Publié le 24 Feb 2012 - 15:31
SEYDOU GUÈYE (PORTE-PAROLE APR)

«Reporter l'élection serait aussi illégal que la candidature de Wade.» 

Seydou guèye, porte parole de l'APR

 

Quel bilan tirez-vous de la campagne électorale de Macky Sall ?

Un bilan globalement positif puisque malgré toutes les contraintes et les difficultés rencontrées ici ou là, le candidat a pu tenir son programme de campagne pratiquement à 100%. C'est un candidat qui est allé au contact des populations, qui a pris sur lui l'engagement de mener la bataille contre Abdoulaye Wade dont la candidature pour un troisième mandat est illégale et anticonstitutionnelle. Mais c'est également un candidat qui a eu à proposer aux Sénégalais un projet qui s'appelle Yoonu yokouté (NDLR, la voie du développement) avec comme objectifs principaux la lutte contre les injustices sociales, les véritables bases du développement, un programme chiffré et dont le financement est très clairement identifié. Donc une campagne très satisfaisante au cours de laquelle les populations ont répondu à son appel. Et souvent, ce qui était assez impressionnant, c'est qu'il y a eu une fusion entre elles et Macky. Ce qui nous a laissé dire qu'il y a eu une sorte de ''Mackymania'' qui s'est installée dans le pays. Mais on ne peut pas manquer dans le cadre d'un bilan de regretter la violence qui s'est invitée dans la campagne par le seul fait d'Abdoulaye Wade qui refuse à des candidats de manifester à la Place de l'indépendance. Nous ne pouvons pas manquer également de regretter les morts qui ont été occasionnés par ces violences et la destruction des biens d'autrui.

 

 

Macky Sall n'a-t-il pas affaibli le M23 par sa campagne en solo ?

La campagne en solo, ça nous pose problème. Le candidat Macky Sall a mené campagne tout en étant membre du M23, solidaire à la lutte et très engagé autour de la plate-forme du M23 qui a été signée au lendemain du 23 juin. Cette plate-forme disait non à un troisième mandat de Wade et recommandait une dynamique pour la surveillance du processus électoral, mais plus récemment elle disait qu'il fallait aller en campagne et ne pas laisser passer la candidature de Wade. Et on a été dans cet axe. Macky Sall n'est pas présent peut-être physiquement aux différentes manifestations du M23, mais il a toujours été largement représenté par les membres de l'APR et par les membres de la coalition Macky-2012 qui sont membres du M23. Donc il n'y a pas une démarche de rupture. Nous sommes fondateurs du M23, nous l'assumons. La plate-forme du M23 est une base pour conduire le combat contre la candidature de Wade, il y a le temps des candidats et les candidats sont allés en campagne et chacun y est allé avec sa propre stratégie.

 

 

Macky Sall candidat de la France. Que répondez-vous à cette accusation d'Ibrahima Sène de Benno Siggil Senegaal ?

D'abord une réponse relativement à l'homme Ibrahima Sène qui est un ami, un grand frère. Mais je suis désolé de constater que mon grand Ibrahima Sène n'est toujours pas guéri des maladies infantiles du communisme, c'est-à-dire l'excès de radicalité. Apparemment, il est plus informé que nous, il est plus introduit que nous dans ces milieux. Mais j'ai des doutes. Puisque dans tout son discours, l'on se rend compte qu'il n'est pas sûr de lui, il dit peut être. Et donc, nous ne répondons pas à un homme qui n'est pas sûr de lui. Mais ce qui me pose problème, c'est qu'il soit en parfaite contradiction avec son candidat Moustapha Niasse. Et ça c'est assez surprenant ! Et pour Ibrahima Sène, on a l'habitude, c'est un sniper, c'est un individu isolé qui tire sur tout le monde. Et cela n'apporte absolument rien au débat public encore moins aux avancées démocratiques et stratégiques, surtout aux réponses politiques que nous voulons articuler ensemble.

 

 

Mais qu'en est-il réellement ? Macky Sall a-t-il des connexions dans ce milieu ?

Macky Sall est un homme plus préoccupé de s'adresser aux Sénégalais. Et c'est un chef de parti qui a fait plus de 86 mille km pendant les trois dernières années, rencontré plus de trois millions de personnes, collecté plus de 50 mille fiches qui recensaient les préoccupations des populations sénégalaises. Et c'est pour cela qu'il est arrivé à l'idée d'un nouvel ordre de priorités qui ont pour nom santé, eau potable, pistes, etc. C'est quelqu'un qui fait plus confiance aux suffrages des Sénégalais qu'à une quelconque influence extérieure. Mais il n'en reste pas moins, de par son expérience, qu'il a des relations avec des hommes politiques de par le monde. Et quand Ibrahima Sène nous parle de la France, il nous replonge dans le passé.

 

 

Vous êtes contre tout report du scrutin de dimanche en dépit d'un contexte de grande tension. Sur quoi vous fondez-vous ?

Nous nous basons sur une conviction forte. Nous sommes des démocrates et nous voulons jouer la démocratie jusqu'au bout. Nous sommes des républicains, nous défendons les institutions sans concession. Parler de report à deux ou trois jours de l'élection présidentielle pose problème puisque l'axe de combat n'a jamais été le report du scrutin, mais plutôt le retrait de la candidature d'Abdoulaye Wade. Et si on parle de report, nous sommes devant une situation totalement inédite et nouvelle qui consiste d'abord à dire que les populations n'ont pas droit à la parole alors que nous, nous pensons que le combat contre Abdoulaye Wade doit se poursuivre jusque dans les urnes pour que les populations, les électeurs parlent par les urnes. Ça c'est le premier aspect. Le deuxième aspect, c'est que si nous sommes dans une logique de report, le terme n'est même pas adapté au stade où nous sommes puisque on reporte un événement qui n'est pas encore arrivé. Et là, les candidats ont été représentés dans les bureaux de vote lors du vote des militaires et paramilitaires. Donc le scrutin a bel et bien démarré.

 

 

Se pose-t-il un problème de cohérence ?

Bien sûr ! Et il faudrait qu'on règle ce problème de cohérence : je ne participe pas à une élection avec Wade et se faire représenter dans un bureau de vote à l'occasion du vote des militaires et paramilitaires, ça pose problème ! Et en dernier ressort, travailler sur le report, c'est amener l'Assemblée nationale à adopter une loi puisqu'il s'agit d'une loi électorale. Et je ne vois pas aujourd'hui de quelle façon on pourrait le faire sans tenir compte maintenant du boulevard qui sera ouvert pour une négociation ou un deal. L'Alliance pour la République, la coalition Macky2012 n'ont jamais été dans un deal ou une négociation avec Abdoulaye Wade. Et notre option a été de construire le combat. La solution politique que nous proposons, c'est de revenir à l'arbitrage des populations qui sont des citoyens électeurs souverains et qui, par leurs cartes, vont nous donner un arbitrage qui sera naturellement et forcément différent de l'arbitrage du Conseil constitutionnel qui n'a pas été à la hauteur des attentes des Sénégalais du point de vu du droit et du point de vu de leur compréhension de la constitution sénégalaise. Donc défendre la constitution, c'est respecter le calendrier républicain. Jouer au report, c'est aussi illégal que la candidature d'Abdoulaye Wade.

 

 

N'est-il pas paradoxal chez vous de combattre la candidature de Wade et d'aller avec lui à une élection ?

Non, ce n'est pas une manière de cautionner sa candidature puisque notre discours est trop clair là-dessus. Nous avons dit aux Sénégalais que si Abdoulaye Wade continue son forcing jusqu'au 26 février, il faudrait que l'ensemble des électeurs ignorent royalement son bulletin de vote dans l’isoloir. Et ça, c'est une réponse politique à la situation.

 

 

PAR ASSANE MBAYE

 

 

 

 

 

 

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