Publié le 11 Jan 2012 - 10:58
SENGHOR, DIX ANS APRÈS SA MORT

Ses disciples témoignent

Léopold Sédar Senghor

 

Ce 20 décembre, notre pays et la communauté francophone internationale a célèbré le dixième anniversaire du décès de Léopold Senghor, premier président de la République du Sénégal et père de la Nation. Poète, écrivain, philosophe, artiste-peintre, homme politique...Senghor était tout cela à la fois. Il était juste et simplement un grand intellectuel, comme on en voit rarement de nos jours. Un homme d'une grande dimension culturelle. Ses disciples sont aujourd'hui nombreux dans moult domaines. Philosophie, cinéma, poésie, Lettres classiques, Politique, Presse, Droit, Sport, arts plastiques, art dramatique, Musique, Danse... Dix ans après sa mort, nous avons tendu le micro à quelques-uns de ses disciples. Témoignages.

 

 

 

 

Cheikh Ngaïndo Bâ, Cinéaste

 

 

''Léopold Sédar Senghor a posé l’acte le plus révolutionnaire du cinéma. Il a nationalisé ou sénégalisé, c’est selon, le circuit de distribution cinématographique. La Comacico et la Secma étaient les deux circuits de distribution cinématographique au Sénégal et dans la sous-région. La Comacico appartenait à Jacques Foccart, le monsieur Afrique de De Gaulle, de Pompidou ainsi que de Giscard D’Estaing. C’est lui qui faisait et défaisait les chefs d’Etat africains.

 

 

Il est en quelque sorte le père de la françafrique. Et Senghor a osé le défier en nationalisant les salles de cinéma. Ce, en créant la société d’importation, de distribution et d’exploitation cinématographique, la Sidec et la société nationale de production cinématographique. Ce qui a consacré l’âge d’or du cinéma sénégalais. On a réalisé entre 1973 et 1978 six longs métrages dont entre autres ''Xala'', ''Baks'' et ''Le bracelet de bronze''. Senghor avait une vision cinématographique et s’est imposé.

 

 

''Senghor était un père pour moi. Son fils Francis Arfang Senghor est mon ami. On a travaillé ensemble dans la société Golden Baobab. Aussi, quand j’étais à l’internat à Thiès, j'habitais chez le frère de Senghor, Adrien Senghor. Et même si on a combattu Senghor à nos vingt ans, on a fini par reconnaître qu’il est un grand homme''.

 

 

 

Omar Sankharé, Professeur de Lettres Classiques

 

 

''Senghor a été lui-même étudiant de Lettres classiques. C’est pourquoi, il accordait beaucoup d’importance à l’enseignement du latin et du grec. Il avait décidé d’accorder à tous les étudiants de lettres classiques des bourses. C’était 22.500 francs à l’époque. Après la maîtrise, ceux qui le désiraient pouvaient aller en France continuer leurs études. C’est dans ce cadre-là qu’il m’a accordé une bourse pour aller en France préparer mon agrégation en lettres classiques que j’ai obtenue en 1983. Soit trois ans après ma maîtrise. Senghor estimait que faire des études de latin, c’était avoir la maîtrise du français.''

 

 

''Senghor avait beaucoup de qualités. La première, c’est la ponctualité. Quand il vous donnait rendez-vous à 10h, il était là à l’heure pile. Il aimait aussi encourager les étudiants qui se distinguaient dans les concours des grandes écoles françaises. En politique, il ne voulait jamais associer sa famille à la gestion de l’Etat. Rares sont les Sénégalais qui connaissent son fils Philippe Maguilen ou son épouse Colette Hubert. Il était resté discret.''

 

 

 

Doyen Alassane Ndao, Professeur de philosophie

 

 

''Ce que je retiens de Senghor, c'est sa simplicité, ce sens égalitaire qu'il imprimait à ses rapports qu'il avait avec des gens qui n'étaient pas de même envergure que lui. Par exemple, il avait l'habitude de me donner rendez-vous en fin de semaine à sa résidence de Popenguine. Et quand il me recevait dans son salon, je découvrais qu'il était modestement habillé en pull et tenait sa pipe. Et il me parlait avec beaucoup de familiarité. Cela me touchait beaucoup.''

 

 

 

Hamidou Sall, poète et écrivain

 

 

''Tout Senghor était dans la poésie. Tout au long de sa vie, dans son œuvre et même dans son action, il n'a fait que ressortir son chant intérieur. Jeune, il a baigné dans son royaume d'enfance où il a vécu la plénitude de son terroir. Où il a vécu la plénitude des réalités culturelles, historiques, sociales, mystiques... de son terroir. C'est avec tout cela qu'il s'en est allé vers l'ailleurs mais toujours solidement arrimé à cette terre primordiale. Elève studieux, étudiant brillant. Premier Africain agrégé de l'Université française. Professeur à Tours, il naquit en poésie.

 

Et maître de langues, il a par l'art de la poésie, livré au monde le chant du Sine, du Sénégal, de l'Afrique. C'est dire donc que la poésie de Senghor est une poésie de l'enracinement. Mais par la puissance et la qualité de sa formation intellectuelle, la richesse de sa trajectoire, la poésie de Senghor s'est révélée une poésie de l'ouverture. Cet homme-là tombé en politique, n'a jamais cessé d'être un créateur. D'où le choix de la poésie dans ses deux vies (de poète et d'homme politique).

 

 

Je retiens de Senghor l'humilité, l'exquise courtoisie, la patience, la fermeté sur les principes et son extraordinaire sens de la pédagogie. Celle-ci ne devrait d'ailleurs pas étonner puisque professeur devenu président de la République du Sénégal, il a tenu le pays comme un professeur tient sa classe.''

 

 

Bigué BOP & Jules DIOP

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