Publié le 25 Sep 2013 - 12:25
VISITE A L'USINE D’EAU DE KEUR MOMAR SARR

 Mimi tempête sur la Sde

 

 

La persistance du problème d'approvisionnement en eau de Dakar irrite de plus en plus le gouvernement et les Sénégalais touchés. En visite hier à la station de Keur Momar Sarr d'où procède le problème, le Premier ministre Aminata Touré a jugé la situation ‘’anormale’’ et annoncé une ‘’sanction’’ voire une ‘’rupture de contrat’’ avec la Sde.

 

La goutte de trop, cette persistance du problème d'approvisionnement en eau potable à Dakar. En dépit des assurances du ministre de l'Hydraulique Pape Diouf, lundi, et avant lui, des responsables de la Sénégalaise des eaux (Sde), voilà plus de 10 jours que plusieurs localités de la capitale et sa banlieue sont sevrées d’eau. Au point de susciter par endroits des manifestations (Niary Tally et Boune) à l'instar des mouvements d'humeur provoqués par les délestages il y a quelques années.

Face à la situation que la Sde tarde à maîtriser, le Premier ministre Aminata Touré s'est elle-même jetée à l'eau en se rendant hier à la station de traitement d'eau en cause à trois kilomètres au nord de Keur Momar Sarr (50 km de Louga). Il est 14h 05mn en ce mardi 24 septembre quand le Premier ministre Aminata Touré débarque sur les lieux avec un long cortège de véhicules. Le visage fermé, visiblement secouée par le fardeau de la dizaine de jours de pénurie d’eau à Dakar, elle se dirige vers l’endroit où est localisée la fuite pénalisante. Ici, les visiteurs du jour tombent sur une large excavation faite à l'aide de pelles mécaniques. La conduite défectueuse, qui en est à sa quatrième panne, avait fini d’être sortie et déposée à une vingtaine de mètres de là. Une multitude de pièces, rouillées mais certainement récupérables, sont disposées à même le sol. Le tuyau remplaçant attendait à côté.

A côté du chef du gouvernement se tenait le ministre de l’Hydraulique Pape Diouf, et surtout le Directeur général de la Sénégalaise des eaux (Sde), Mamadou Dia. Comme confronté à une tempête hostile qu’il n’a pas choisie d’affronter, ce dernier a essayé de limiter les dégâts, face à une Mimi scandant ''l’inadmissible, l’inacceptable et l’anormal''.

Garantie pour trente ans, la conduite a enregistré quatre fuites en 9 ans. ''Je suis d’accord avec vous Madame le Premier ministre, mais l’installation n’a pas été posée par le partenaire privé qui l’a reçu avec cette partie ne répondant pas aux normes'', a tenté de tempérer Mamadou Dia, sous une chaleur torride d’hivernage, atténuée par une bâche surplombante. La partie du tuyau qui présente des faiblesses est en acier. Et selon les explications fournies, cela ne résisterait pas à la pression.

Le successeur d'Abdoul Mbaye a d'autres soucis. ''Quand est-ce que les populations de Dakar auront de l’eau à 100 % ?'', interroge encore le chef du gouvernement, qui ne conçoit pas qu’un partenaire privé puisse faire moins que le public. Et la réponse servie laisse entrevoir que ce ne sera pas au plus vite du fait du nécessaire contrôle de qualité. Et raillant son interlocuteur, elle laisse entendre que le Dg de la Sde devrait rester sur place jusqu’à ce que la situation soit complètement rétablie.

 

''Rupture de contrat''...

Et poussant en outre les exigences beaucoup plus loin, Aminata Touré a annoncé : ''L’Etat compte situer toutes les responsabilités et où qu’elles se trouvent. S’il s’agit de sanctions ou de rupture de contrat, ce sera fait. On fera l’audit nécessaire pour que cette situation ne se reproduise plus.''

Au bout d’une cinquantaine de minutes, le Premier ministre a marqué son territoire et pris congé de l’usine d’eau de Keur Momar Sarr.

Située sur la route de Gnith (région de Saint-Louis), qui abrite avec sa tour exhaure l’autre usine de production d’eau du Sénégal, celle de Keur Momar Sarr se dresse sur une vaste étendue. En plus de ses installations coûteuses aperçues à quelques dizaines de mètres et posées sur les pieds du lac de Guiers, elle compte une cité à droite et un terrain de foot à gauche. Selon des informations recueillies sur place, ils sont entre trente et quarante personnes à s’activer nuit et jour depuis presque une semaine sur la partie présentant une faiblesse. ''En temps normal, nous sommes 17, plus le Directeur de l’usine'', a confié un ouvrier.

 

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