Publié le 9 Apr 2020 - 22:48
SURSIS POUR LE TRIO SURPRIS AVEC 20 KG D'IVOIRE, DES MUNITIONS…

Les FDS dénoncent une peine ‘’ridicule’’

 

Le verdict du procès d’Ibrahima Baldé, Modou Fall et Souleymane Traoré, arrêtés en possession d’ivoire d’hippopotame et des munitions, ne passe pas du côté des forces de sécurité qui ne comprennent pas que les braconniers soient libres, alors qu’ailleurs en Afrique, ils auraient pris 10 ans au minimum.

 

Le samedi 7 août 2019, à Tambacounda, une opération mixte, qui a nécessité 48 heures de planification et mis à contribution de 21 agents de la Brigade régionale des stupéfiants (DOCRTIS/BRS), de la brigade d'intervention polyvalente (BIP) et d’un agent de la Direction des parcs nationaux (DPN), en plus du renfort de 2 unités de combat militaire et Eagle-Sénégal, avait permis l’arrestation d’Ibrahima Baldé et Modou Fall. Les deux individus étaient en possession de 20 kg d'ivoire d'hippopotame, en contravention à l'article L32 du Code de la chasse, de 50 paquets de munitions de calibre 12, soit 1 000 munitions, en contravention à l'article 9 de la loi portant régime général des armes et munitions.

Suite à cette opération, une perquisition avait été faite au village de Sara Bale, avec un important dispositif de l'armée de terre de la zone 4 de Tambacounda et 6 de Kolda, en renfort à la BIP et à la DOCRTIS. Elle avait permis l'interpellation d’une autre personne du nom de Souleymane Traoré dit ‘’Jules’’. Dans sa maison, les hommes en tenue avaient découvert 68 ivoires d'hippopotame, 30 morceaux de dents d'hippopotame, 3 mâchoires d'hippopotame, 4 crânes d'hippopotame, 20 paquets de 25 cartouches de calibre 12.

Après leur déferrement au parquet pour détention, circulation et tentative de commerce illégale, ils avaient été jugés le 7 mars dernier. A l'issue des débats, le procureur de la République avait requis une peine ferme d'emprisonnement de 2 ans à l'encontre des 2 prévenus.

Hier, le tribunal de grande instance a rendu son délibéré. Le juge, statuant publiquement et contradictoirement, a relaxé Ibrahima Baldé de toutes les chefs d'accusation. Il a aussi relaxé Modou Fall et Souleymane Traoré pour le délit d'association de malfaiteurs. Par contre, il a déclaré les deux derniers nommés coupables de détention, circulation et tentative de commercialisation d'espèces sauvages protégées et de trafic de munitions. Il les a condamnés à une peine 6 mois avec sursis, tout en recevant la constitution de la partie civile des parcs nationaux. Il leur a alloué la somme de 1 million de F CFA, à titre de dommages et intérêts.

In fine, il a ordonné la confiscation des objets saisis et a fixé la contrainte par corps au maximum.

‘’Les mêmes faits au Gabon, au Kenya, au Congo, c’est 10 ans minimum’’

Cette décision de justice, toutefois, laisse circonspects et pantois les défenseurs des animaux qui ruent dans les brancards. Ils trouvent la peine ridicule et invitent les juges à venir voir ce que c’est qu’une investigation de 6 mois et une opération de 8 jours de préparation avec au moins 7 directions. ‘’Il faudrait que ces juges viennent sans gilet pare-balles sur les perquisitions et participent à la réunion de planification de 30 gars minimum, de plusieurs services et écoutent le planning pendant 4 heures durant dans la chaleur des bureaux, sans même un ventilateur. Il faudrait qu'ils aillent sur leur compte en banque pour financer les quelque 4,5 millions que coûte une journée d'opération comme celle-ci. Peut-être qu’après, ils respecteront le travail de la police’’, fulminent nos interlocuteurs.

Selon qui, les mêmes faits, au Gabon, au Kenya et au Congo, sont punis de 10 ans minimum.

Depuis plus de 6 ans, c’est toujours ainsi, selon eux. Raison pour laquelle ils demandent aux juges de revoir leur copie, car cette peine n’honore pas le Sénégal au niveau international, concluent-ils avec désappointement.

CHEIKH THIAM

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