agissements de la direction de l’hôpital. ‘’Nous ne pouvons pas accepter qu’à chaque fois que notre organisation syndicale convoque une réunion, c’est la police, des brimades, des interdictions. Ceci est inacceptable et ma présence ici, c’est pour alerter les autorités qu’il n’est pas acceptable que nos droits soient bafoués par qui que ce soit’’, a fulminé M. Diop.  Qui souligne qu’ils ont rencontré le ministre de la Santé. A son niveau, il n’y a aucun problème, dit-il.

Aujourd’hui, ajoute-t-il, il s’agit d’une directrice qui s’oppose à la liberté syndicale et ceci est inacceptable. ‘’Le front social en a suffisamment pour qu’on en rajoute inutilement. Ma présence ici s’explique par ce fait et nous allons porter ce combat de laisser librement les syndicalistes se réunir, discuter des problèmes, alerter l’opinion, les autorités, parce que c’est ça notre rôle. Il n’est plus acceptable qu’on nous interdise des réunions’’, a-t-il averti.

EnQuête a joint au téléphone la direction de l’hôpital. Son chargé de la communication, Tom Guèye, déclare que le syndicat n’a pas fait une demande d’autorisation pour qu’on autorise l’accès à la presse. ‘’C’est le règlement intérieur de l’hôpital qui le demande. L’hôpital n’est pas un marché où chacun entre et sort comme il veut. Il faut des normes. On ne peut pas y accéder sans autorisation’’, explique M. Guèye.

VIVIANE DIATTA

 

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