Moustapha Niasse mijote sa sortie

Chose rare dans la classe politique sénégalaise, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse a décidé de se mettre en retrait du secrétariat général de son parti d’ici quelques mois, a-t-on appris hier, alors que ses sympathisants ont célébré le même jour le 16ème anniversaire de son appel de 1999 marquant sa rupture avec le Ps et le lancement de l’Alliance des forces de progrès.
Selon plusieurs de ses proches, l’actuelle deuxième personnalité de l’Etat dans l’ordre protocolaire leur a confié son désir de se désengager de la gestion au quotidien de sa formation politique dont il pourrait devenir le président d’honneur. A 76 ans, Moustapha Niasse s’inscrit dans la même dynamique que son mentor en politique, le président Léopold Sédar Senghor, qui a volontairement quitté le pouvoir à l’âge de 74 hivernages en 1980. ‘’Il est décidé à franchir le pas’’, a confié un de ses conseillers qui explique que ‘’la transition’’ à la tête du parti pourrait prendre des mois ; ‘’la personnalité ou l’équipe qui devrait lui succéder à la tête de l’Afp va faire l’objet d’un consensus le plus large possible car il y va de la survie même de l’Afp quand on connaît son charisme et son coefficient personnel auprès des militants d’abord et des Sénégalais ensuite’’, a-t-il ajouté.
Et la présidence de l’Assemblée nationale ? ‘’Se retirer ne signifie pas toujours partir’’, a répondu notre source. En termes clairs, il est fort probable que ce changement à la tête de l’Afp, si le projet aboutit, ne modifiera pas les alliances au sommet, avec l’Apr du président Macky Sall en particulier. Il y a quelques mois, Moustapha Niasse, par deux fois Premier ministre (1983 et 2000), trois fois candidat à la présidentielle, avait annoncé qu’il ne briguerait plus la magistrature suprême, portant son choix sur le président Macky Sall pour cette échéance. Cette décision avait provoqué une levée de boucliers au sein du parti, en particulier de son ancien numéro deux, Malick Gackou, finalement exclu, représentatif de cette importante frange jeune de l’Afp qui ne pouvait se reconnaître dans cette option. Ils ont récemment fondé le Grand parti.
Des députés ont inscrit à l’ordre du jour du Parlement il y a quelques jours l’abrogation de la loi Sada Ndiaye qui fixe à un an renouvelable le mandat du président de l’Assemblée nationale. Ils entendent le porter à cinq ans. Cela pourra-t-il le faire changer d’avis ? Peu sûr, ses proches le disent ‘’déterminé’’.
Mame Talla Diaw