Fady Badji le principal accusé risque 10 ans de réclusion criminelle

La Chambre criminelle du tribunal de Dakar a évoqué une affaire aussi complexe que tragique, mettant en lumière un homicide et des violences qui ont bouleversé plusieurs familles. Au centre de l’attention : la mort de Mamadou Ba, surnommé Pala, dont les circonstances dramatiques ont été longuement relatées lors de l’audience.
L’affaire débute dans une soirée où Fady Badji et plusieurs autres personnes se rendent chez deux dealers pour acheter du chanvre indien. Dès leur arrivée, les tensions montent. Faly Badji, frère de Fady, commence à injurier l’une des personnes présentes. Mamadou Ba, dit Pala, intervient pour défendre la personne insultée, ce qui déclenche une violente dispute entre lui et Faly.
Les choses dégénèrent rapidement. Aly Badji, voulant protéger son frère Faly, assène plusieurs coups à Pala avant de prendre la fuite. Mais il revient peu après, armé d’une brique. Pala, visiblement déterminé à se défendre, se jette sur Aly et le frappe à plusieurs reprises, laissant son visage ensanglanté. C’est dans ce chaos que Fady Badji intervient : il se faufile derrière Pala et le poignarde avant de s’enfuir.
Devant la barre, les accusés ont livré leurs versions des faits, souvent teintées d’émotion et de regrets. Aly Badji, âgé de 39 ans, a reconnu son implication dans la bagarre tout en contestant certaines accusations. « J’étais lucide ce jour-là. Pala était armé et tentait de me poignarder. Pendant notre bagarre, je faisais tout pour immobiliser sa main qui tenait le couteau », a-t-il expliqué. Il a également précisé qu’après avoir été ramené chez lui par Ibrahima Ndiaye, il ignorait ce qui s’était passé entre Fady et Pala avant que ce dernier ne soit poignardé. Ibrahima Ndiaye, né en 1995 et marchand à Rufisque, est quant à lui poursuivi pour injures publiques envers Fatou Dieng. Il a reconnu les faits, mais a tenu à clarifier qu’il n’avait aucune relation avec Fatou avant les événements. Il a raconté une rencontre fortuite en 2022, où des tensions avaient éclaté après qu’il ait demandé un préservatif. « Elle a déclaré qu’elle n’était pas une fille facile », a-t-il témoigné, décrivant une altercation physique où il a dû se défendre avec une hache.
La douleur de la famille
Adama Fall, mère de Mamadou Ba, a pris la parole pour exprimer sa douleur et demander justice pour son fils. « Je veux que les intérêts civils soient réservés », a-t-elle déclaré, rappelant à tous que derrière les faits juridiques se cache une famille dévastée par la perte d’un être cher.
Le parquet a souligné les irrégularités dans la procédure contre Ibrahima Ndiaye, suggérant son renvoi des fins de poursuite pour défaut de base légale. En revanche, les faits reprochés à Aly Badji pour violences volontaires ont été jugés constants. Quant à Fady Badji, le parquet a insisté sur la gravité des faits, le déclarant coupable de meurtre et requérant une peine de 10 ans de réclusion criminelle.
L’avocat de Fady Badji a tenté de nuancer les faits, invoquant l’excuse de provocation. « Nul ne peut échapper à son destin », a-t-il déclaré, soulignant que son client n’avait pas prémédité les événements. Il a également pointé du doigt le rôle de Fatou Dieng, qu’il considère comme l’instigatrice de la bagarre. « Les témoignages de Fatou Dieng ne doivent pas être pris en compte », a-t-il insisté.
La décision sera rendue le 11 mars.
MAGUETTE NDAO