Publié le 17 Dec 2013 - 19:12
MODOU DIAGNE FADA (PDT GROUPE PARLEMENTAIRE PDS)

«Il est temps de décrisper la situation» 

 

Dans cette première partie d'interview, l'ancien ministre de l'Environnement appelle le gouvernement à prendre en charge les conditions d'un dialogue politique large avec l'opposition.

 

Des responsables libéraux, en l’occurrence Abdoul Aziz Diop et Aïda Ndiongue, ont été placés en garde-à-vue dans le cadre du plan Jaxaay. Quelle est votre réaction ?

C’est regrettable que notre frère Abdoul Aziz Diop et notre sœur Aïda Diongue soient détenus au niveau de la gendarmerie durant ce week-end. Ils sont encore en garde-à-vue ; nous espérons qu’ils ne seront pas déférés devant le parquet. Selon nos informations, on était  en train de chercher des preuves ; c’est-à-dire des pelles, des brouettes livrées mais stockées quelque part. Donc, on peut espérer que si les enquêteurs trouvent la totalité du marché mis en cause, ils bénéficieront d’une libération. Maintenant, tout sera clair lundi. (L’entretien a été réalisé le lendemain : NDRL).

(…) Vous pensez qu’il y a du parti pris ?

Manifestement, ceux qui rendent compte, je ne dis pas tous, - il y a des gens qui ont fait la prison et qui n’étaient plus du PDS - de façon générale, ce sont les militants du PDS qu’on convoque, qu’on intimide.

Mais vous êtes épargné, alors que vous avez eu à gérer  des deniers publics…

Je ne suis pas le seul épargné. Il y en a d’autres.

Pourquoi vous n’êtes pas menacé ? 

Je ne souhaite pas être menacé. Il n'y a aucun responsable ou militant qui souhaite que Fada soit menacé. Je ne le suis pas et je remercie le Tout-Puissant de m’avoir épargné de cette situation.

Est-ce à dire que vous êtes exempt de reproches ? 

J’ai toujours essayé de gérer dans la transparence en respectant autant que faire se peut les procédures édictées et en me limitant aux prérogatives qui étaient les miennes. Encore une fois, je n’étais pas seul dans ce lot. Il y avait une cinquantaine de ministres de Wade qui ne sont pas encore inquiétés. Pour ceux qui sont inquiétés, je crois à ce qu’ils me disent : ils sont blancs comme neige ; ils n’ont rien à se reprocher.

Je rappelle que jusqu’au moment où je vous parle, aucun de mes frères et sœurs de parti n’a encore fait l’objet de condamnation. Dans cette opération de traque des biens supposés acquis, il ne faut pas que l’on oublie la présomption d’innocence. Le fait d’être détenu à Rebeuss ne veut pas dire qu’on est coupable.

Au regard des couacs notés dans le cadre de la traque, est-ce que vous pensez que le régime ira jusqu’au bout ?

Je ne sais pas qu’elle est la position du régime. Est-ce qu’il ira jusqu’au bout ? En tout cas, mon souhait est que nous devons revenir à la situation normale.

C’est-à-dire ?

Nous devons décrisper la situation, apaiser le climat qui me semble assez tendu entre l’opposition et le pouvoir, entre le pouvoir et d’autres secteurs du pays. Il faudra que tout le monde apporte sa contribution à la construction du pays, il faut que cette affaire-là connaisse le plus rapidement possible une fin.

C’est ce qui mettra davantage à l’aise le gouvernement, pour mieux s’occuper des préoccupations auxquelles il est confronté ; c’est-à-dire l’emploi, l’éducation, les inondations, les prix de denrées de première nécessité, les factures d’électricité. On a suffisamment fait du bruit autour de la traque des biens mal acquis, le moment est venu de fermer cette parenthèse et de se concentrer sur l’essentiel.

Il ne faut pas installer le pays dans un cercle vicieux où à chaque fois que des gens perdent le pouvoir, on cherche à les intimider ou à les emprisonner. A la longue, cela va nous ramener à la case de départ. C’est-à-dire voir des chefs d’Etat qui refusent de lâcher le pouvoir après des élections.

Vous êtes apparemment en phase avec le coordonnateur du PDS Oumar Sarr qui s’est dit favorable à un gouvernement d’union nationale sous condition

Non ! Je ne suis pas en phase avec notre coordonnateur national sur cette déclaration, et surtout sur la forme, même si, après l’avoir entendu personnellement, j’ai bien compris que cette déclaration a été sortie de son contexte.  Et quand on sort une déclaration de son contexte, ça prend un tout autre sens.

Ce n’est pas ce qu’il a voulu dire qui est important, mais c’est la perception  que les Sénégalais en ont eu qui est regrettable. Le PDS est pour le dialogue. Nous avons toujours dit que même au pouvoir, nous n’allons pas gouverner seul. Et nous l’avons fait, quand nous étions aux affaires. Il nous a même été donné l’occasion de participer à deux reprises au gouvernement de Diouf. L’intérêt du PDS, c’est celui du Sénégal.

Quelles sont les conditions de ce dialogue ?

Ce dialogue ne doit pas venir de l’opposition. Ce n’est pas à nous d’appeler à un gouvernement d’union nationale ou de majorité présidentielle élargie, mais le pouvoir qui doit mettre toutes les formes requises. Aller au dialogue ne veut pas dire rejoindre le gouvernement. Dans une démocratie comme la nôtre, le dialogue doit être permanent entre l’opposition et le pouvoir.

On doit discuter autour de questions fondamentales qui déterminent l’avenir de la Nation ; notamment la concorde nationale, la crise casamançaise, le chômage des jeunes, la crise scolaire, la santé, l’armée. Au cas contraire, il sera extrêmement difficile de bâtir des consensus forts.

Mais votre boycott des concertations sur l’acte 3 de la décentralisation n'est-il pas un obstacle à ce dialogue politique ?   

D’abord, le PDS est contre tout report des élections. Si l’Etat veut aller dans ce sens, il doit proroger le mandat des élus. Cette décision ne lui appartient pas, mais elle revient au peuple à travers ses représentants. Quelle que soit la situation, nous devons aller vers un dialogue. Le PDS est contre la politique de la chaise vide. Tout le monde le sait.

Ce qui a été organisé n’était pas un dialogue, mais des concertations auxquelles le PDS était convié. Nous devions partager la table avec une centaine de partis devant le chef de l’Etat et chacun va peut-être, donner son avis. Quand on parle de dialogue, c’est entre deux personnes. Entre le président de la République et le chef de l’opposition, entre l’APR et le PDS. (A suivre)

PAR DAOUDA GBAYA

 

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