Publié le 29 Jul 2013 - 13:00
LES ENREGISTREMENTS TÉLÉPHONIQUES COMME MOYENS DE PREUVES

''Illégaux'' et ''irrecevables'',  selon des juristes

 

''La bombe... portable'' titrait  EnQuête dans son édition de ce week-end. Il revient sur la question de l'utilisation du portable, devenu de fait ''une machine à scandales'', à travers l'utilisation qu'en font les Sénégalais. Des juristes se prononcent.

 

Si le commissaire divisionnaire Cheikhna Keïta a été enregistré à son insu, grâce à un téléphone portable, se pose la question de ces enregistrements comme moyens de preuves. Des juristes se prononcent sur la question. Un juge approché estime que la question doit être tranchée par le Parquet qui est maître des poursuites. ''À mon avis, dit-il, c'est laissé à l’appréciation du parquet, du juge, si c'est lui qui demande à ce que les enregistrements lui soient transmis. C'est à lui d'apprécier la validité''. Par contre, un autre juriste, avocat, a une position beaucoup  plus tranchée. Il affirme que ''les enregistrements ne sont valables comme éléments de preuve, si elles ont été faites à l'insu''. ''Pour utiliser des enregistrements aussi bien audio que vidéo, on est dans l'obligation d'informer les gens que la zone dans laquelle ils sont est une zone qui est sous caméra vidéo.

À cet instant, si l'information a été donnée et placardée dans des zones où tout le monde peut la voir, on pourra utiliser ces enregistrements audio et vidéo'', explique-t-il. Toutefois, ces pièces obtenues peuvent servir d'indices. Car, poursuit la robe noire, ''le problème qui se pose en terme d'instruction est que le juge cherche des indices. Il ne cherche pas encore des preuves. Le principe voudrait que le juge d'instruction renvoie quelqu'un devant une juridiction de jugement, s'il a des indices graves et concordants''. De ce fait, renseigne l'avocat, c'est devant la juridiction de jugement que le débat se posera en terme de preuve recevable ou irrecevable. ''Donc, dit-il, il y a un moyen d'aller vers l'annulation de ces preuves parce que obtenues illégalement''. En effet, la cour européenne des droits de l'Homme a rendu des décisions où il a été décidé que ces moyens de preuves sont illégaux et ne doivent pas être retenus. Car, il s'agit là d'une ''violation du secret de la correspondance et des communications''.

 

La législation autour de ces mutations technologiques

Le juriste attire l'attention sur l'affaire Snowden et la légalité du procédé qui veut que les américains surveillent toutes les communications. D'où la question de la législation autour de ces  mutations technologiques. Nos interlocuteurs renseignent qu'il y a une évolution des textes par rapport à cette nouvelle donne. Même si elle ne va pas très vite. ''Aujourd'hui, révèle un avocat, les transmissions de courriels par mail et autres sont retenues comme moyens de preuves''. ''On est en train de créer de nouvelles infractions sur la base des nouvelles techniques de communication''.  Toutefois, sur la question spécifique des écoutes téléphoniques, ''le problème est qu'il faut en revenir à l'orthodoxie. Ces écoutes sont en contradiction des droits fondamentaux'', estime ce juriste qui est d'avis que celui qui enregistre ''doit pouvoir être poursuivi''. Il estime que c'est le même cas de figure que celui qui pirate un ordinateur. Dans la législation actuelle, il est poursuivi pour vol de données informatiques, étant entendu qu'on a accepté de dématérialiser le vol.

 

LE TÉLÉPHONE PORTABLE EN AFRIQUE

Le mobile : petit objet, grands enjeux

L’utilisation des TIC a véritablement connu un boom ces dernières années sur le continent africain.                     

Le téléphone portable a 40 ans. Le premier appel téléphonique a été passé le 3 avril 1973, par Martin Cooper, ingénieur chez Motorola, à Joel Engel, son rival de Bell Labs.  Entre-temps, le téléphone mobile est devenu le premier média du monde et apparaît de plus en plus comme un terminal universel. Le seuil des 5 milliards d’abonnés mobile a été franchi et, grâce aux smartphones, 2 milliards sont devenus des «mobinautes». L’écran du téléphone portable intéresse désormais journaux, télévisions, radios et tous les éditeurs d’informations et de contenus en ligne. C'est un écran passerelle, vers la télévision, le cinéma, les jeux vidéo, la radio, Internet... Le mobile est désormais un outil de reportage qui apporte une troisième dimension à la presse numérique : celle des «breaking news» et des «mobile journalists», pour une information d’actualité où l’info est à la fois texte, image, son et vidéo.

80% des Sénégalais possèdent un mobile

Le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile a explosé en Afrique, passant de 16 millions en 2000 à 246 millions en 2008 et à plus de 500 millions actuellement. On estime ainsi qu’il y aura 600 millions d’abonnés en 2016. Le montant total cumulé des investissements en téléphonie fixe et mobile devrait passer de 78,8 milliards de dollars en 2008 à 145,8 milliards de dollars d’ici 2015. Les 47 pays d’Afrique subsaharienne comptent 830 millions de personnes. Selon l’Union internationale des télécommunications, il y a aujourd’hui 45 fois plus de numéros mobiles en service que de lignes fixes installées (545 millions contre 12 millions).  Néanmoins, des écarts importants subsistent. Entre les 123% de l’Afrique du Sud et les 50% de la Tanzanie, on trouve des pays comme le Ghana ou le Sénégal où 80% de la population possèdent un mobile.

 

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