L’Appel de Seydina Limamou Laye célébré hier a été le théâtre de deux événements qui occupent toujours les discussions à Diamalaye. Deux  apparitions particulières, une ferveur populaire, des transes à la pelle..., célébration n’avait été aussi tumultueuse depuis longtemps.

Les  fidèles layènes qui ont assisté au yoor-yooru Diamalaye hier, qui célèbre l’Appel proprement dit, n’y sont pas allés par quatre chemins. ‘‘Miracle’’ était le maître-mot scandé de la bouche de jeunes hommes survoltés et surtout de femmes en syncope. Juste avant onze heures, la place Diamalaye, noir d’un monde tout de blanc vêtu, a vu son attention dévier du présidium vers la gauche, sur l’Océan Atlantique. Des ‘‘gros poissons’’ pour les plus modérés, des ‘‘dauphins qui ont fait des plongeons’’, selon les plus affirmatifs, ont tenu en haleine pendant près d’un quart-d’heure la place avant l’arrivée des dignitaires de la famille. ‘‘Les dauphins sont revenus trois ans après’’, répète inlassablement une femme qui se roule par terre, avant l’intervention de quatre secouristes de la Croix-Rouge qui ont eu un mal fou à la maîtriser.

Calme plat et attente de l’arrivée des membres de la famille. Après un léger répit, un autre raffut. Alors que le maître de cérémonie venait donner les bénédictions à dire pour commencer le discours d’usage, le silence déjà précaire a été de nouveau perturbé. Au milieu de la place bâchée, dans les rangées des femmes, les écharpes et voiles blanc sont lancés en l’air. ‘‘Il est là, il est là. Mame Seydi feeñu nañu’’, s’écrient beaucoup d’entre elles qui tombent systématiquement en transe. Pour ces fidèles, pas de doute. C’est le fils aîné du fondateur de la confrérie, Seydina Issa Laye, qui apparaît simultanément à plusieurs endroits. Aussitôt un effet boule de neige s’est propagé à une vitesse-éclair. Un autre groupe de femmes situé un peu plus loin se livre à la même manifestation. Les foulards sont lancés pour toucher l’endroit exact de l’apparition.

La cérémonie du ‘‘yoor-yoor’’ qui était sur le point de commencer était sur le point de dégénérer. Sapeurs-pompiers, éléments de la Croix-Rouge, Éclaireurs du Sénégal, essaient de se frayer un chemin dans cette foule compacte où la personne d’à côté risquait de tomber en syncope à tout moment. Le premier khalife de la confrérie, Seydina Issa Laye, a été aperçu selon certains fidèles sur le fond bleu des tentes qui couvrent la bâche. Une hystérie collective s’en est suivie avec de jeunes femmes qui tombaient comme des mouches. Dans la tente de la Croix-Rouge, dressée juste derrière le présidium, c’est la soupe à la renverse. Une jeune fille recouvre peu à peu ses esprits sous la supervision d’une des éléments de la Croix-Rouge tandis que les autres arrivent sur un brancard qui repart aussitôt en chercher d’autres.

‘‘N’ayez pas la foi légère’’

Le maître de cérémonie et ses appels au calme assourdissants dans les haut-parleurs ont pratiquement été ignorés. Il aura fallu que le porte-parole de la famille, Mamadou Lamine Laye, prenne le micro pour que les groupes de personnes qui s’étaient levées un peu partout dans Diamalaye s’assoient par terre. ‘‘Vous êtes à la demeure de Seydina Limamou. Cette manifestation hors du commun n’est pas une première chez les Layènes. Calmez-vous et invoquez Dieu’’, a-t-il déclaré. Un rappel à l’ordre qui a mis fin à un brouhaha de presque trois quarts d’heure.

OUSMANE LAYE DIOP