Publié le 12 Mar 2012 - 15:48
PRESIDENTIELLE 2012

''Il ne reste plus à Wade qu'à faire voter les morts...''

 

 

Vous avez appelé les Sénégalais à rester vigilants. Pourquoi ?

 

Nous avons eu des morts dans les violences préélectorales. Le président Wade, que je connais bien, puisque j’ai été son premier ministre de 2004 à 2007, est prêt à tout pour rester au pouvoir. Malgré la bonne tenue du scrutin le 26 février, dont je me félicite, nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles tentatives du camp présidentiel pour confisquer le vote au second tour.

 

Entre 2007 et 2012, le président Wade a perdu 1,9 million d’électeurs, ce qui est considérable. Il ne peut donc pas, mathématiquement, gagner ! Il lui reste, certes, un noyau dur de fidèles. Dans le sud, à cause de l’insécurité, les gens ont voté pour lui au premier tour, mais cela aussi va changer. Il ne lui reste donc plus qu’à faire voter les morts ou bourrer les urnes s’il veut l’emporter…

 

 

Votre premier réflexe a été de vous rendre à Touba, la ville sainte des mourides où le président Wade vous a précédé. Les confréries sont-elles un passage obligé au Sénégal pour gagner les élections ?

 

On ne peut pas se rendre à Touba sans aller saluer le khalife général des mourides. Certes, les chefs religieux jouent un rôle – social – très important au Sénégal. Sur le plan politique, toutefois, ce sont des citoyens comme tous les autres. Dans le domaine religieux, privé, le marabout peut être l’autorité du président ou son chef spirituel, mais pas dans la vie publique. Si je suis allé à Touba, c’est parce qu’il s’agit d’un immense réservoir électoral. Mais, en ce qui me concerne, il est exclu d’accorder des faveurs ou un statut particulier aux marabouts.

 

 

Ne risque-t-il pas, toutefois, d’y avoir une fracture religieuse au moment du vote entre vous et le président Wade qui s’est déclaré « mouride » dès la première heure ?

 

C’est très dangereux au Sénégal, pour un homme politique aspirant à la magistrature suprême, de manipuler le vote religieux. Depuis le président Senghor, il n’y a jamais eu ce type de problème. Senghor était catholique mais il était aussi l’ami de tous les chefs religieux musulmans. Nous avons une République démocratique et laïque où la liberté de culte doit continuer à être garantie. Et ça, si je suis élu, je m’y engage ! Ce n’est pas moi qui suis allé stigmatiser les chrétiens dans leur église ou créer la confusion entre les confréries. Aussi, je refuse d’entrer dans un débat artificiel pour savoir s’il y a un vote tidiane ou mouride qui me serait favorable, car on risque de créer une fracture religieuse qui n’existe pas au Sénégal.

 

 

Jusqu’où êtes-vous prêt à aller dans la réforme de l’État pour que cessent la corruption et le népotisme ?

 

Évidemment, il faudra commencer par la présidence de la République. La Cour des comptes doit à nouveau contrôler les dépenses des agences présidentielles. Les autorités de régulation devront également retrouver leurs prérogatives dans l’attribution des marchés. Tout cela, en vue de donner un signal fort de bonne gouvernance.

 

 

Cela inclue-t-il des audits du fils du président, Karim Wade, l’actuel ministre des transports et de l’énergie, à qui vous devez votre limogeage du perchoir à l’Assemblée nationale ?

 

Si je suis élu, je commencerai par faire un état des lieux et auditer les comptes de la Nation pour connaître le niveau d’engagement du pays, le niveau de la dette, des finances, des avoirs extérieurs, etc. Les grands chantiers de l’État, l’énergie seront également audités car nous devons avoir une vision nette avant de commencer. En fonction des conclusions, nous aviserons mais cette mesure n’a pas pour but de viser X ou Y. Je n’ai, pour ma part, aucune revanche à prendre sur qui que ce soit.

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