Publié le 23 Aug 2014 - 21:28
TROIS QUESTIONS AU SOCIOLOGUE DR SELLY BA PH.DEN SOCIOLOGIE

‘’Le meilleur allié du couple, c’est le couple lui-même‘’

 

Pourquoi les couples ne parviennent plus à résister à la rupture ?

Cette crise est à l’image de notre société qui est aujourd’hui en crise. C’est une loi sociologique toute naturelle et toute simple qui veut que quand la famille est malade, la société ne soit guère épargnée. La société sénégalaise est profondément traversée par des bouleversements et des mutations inhérents à toute société. Notre monde a bien évolué. Nous assistons à l’effritement des valeurs dites traditionnelles et de mauvaise transmission de celles-ci d’une génération à une autre.

L’éducation dite familiale n’a presque plus ni sens ni valeur. Les parents, dans leur quasi-unanimité, sont devenus inaptes à servir de modèle, parce que se disqualifiant eux-mêmes, ou se faisant disqualifier par leur propre progéniture, en démissionnant devant leurs responsabilités. C’est l’évidence même, cette disqualification et cette démission sont les conséquences les plus éloquentes de la faillite de la moralité et des vertus morales, dans l’optique de l’éducation traditionnelle. Le processus qui a abouti à la corruption, à la perversion et à l’extraversion de la société sénégalaise contemporaine, a eu ses débuts profondément enracinés dans le cadre familial.

Le divorce est devenu un phénomène récurent au Sénégal, dans la capitale Dakar, en particulier. Un couple sur trois se sépare avant même la cinquième année de vie conjugale, selon l’enquête menée par la sociologue Fatou Bintou Dial dans son ouvrage ‘’Mariage et divorce au Sénégal : itinéraire féminin’’. Cette rupture légale du mariage, qui prend de l’ampleur de plus en plus dans notre société, a pour explication diverses raisons. Elle note le défaut d’entretien de la femme, l’immixtion de la belle-famille dans la vie couple, l’arrivée d’une nouvelle épouse, la non tenue des promesses faites lors des périodes de flirt, le maraboutage, les problèmes de castes ou la condamnation de l’un des époux à une peine infamante.

On a l’impression d’assister à une banalisation du mariage. Votre point de vue ?

C’est vrai qu’il y a une banalisation de l’institution du mariage. Certains ne mesurent pas l’importance du mariage. Ils ne mesurent pas la portée de leur engagement, de l’institution, avant de s’unir. Face à cette crise des valeurs, hommes et femmes ne sont plus préparés au mariage. Par ailleurs, il est important d’intégrer dans l’analyse d’autres facteurs, tels que la liberté de choisir notre partenaire (ce qui à une époque n’était pas évident), autrement dit, l’effritement des mariages arrangés ou forcés, même si je suis foncièrement contre, mais c’est une donne à prendre en compte dans l’analyse. L’Internet aujourd’hui permettant de dépasser les frontières pour faire des rencontres.

L’émergence de la société de consommation : le couple est un consommateur, la crise économique, le niveau d’éducation du couple, notamment de la femme et l’isolement des couples nucléarisés ne bénéficiant plus de soutien (conseils et droit de regard sur le comportement des conjoints) et d’interventions directes du couple parental (la famille), en cas de crise, où il y a de plus en plus une liberté dans la gestion du couple. Autant de faits à tenir en compte dans l’analyse, vu sa complexité…

Qu’est ce qu'il faudrait pour résoudre ces problèmes et bâtir des foyers qui s'inscrivent dans la durée ?

Le meilleur allié du couple, c’est le couple lui-même… quand il prend le temps de comprendre et de savoir. Il y a les problèmes et les crises. Les problèmes se situent dans le temps et la durée. Certains problèmes sont irrémédiables, alors que d’autres, non. Les problèmes non traités peuvent générer des crises. Une crise est ponctuelle et bouleverse l’équilibre du couple. Même si elle est souvent mal vécue, la crise est ‘’bienfaitrice’’ dans certain cas, car elle permet la croissance du couple. C’est à dire de créer l’histoire du couple et son identité propre.

Vous savez, les problèmes ne manquent pas dans le couple, vu que le couple constitue deux êtres imparfaits qui cherchent à se compléter ; et dans cette complémentarité, il y aura toujours des manquements. C’est tout à fait naturel. Ce qu’il faut éviter, c’est en arriver aux crises. Parce que si ces problèmes ne sont pas bien gérés, on aboutit à une crise dans le couple. C’est pourquoi, il est important que le couple puisse bâtir des éléments à savoir : la transparence dans le couple, c'est-à-dire le respect et la confiance mutuels. Il doit accueillir le changement et accepter que le couple ne reste pas comme au début de la relation. Il faut aussi éviter de ne pas réduire le partenaire à ses actes.

Il faut le respecter et continuer à l’aimer de façon inconditionnelle. S’il est important de développer une communication de qualité en parlant des faits et de nos émotions, le couple doit empêcher les éléments externes d’asphyxier le couple conjugal. Il gagnerait également éviter la notion de hiérarchie et de jeux de pouvoir dans le couple. Dans les couples durables, un équilibre naturel se crée entre le ‘’dominant et le dominé.’’ 

 

 

Section: 
PRISONS SURPEUPLÉES, PRISONNIERS MALADES, LONGUES DÉTENTIONS : Yassine promet des réformes structurelles
ACCÈS AUX INFORMATIONS SUR LES BÉNÉFICIAIRES EFFECTIFS : Une avancée majeure dans la gouvernance des ressources naturelles
ASER-PAPE MAHAWA DIOUF : Le porte parole adjoint de l’APR risque six mois de prison dont trois mois fermes
AFFAIRES PAPE MALICK NDOUR ET NGONE SALIOU DIOP : Silence, on auditionne !
Diourbel
COUTS DE L’ELECTRICITE : La CRSE rassure sur les tarifs et ouvre une enquête indépendante
Rentrée rouge
SECTION DE RECHERCHES - ACCUSATION DE TORTURE ET COMPLICITÉ : Pape Malick Ndour se lave à grande eau
RENTREE SCOLAIRE 2025-2026 : Thiès en alerte face à la menace de la maladie Mpox
SAISIES DE BILLETS NOIRS ET DE FAUX MÉDICAMENTS : Le grand coup de balai de la douane à Dakar et à Koungheul  
GESTION DE LA PUB DE LÉTAT : Presse étouffée, propagandistes choyés
Arrestation
DRAME A NGUEKOKH : ACCIDENT DE LA CIRCULATION : Deux morts et une vingtaine de blessés
INONDATIONS DANS LA VALLÉE DU FLEUVE SÉNÉGAL : Entre détresse humaine et rentrée compromise  
Agence sénégalaise de règlementation pharmaceutique
AGRESSION DES LACS DE LA BANLIEUE : Dr Cheikh Tidiane Dièye et Dr Abdourahmane Diouf montent au front
PRATIQUE DE LA MEDECINE AU SÉNÉGAL : Une vingtaine de plaintes déposées en 2025 contre des médecins et des structures de santé
DAKAR-PLATEAU CHANGE LE NOM DE SES RUES : Entre devoir de mémoire et défis pratiques  
THIES - SANTE : La Fondation Pape Matar Sarr s’engage aux côtés de l’hôpital régional
DGID